Les Côtes d’Armor sont le 1er département à signer un convention pour limiter les vols dans les exploitations. La diffusion d’informations rapides par mail et SMS aux agriculteurs est au cœur du dispositif.
« Nous avons observé une augmentation des faits d’environ 4 % en 2013 et une tendance du même ordre sur le premier semestre 2014 », note Pierre Soubelet, préfet des Côtes d’Armor à propos des cambriolages à l’encontre du monde agricole. « Dans ce contexte de croissance légère, il était important de développer un volet agricole spécifique à la lutte contre la délinquance. » Cette volonté s’est donc concrétisée le 28 juillet, à Saint-Brieuc, par la signature d’une convention pour lutter contre les vols dans les exploitations.
Des milliers d’euros volés en quelques minutes
La délinquance dans les exploitations a pris une telle ampleur dans certains départements français que les services de la Gendarmerie mènent désormais des extractions statistiques spécifiques au monde agricole. « Même si le phénomène est encore très relatif en Bretagne par rapport à d’autres zones où sévissent des réseaux organisés qui recèlent ensuite dans l’Est de l’Europe, les faits portés à notre connaissance augmentent, précise le colonel Leclercq, à la tête du groupement de Gendarmerie départemental. Il est donc important de favoriser la collaboration avec les agriculteurs pour faciliter nos enquêtes et développer information et prévention. » Le préfet Soubelet soulignant « la facilité de s’introduire sur les exploitations, vastes et isolées » ainsi que le « manque de culture sécuritaire des agriculteurs longtemps épargnés par ce problème. » Et Olivier Allain, président de la Chambre d’agriculture, d’abonder quant à la vulnérabilité des structures : « Des sites ouverts où sont stockés de 2 000 à 5 000 L de carburant. À 0,80 € le litre, une cuve vidée en quelques minutes représente un butin de plusieurs milliers d’euros. Même chose quand on additionne petit matériel et outillage. Poste à soudure, perceuse, tronçonneuse, nettoyeur haute-pression… Pour les victimes, c’est à la fois coûteux et traumatisant. »
Un vol, une tentative, du repérage… Appeler le 17
La convention prévoit la nomination d’un référent sûreté départemental qui suivra le dossier agricole et pourra apporter du conseil. Mais les représentants des forces de l’ordre soulignent aussi la nécessité de signaler davantage les faits. « Dès qu’un exploitant est victime d’un vol ou simplement d’une tentative, qu’il observe quelqu’un qui paraît faire du repérage, il doit composer le 17 », rappelle la capitaine Roussel. Cet appel pourra déclencher la procédure prévue par la convention : la diffusion rapide aux adhérents, par mail via la Chambre et par SMS via la FDSEA et JA, d’informations invitant à ouvrir l’œil : « Le message de vigilance renseignera sur la zone concernée, sur les date et horaire, au plus près des faits. Et des précisions succinctes sur le mode opératoire, par exemple sur le type de cibles. Mais bien sûr, aucun élément d’enquête. »
Une signalétique spécifique dans les exploitations
Le préfet Soubelet a souligné l’importance de l’article 6 de la convention qui prévoit la possibilité pour toute exploitation adhérente d’afficher de la signalétique à caractère dissuasif type « membre d’un réseau d’alerte rapide » sur ses sites.
Alerter les agriculteurs en moins d’une heure
Le commissaire Nicolas Guerrand croit en « cette manœuvre en temps réel. » Alors qu’un round-baller a été dérobé il y a quelques semaines dans le département, il explique « qu’à chaque fois qu’il y a de la réactivité et de la coordination entre les services, et désormais avec les agriculteurs, nous obtenons des résultats. Ainsi, le vol d’un tracteur ou d’un gros matériel nécessite des moyens. Plus vite, nous sommes alertés, meilleures sont nos chances de le retrouver par exemple en filtrant les routes. » Grâce à cette organisation renforcée, il croit en « l’effet plumeau » qui repoussera les délinquants, mis en difficulté, hors de la région. Et Didier Lucas, président de la FDSEA, de se féliciter du système d’alerte rapide, qui permet de prévenir les exploitants de communes concernées en 45 minutes. Toma Dagorn