Au Gaec de la Sapinière, la « fourragère la plus riche en protéines » a séduit. Ce mois-ci, les associés sèment une nouvelle luzernière et ouvrent leur porte mardi pour en parler.
Le Gaec de la Sapinière à Bourbriac a implanté 3,30 ha de luzerne en 2010. Les trois premières années, le fourrage a été enrubanné. « Nous ne voulions pas débâcher et rebâcher le silo à chacune des coupes. » Mais en 2014 , les associés ont changé leur fusil d’épaule : « Tout est bien tombé. Nous avons opéré une fauche simultanée de l’herbe et de la luzerne, à la mi-mai et à la mi-juin. »
La luzerne sous l’herbe dans le silo sandwich
Cela a permis d’associer les deux types de fourrages dans un seul et même tas. « Il faut simplement veiller à placer l’herbe au-dessus de la luzerne, sans ça les tiges de cette dernière percent la bâche. » L’idée est également de rationnaliser le travail : un seul silo simplifie le remplissage de la mélangeuse. « Et surtout, l’incorporation de la luzerne enrubannée réclamait de laisser tourner le bol pendant 15 minutes chaque jour pour bien couper les fibres. Grâce à l’ensilage, nous allons gagner du temps et économiser du fuel. »
Ce mois-ci, une nouvelle luzernière de 3,7 ha va être implantée. « Mais pas en pure comme la 1re fois, précise Jacques Conan. Nous allons ajouter 10 % de graminée, de la fétuque, qui va éviter à la culture de se salir en hiver et un peu de trèfle violet pour boucher les trous éventuels. Et je n’hésiterai pas à m’arrêter tous les 30 ares pour remélanger les graines et assurer une répartition homogène des espèces. » La variété de luzerne Timballe, « à l’épaisseur de tige moyenne », va être abandonnée pour tester une autre référence, « même s’il y a très peu de refus à l’auge. »
La luzerne en vert grâce à la presse
Cet été, pour repousser l’ouverture du silo, Jacques a parfois récolté une botte de luzerne grâce à la presse à balle ronde pour l’apporter en vert dans la ration. Les vaches adorent. Il pense aujourd’hui à investir dans une petite autochargeuse pour ramasser une partie de la repousse d’automne.
Inoculer dans le noir, semer la nuit
Pour Jacques, qui « déteste rater une culture, d’autant que la semence est assez onéreuse », le semis est un moment crucial. Il s’est d’ailleurs beaucoup renseigné, notamment auprès d’anciens bien au fait. Il a aujourd’hui son protocole. Deux ou trois heures avant de se lancer avec le semoir, dans un local sombre, il mélange la semence avec l’inoculum (ces bactéries vont ensuite fixer l’azote gazeux du sol au profit de la plante). « On obtient une pâte que je recouvre d’une bâche. On se demande comment les graines vont absorber autant d’humidité. Mais quand c’est l’heure de remplir les trémies, la semence a tout bu. » Il ajoute : « Il faut semer la nuit, après que la pleine lune est passée. Les graines de luzerne ne doivent pas voir les ultra-violets de la lune. Derrière, il faut aussi un passage de rouleau. » Ensuite, pour savoir si la culture a trouvé ses marques, il suffit « d’observer s’il y a des petites boules sur les racines qui rappellent le chiendent. » Ces nodosités sont la preuve que la symbiose entre les bactéries de l’inoculum et la luzerne s’est mise en place. Ensuite, pour l’entretien, l’éleveur a recours à « un passage de herse étrille après chaque coupe et un traitement anti-dicotylédones par an. » Enfin, pour la récolte, andainage et fanage ont lieu tôt le matin, avec la rosée. « Dès que des particules commencent à voler, il faut arrêter. » Dernier conseil : « Pour ensiler herbe et luzerne en même temps, il faut penser à faucher la luzernière un jour plus tôt… » Toma Dagorn
Porte ouverte
Mardi 30 septembre, dès 14 h au Gaec de la Sapinière (165 ha, 3 UTH, 630 000L de lait produit, 87 laitières), lieu-dit Kerranflec’h à Bourbriac. Organisé par le Smega. Infos : 02 96 58 29 78.