Un investissement à haut risque. C’est ce que représente l’innovation dans le secteur des antibiotiques : législation qui évolue, molécules critiques, taille du marché, moyens financiers…
« Le marché vétérinaire est limité en taille et risqué en terme de développement. Le risque est d’investir dans une molécule qui sera classée “critique”. Elle peut, dès sa sortie, être interdite ou utilisée avec trop de contraintes, ce qui limitera sa diffusion », indique Marc Henninger, du SIMV (Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire). La réglementation évolue rapidement ; les industriels manquent de visibilité, dans un secteur où le développement de nouveaux produits demande du temps et d’importants moyens financiers. Même si un nouvel antibiotique est efficace, la notion d’écotoxicité peut entraîner un refus d’Autorisation de mise sur le marché (AMM). « Les données de sécurité pour les consommateurs (résidus dans les viandes) sont très coûteuses ».
Allonger la durée des brevets
Selon le chercheur, l’innovation devrait être mieux protégée « en allongeant la durée des brevets actuels et en protégeant l’innovation non brevetable, qui ne fait l’objet que d’une AMM ». Les évaluations devraient évoluer en appréhendant le ratio bénéfice/risque. Des efforts de pédagogie doivent être entrepris pour informer la population. « L’innovation doit être comprise par le grand public qui accepte de plus en plus difficilement les nouveaux intrants ».
Des alternatives aux antibiotiques doivent également être développées. « La recherche travaille sur les vaccins mais aussi sur les associations entre anti-inflammatoires et antibiotiques, par exemple, pour limiter leur consommation. Des avancées sont attendues dans le domaine des antibactériens, des bactériophages, des peptides anti-microbiens, des probiotiques et des immunodépresseurs ». L’objectif de réduction de 25 % dans le monde animal (plan EcoAntibio) sera atteint, selon le chercheur. « Pas par la réduction du cheptel, mais par l’évolution des pratiques. Attention, il y a un stade où on ne pourra plus réduire ». Du moins sans avancée de la science… Bernard Laurent