La CR Bretagne demande une réorganisation de l’agriculture bretonne afin de peser dans les négociations avec la grande distribution. Ils pointent aussi les difficultés rencontrées dans toutes les productions agricoles.
« Il faut que l’agriculture bretonne se réorganise. Pour nous, l’objectif est d’arriver à une seule organisation de producteurs dans chaque production. C’est la seule solution pour avoir du poids pour négocier les prix avec la grande distribution. Car en face de nous il y a les plus grands bandits d’Europe et je dirais même que le plus gros est breton », lance Jean-Michel Favennec, président de la Coordination Rurale Bretagne, lors de la réunion de rentrée syndicale qui s’est tenue mardi 9 septembre à Loudéac (22).
Toujours une surcapacité d’abattage en porc
Le président de la CR est inquiet lorsqu’il voit que toutes les productions sont en difficulté en ce moment. « On sent que les choses sont en suspens et j’ai bien peur que ça explose après le Space. » La filière porcine est particulièrement touchée, le nombre de porcs produits en Bretagne ne cesse de baisser. L’emploi se retrouve directement impacté puisqu’il y a une surcapacité d’abattage ce qui a entraîné la fermeture de l’abattoir de Lampaul-Guimiliau (29) et le licenciement de presque 900 salariés. « En ce moment le dossier chaud est l’avenir de l’abattoir Gad à Josselin (56). Nous sommes toujours en surcapacité d’abattage et Intermarché souhaite reprendre cet outil industriel. Si ce n’est pas Josselin qui ferme ça sera 1 ou 2 autres abattoirs, le problème reste entier. Le secteur de l’abattage doit urgemment se restructurer afin de combler son manque de compétitivité. »
Réorienter Tilly pour approvisionner le marché français
Le syndicat pointe du doigt le prix du lait payé aux producteurs français qui est inférieur de 50 €/1 000 L par rapport aux Pays-Bas depuis juin 2013. « Pour un quota de 400 000 L c’est une perte nette de 30 000 € pour le producteur. Malgré un prix du lait supérieur à l’an dernier, les trésoreries restent tendues. On devrait être à 400 € pour 1 000 L depuis le début de l’année et pas seulement durant l’été. »
Jocelyn Joncour, animateur CR Bretagne fait état de la filière volaille : « les chiffres FranceAgrimer montrent que les éleveurs français sont aussi compétitifs que les brésiliens mais ce sont les charges d’abattage qui pénalisent l’export. Cette bataille est perdue d’avance, il faut changer de débouchés pour préserver les outils de production. »
Jean-Michel Favennec cite l’exemple de Tilly-Sabco à Guerlesquin (29) qui devrait être réorienté pour valoriser du poulet sur le marché français. L’objectif étant d’approvisionner la restauration hors foyer qui utilise 87 % de viande étrangère ou des transformateurs comme Farmor à Saint-Agathon (22) qui utilise à peine 10 % de volaille française dans ses préparations. Nicolas Goualan