En 20 ans, les races ont progressé rapidement en niveau génétique laitier. A l’avenir, la Normande va garder le rythme, Pie Rouge et Montbéliarde devraient ralentir.
Même si les lactations sont aujourd’hui plus longues de 37 jours (de 288 à 325 jours en 20 ans), c’est principalement le progrès génétique qui explique la différence de production par lactation entre les vaches normandes de 2013 et celles de 1993. L’influence de la conduite des élevages (alimentation…) et de leur environnement, appréciées par l’effet troupeau, est devenue moins favorable à la quantité de lait en 2013 qu’au début des années 1990, et pourtant les performances contrôlées des vaches continuent de progresser pour atteindre aujourd’hui 6 412 kg par lactation (5 074 kg en 1993).
La richesse en protéines du lait s’est élevée en 20 ans de 1,3 %o, et correspond au progrès génétique. En revanche, on voit maintenant le taux butyreux (TB) contrôlé baisser, suivant son évolution génétique. La mauvaise année 2013 au plan climatique marque encore plus cette baisse. Dans les toutes prochaines années, le progrès laitier devrait se maintenir autour de 60 kg / an. Le niveau génétique du taux protéique (TP) des troupeaux pourrait se stabiliser après une longue période de progrès modeste mais régulier. Pour le TB, on attend aussi un maintien de la situation, par le résultat du rassemblement de générations successives de femelles, issues d’abord de taureaux en retrait pour le TB, ensuite filles de reproducteurs plus favorables pour ce caractère.
Le niveau génétique taux de la Pie Rouge va grimper
Quant aux Pie Rouge, elles produisaient en 1993 presque 2 000 kg de moins que celles qui sont contrôlées aujourd’hui : 5 738 contre 7 673 kg en 2013. Celles-ci sont certes différentes, avec une part de gènes holstein plus importante, qui a permis avec la sélection une augmentation du niveau génétique laitier de la race de plus de 1 200 kg de lait en 20 ans. Les effets troupeaux lait traduisent des systèmes plus productifs qu’il y a 20 ans. Le TP progresse légèrement depuis 10 ans, au rythme de son évolution génétique (+ 0,4 %o). Pour le TB, ce sont plutôt des conditions de production qui ont favorisé l’augmentation de la richesse en matière grasse du lait au cours de la décennie 2000, puisque le niveau génétique d’abord en légère décroissance s’est ensuite stabilisé. Après une période de progrès laitier à raison de 50-60 kg / an, le rythme devrait ralentir (30 kg / an) dans les prochaines années. Une hausse continue du niveau génétique TP est attendue à l’horizon 2017, en même temps qu’un redressement sensible du TB.
Du bilan aux prévisions
Pascale Le Mézec et Amandine Launay de l’Institut de l’élevage viennent de publier l’étude « Évolution génétique et phénotypique 1993-2013 – Prévision d’évolution génétique 2013 – 2019 ». À l’horizon 2019, pour la plupart des races bovines, les deux spécialistes prévoient notamment un ralentissement du progrès génétique laitier. Après la Prim’Holstein la semaine dernière, voici (ci-dessus) les conclusions de l’étude sur les robes rouges de nos campagnes.
Le potentiel TP a moins progressé en Montbéliarde
En 2013, les vaches du troupeau national montbéliard produisent 1 170 kg de plus que 20 ans auparavant (passant de 5 693 kg à 6 861 kg), pour une durée de lactation un peu plus longue : 287 jours en 1993, 314 aujourd’hui. Sur les cinq dernières années, l’augmentation de la production par vache au Contrôle Laitier correspond globalement à l’élévation du niveau génétique laitier du troupeau, même si l’on constate au travers de l’effet troupeau que les conditions de production sont variables selon les campagnes avec en particulier le mauvais début de l’année 2013.
La richesse du lait a peu évolué en 20 ans. Le TB paraît cependant en légère baisse au plan génétique, au contraire du TP. Paradoxalement, et peut-être parce qu’elles étaient déjà bien avancées dans leur spécialité, ce sont les races à vocation fromagère (Montbéliarde, Abondance et Tarentaise) qui connaissent le progrès le plus modeste de leur niveau génétique et de leur performance au Contrôle laitier pour le TP. A l’avenir, le progrès génétique laitier pourrait ralentir, et son rythme annuel passer de 70 à 40 kg après 2014. Au contraire, un frémissement s’annonce pour l’évolution génétique de la richesse en protéines, puisque les choix de taureaux ces dernières années montrent un nouvel intérêt pour le TP. Suite à l’utilisation de taureaux moins forts en index TB de 2004 à 2008, le niveau génétique des femelles en lactation devrait diminuer, puis se redresser avec les toutes dernières générations de femelles nées de taureaux améliorant ce caractère (lA depuis 2010).