Les marges appliquées par les enseignes de la grande distribution sur les pommes de terre primeur bloquent le marché. Les producteurs attendent que le discours tenu par les GMS à la préfecture de Saint-Brieuc ce lundi soient suivis des faits, sinon ça risque de bouger dans les jours qui viennent.
Les pommes de terre primeur ont beaucoup de mal à se vendre en ce moment. « La situation est plus que critique », selon Prince de Bretagne. Les deux principales raisons : la concurrence des pommes de terre de consommation stockées en frigo depuis la récolte de 2013 et les prix prohibitifs des primeurs dans les grandes surfaces.
La concurrence des pommes de terre de consommation
Lundi 7 juillet, M. Soubelet, préfet des Côtes d’Armor, M. Guton, de la Draaf, et M. Fallon, de la DDTM, ont reçu les représentants des organisation agricoles et des représentants régionaux de la grande distribution à la préfecture de Saint-Brieuc afin d’échanger sur le problème d’écoulement des pommes de terre nouvelles. « Seuls Carrefour et Leclerc étaient représentés lors de la réunion, les autres n’ont pas daigné se déplacer », s’indigne Didier Lucas, président de la FDSEA 22. Les stocks encore importants de pommes de terre de conservation récoltées en 2013 concurrencent clairement les primeurs et faute de volumes vendus elles restent au champ. « Les pommes de terre ne peuvent pas rester dans les champs trop longtemps car ça entraîne des retards pour les plantations de choux qui doivent suivre », ajoute Didier Lucas. Il pointe du doigt les GMS qui, il y a quelques semaines, commercialisaient les primeurs à 2,50 voire 3 €/kg alors que le prix payé au producteur n’était que de 0,25 €/kg. « De plus à côté de ces primeurs reconnues pour leurs qualités gustatives et nutritionnelles, le consommateur retrouve les pommes de terre de consommation au prix de 0,15 €/kg. »
La situation doit se débloquer rapidement, sinon…
Les producteurs mettent la pression sur les enseignes de la grande distribution depuis 2 semaines environ. « Chez certains les prix sont passés de 2,50 €/kg à 0,60 €/kg. C’est dommage d’être obligé d’en arriver là pour qu’ils baissent leurs marges », souligne le président de la FDSEA 22. À la sortie de la réunion avec le préfet, Hervé Conan, président de la section légumes à la FDSEA confiait : « On ne peut que reprocher à la grande distribution d’avoir trop tardé à mieux caler ses prix. Cela dit, les enseignes présentes (Carrefour et Leclerc) et les services de l’état répondent qu’ils vont tout faire jusqu’au 15 août pour mettre en avant la production de pommes de terre primeur et favoriser les ventes. » En espérant que les enseignes, qui n’ont pas assisté à la réunion à la préfecture, acceptent de réaliser aussi des efforts. Et Hervé Conan de mettre en garde les GMS : « On se laisse quelques jours pour observer si le discours est suivi des faits sinon nous serons obligés de bouger… » Nicolas Goualan