L’impact, en France, de l’introduction du virus de la DEP (diarrhée endémique porcine) est potentiellement important. La réactivité de tous les acteurs de la filière pour sa détection sera déterminante.
Plus de 8 000 élevages touchés et 8 millions de porcs décédés. C’est le terrible bilan de la propagation du virus de la DEP aux États-Unis. En une année environ, avec un pic l’hiver dernier. Le Canada, grâce à des mesures drastiques de biosécurité a bien contenu l’expansion du virus sur son territoire. Mais l’Amérique du Nord n’est pas la seule région atteinte. Le Mexique voisin a déclaré 83 foyers d’infection. La République Dominicaine comptabilise 17 élevages touchés. De l’autre côté du Pacifique, le virus sévit également.
[caption id= »attachment_5563″ align= »aligncenter » width= »300″] Nombre de cas DEP aux USA.[/caption]
Au Japon, après une absence de 7 ans, plus de 600 cas ont été répertoriés. La Corée du Sud, le Vietnam et la Chine ne sont pas épargnées. Et pour cause, les souches hautement virulentes auraient été introduites de la Chine vers les USA, en 2013. « Le virus peut circuler à bas bruit », explique Béatrice Grasland, de l’Anses de Ploufragan–Plouzané, intervenante au Space. L’Europe peut-elle être longtemps épargnée ? La réponse est non. L’Allemagne, comme nous vous le révélions dans notre édition précédente, est atteinte. Quatre foyers déclarés, à ce jour. Combien en réalité ? « La maladie est dans la liste des dangers sanitaires de 1re génération en France rendant obligatoire la déclaration de tous cas de DEP. Ce n’est pas le cas en Allemagne ». La souche serait moins virulente, compte tenu du peu de mortalité enregistrée dans ces quatre élevages. Il n’empêche, une cousine moins complaisante est peut-être aux portes de nos élevages et « la dose infectante minimale est très faible », prévient la spécialiste.
Abattage des élevages positifs ?
Des études américaines ont montré que la survie du virus est supérieure à 28 jours dans un lisier à une température comprise entre 4°C et moins 20°C. Il préfère un aliment humide à un aliment sec et se propage dans l’eau pendant au moins une semaine. Beaucoup de désinfectants sont efficaces. La voie alimentaire peut être une source d’infection (via le plasma ? ), mais n’est pas la seule. « La probabilité d’introduction du virus est élevée par la voie de transferts de porcs vivants, de matériel, de véhicules, de semence, d’embryons, d’engrais organiques ou encore par l’homme ». Selon des chercheurs de l’Université du Minnesota, le virus pourrait aussi se propager par l’air. La propagation est conditionnée par la distance géographique. Le risque d’être infecté en fonction de la distance du plus proche élevage positif est connu, grâce à des études réalisées en Caroline du Nord. « À moins de 1,6 km, le risque est multiplié par 8. À moins de 3 km, le risque est multiplié par 6. À 5 km, il n’y a pas d’augmentation du risque. La taille du troupeau n’est pas associée significativement avec le risque DEP ».
Sur un petit territoire dense comme la Bretagne, la probabilité de transmission rapide est élevée. Les mesures de gestion de la maladie sont primordiales. « Le délai de réaction doit être court, notamment la restriction de mouvements et l’instauration de règles de biosécurité externes drastiques. L’abattage semble avoir l’impact le plus important ». Aucun vaccin n’est disponible actuellement en France. Deux vaccins existent aux USA . « Les signes cliniques sont réduits par la vaccination mais ils sont sans effet sur l’excrétion et la protection est de courte durée ». On le voit : les règles de biosécurité semblent seules actuellement susceptibles de ralentir la propagation du virus. L’impact en Bretagne est potentiellement important. La réactivité de tous les acteurs pour la détection est essentielle. Bernard Laurent