Sur l’EARL Gruel, à Châteaugiron, le ratio coût alimentaire/produit n’est que de 18%, alors que la moyenne CER sur l’Ille-et-Vilaine se situe à 31%. Les activateurs d’humus utilisés sur l’exploitation et les prairies multiespèces contribuent à l’obtention de fourrages sains et équilibrés.
Sur 62 ha, Marcel Gruel produit aujourd’hui 380 000 L de lait. Les 57 vaches laitières disposent de 19 ha accessibles en pâturage, et les génisses de 16 ha. Progressivement la surface en herbe a augmenté sur l’exploitation, occupant aujourd’hui 37 ha, complétés par des dérobées de RGI-trèfle incarnat après céréales. Le producteur cultive du blé et aussi du maïs. Depuis 16 ans, il utilise le concept Sobac qui contribue à ses objectifs d’autonomie et de maîtrise des charges, tout en intensifiant l’herbe. A 1,70 UGB/ha, le chargement est supérieur à la moyenne.
[caption id= »attachment_6565″ align= »aligncenter » width= »300″] Les veaux sont élevés sous la mère.[/caption]
Ensemencement à l’automne
Marcel Gruel a commencé à mettre du Bactériosol sur certaines parcelles : un amendement organique qui développe la production rapide d’humus et accroît la fertilité. « Depuis 2005, je l’ai généralisé sur l’ensemble de la SAU. J’ensemence mes parcelles chaque année à l’automne, cela fixe l’azote avant l’hiver », relate l’éleveur qui répand par ailleurs du Bactériolit sur le fumier une fois par jour, dans le couloir avant raclage. Cet additif de compostage améliore la valeur fertilisante des engrais organiques et diminue les pertes par lessivage. « Et il n’y a presque plus d’odeurs : c’est important sur mon exploitation, dont toutes les parcelles sont en contact avec une maison, un hameau ou un lotissement. » Sur les prairies multiespèces pâturées, le producteur ne met plus aucun engrais. « Sur celles qui sont fauchées, j’épands du fumier. J’estime la production sur ces parcelles à 12 t MS/ha. » Alors que le producteur achetait auparavant plus de 20 tonnes d’ammonitrate, l’approvisionnement annuel n’est plus que de 6 tonnes.
Des concentrés réduits
« En 2010, j’ai décidé de prendre un autre virage vers davantage d’autonomie fourragère, en développant les prairies multiespèces et les légumineuses », précise Marcel Gruel. Pendant trois mois au printemps, les vaches ne reçoivent pas de concentré, mangeant de l’herbe pâturée, 3 à 5 kg de maïs ensilage et 500 g de foin. Quand la pousse de l’herbe se calme, le pâturage est remplacé par de l’ensilage d’herbe. En hiver, le menu est constitué pour ½ d’ensilage d’herbe ou d’enrubannage (puis foin), et pour ½ d’ensilage de maïs. Les vaches reçoivent jusqu’à 1,5 kg de correcteur azoté. Alors que la moyenne des coûts de concentrés (CER 35) est de 60 €/1 000 L, sur l’exploitation ils sont restreints à 27 €/1 000 L.
Des sols sains pour des plantes saines
« Des sols sains et des espèces adaptées produisent des fourrages équilibrés contribuant à la santé des animaux », explique Maurice Duault, animateur commercial Sobac. L’éleveur a en parallèle abaissé la production qui est passée de 10 000 à 7 000 kg/VL aujourd’hui, « pour réduire la pression sur l’animal. » Là aussi, les chiffres parlent : 26 €/VL en frais véto alors que la moyenne de son groupe est située à 93, les frais d’élevage et de reproduction sont également bien inférieurs (117 €/VL contre 181). « Les antibiotiques pour les mammites : c’est sur visite du vétérinaire, jamais en systématique. Je ne vermifuge que s’il y a de la toux. Pendant 10 mois, je n’ai pas vu le vétérinaire. » Autre particularité sur l’exploitation : les réformes sont finies à l’herbe, et les veaux sont élevés sous la mère. Chez le producteur, le Bactériosol et le Bactériolit représentent un coût de 4 500 € à l’année. Un investissement rapidement rentabilisé selon l’éleveur. La vigilance économique est aussi de mise sur les charges de mécanisation avec la délégation de la quasi totalité des travaux à l’ETA et l’adhésion à une Cuma d’alimentation. Agnès Cussonneau