Ida Rousselin et Mickaël Lucia, à Remungol, misent sur le pâturage pour baisser le coût de production et préparent un projet de transformation pour augmenter la valorisation du lait.
En 2006, Ida Rousselin s’installe sur une ferme au parcellaire relativement groupé, à Remungol. En 2011, l’installation de son compagnon, ancien comptable dans le milieu agricole, sur la ferme voisine, permet de compléter un ensemble jugé suffisamment cohérent pour atteindre l’objectif fixé par le couple : baisser le coût de production en maximisant le pâturage. Les 72 hectares de l’exploitation actuelle sont accessibles au troupeau de 74 vaches. Actuellement, 25 hectares sont pâturés par les laitières, soit 34 ares/vache. « Nous sommes en train de faire évoluer notre système », indique Mickaël. « Nous souhaitons atteindre 44 ares/vache, en limitant la sole de maïs à 15 hectares en 2015 et en diminuant celle de céréales (22 ha de maïs et 13 ha de blé actuellement) ».
En parallèle, le troupeau moitié Normandes, moitié Holstein, évolue également. Les noires sont croisées avec des taureaux Jersiais et les produits seront inséminés avec des Rouges norvégiens. « L’objectif est d’améliorer les taux et la qualité des caséines du lait. Et de grouper les vêlages, ce qui est difficile avec les Holstein, trop fortes productrices ». Les génisses normandes sont inséminées avec de la semence sexée pour accroître le nombre de femelles de la race. « On essaie simplement d’adapter nos vaches à la ration et non pas l’inverse ». Pour Mickaël, fils d’un sélectionneur Prim’holstein, le croisement de races fut un cap difficile à franchir : « il faut faire le deuil des belles vaches noires et blanches … »
L’exploitation en quelques chiffres
- 487 868 litres produits
- 2 UTH (+ 1 salarié temps partiel)
- 72 hectares
- Chargement : 2,02 UGB/ha
- 114 800 € d’EBE
- Adhésion à une Cuma intégrale (labours, récoltes) et à une Cuma matériel.
- Bâtiment : logettes paillées
Faucher tôt pour favoriser la repousse
Actuellement, le troupeau tourne sur des paddocks de 1,9 hectare, pour 2 jours de pâturage, en moyenne. « Les terres sont moyennement portantes, ce qui retarde un peu la mise à l’herbe mais elles sont très homogènes, profondes, à fort potentiel ». Un apport de 30 unités d’azote/ha est effectué en sortie d’hiver, sur des prairies de RGA-Trèfle blanc. « Nous recherchons de nouvelles associations d’espèces pour des prairies qui vieillissent bien, résistent au piétinement et offrent une meilleure répartition de la pousse d’herbe entre printemps et automne ». Sur la surface réservée au pâturage par les laitières, 17 hectares ont été fauchés à la fin du mois de mai. « L’herbe fauchée a été enrubannée. L’objectif n’est pas de faire du rendement mais de favoriser une repousse qui permet d’avoir une bonne pâture en début d’été. Une avance de 7 jours de pâturage avait été conservée ». Des chemins ont été préalablement aménagés pour l’accès aux parcelles.
Investir dans la transformation pour augmenter la valeur ajoutée
Les éleveurs projettent de créer un laboratoire de transformation. Investir pour augmenter la valeur ajoutée plutôt que d’investir pour augmenter la production. « L’objectif, à terme, est de transformer 60 000 litres de lait par an et de vendre des fromages (tommes) et des desserts lactés. Passer d’une valorisation de 355 €/1000 litres actuellement à 1 500 €/1000 l, hors temps de travail ». Ida Rousselin vient d’achever une formation d’une année au lycée de Pontivy, en transformation du lait. La construction devrait débuter en 2015. En attendant, les éleveurs auto-construisent une salle de traite et poursuivent l’aménagement de chemins d’accès aux pâtures.
251 euros d’EBE aux 1000 litres
Sur les deux années 2012 et 2013, chaque vache a consommé 3 tonnes de matière sèche de maïs dans l’année et 100 grammes de concentré par kilo de lait. La production est de 6 600 litres à 43,8 et 33,8 de TP (487 868 litres produits). « Nous acceptons de traire plus de vaches pour augmenter la valeur ajoutée. Nous ne voulons pas aller chercher les 4 à 5 derniers litres, permis par le potentiel génétique des animaux, qui nécessitent d’augmenter les achats de concentrés ». La marge brute est de 318 €/1000 l vendus (stable sur ces deux années) et l’EBE est de 251 €/1000 litres vendus. Bernard Laurent