Pour le vétérinaire Gordie Jones, la vache ne doit passer que 4 h / jour debout et le reste du temps couchée dans un logement confortable.
« Normalement, les vaches ne restent pas en position debout sans rien faire. Elles se lèvent pour se faire traire, boire ou manger. » Pour le vétérinaire Gordie Jones, le temps passé en déplacement, dans l’aire d’attente et en salle de traite ne doit pas excéder 4 heures par jour. « Le reste du temps, elles doivent être couchées. En 2008, une étude a montré qu’une heure couchée en plus par jour, c’est 1,7 L de lait supplémentaire produit… »
Couchée la panse pleine
Mais le spécialiste américain précise aussi la condition sine qua none : « Un animal à la sortie de l’installation de traite ne doit jamais se retrouver sans alimentation à disposition. » Et d’illustrer : « J’ai vu un troupeau en Italie dont la ration sophistiquée avec méthionine, protéines de qualité… ne donnait pas les résultats attendus. En observant le management, j’ai remarqué que la traite débutait à 5 h du matin alors que la personne en charge de l’alimentation ne démarrait qu’à 9 h. Beaucoup de vaches qui sortaient du roto ne trouvaient donc rien à avaler à l’auge avant de regagner leur logette. C’est fondamental, les vaches doivent se coucher la panse pleine… »
Il n’y a pas de secret, la ration doit être « bien équilibrée, bien mélangée et bien consommée. La conception de l’auge est primordiale. Les vaches sont des animaux crépusculaires qui aiment faire les choses en groupe : manger ensemble, se coucher ensemble… » Gordie Jones voit ainsi un « goulot d’étranglement », un facteur limitant, dans beaucoup d’élevages : « Les places à la mangeoire sont souvent pas assez nombreuses par rapport au nombre de vaches. Beaucoup d’animaux n’ont alors pas accès à ce que j’appelle la dernière bouchée, la dernière petite part d’ingestion qui est la plus rentable pour le producteur de lait… »
3 minutes pour se coucher dans la logette
« Le lait est l’absence de stress. Vos animaux doivent bénéficier de beaucoup de confort pour vous le rendre par la production », rappelle-t-il. La vache étant couchée la majeure partie de la journée, sa logette doit être un « endroit où elle a envie de rester une heure de plus. » Pour ce faire, l’animal doit pouvoir adopter les trois attitudes d’un bovin couché : « La position classique, la position recroquevillée ou en boule et la position longue où il peut étirer ses pattes. » Gordie Jones avance plusieurs raisons d’échec de logettes pénalisant les performances d’un élevage. Un support pas assez souple ou rembourré et propose un exercice simple pour faire le test : « Jetez-vous à genoux sur la surface de couchage. Si vous vous ne vous relevez pas, ce n’est pas assez souple pour la vache. » De même, une barre au garrot mal positionnée empêche la vache de pouvoir avancer sa tête vers l’avant pour se relever. « Avec une barre mal réglée, les fraîches vêlées en particulier, toujours un peu affaiblies, ont des difficultés à se mettre debout et risquent davantage de se blesser. »
Le spécialiste pense également que les vaches, héritage de leur destin originel de « proie » avant la domestication, aiment avoir un champ de vision dégagé. « Elles passent moins de temps couchées dans des logettes placées devant un mur. Elles essaient de s’y coucher de travers pour surveiller et finissent par bouser à leur place, synonyme de plus de travail d’entretien et de risque de mammite. » Plus globalement, le vétérinaire propose un autre repère pour évaluer la qualité d’une logette : « Une fois entrée sur la litière, la vache doit s’y coucher dans les trois minutes qui suivent. » Toma Dagorn