L’homme qui murmurait à l’oreille des 2CV

atelier-reparation-2cv-lanfains-jean-claude-dochy - Illustration L’homme qui murmurait à l’oreille des 2CV

Portrait d’un passionné de Citroën, « grand amoureux des 2CV », qui consacre sa vie à réparer « ces voitures mythiques, symbole de la France. »

« Mon père a toujours eu des Citroën. DS, Ami 6, 2CV fourgonnette sur laquelle j’ai appris à conduire… », raconte Jean-Claude Dochy, installé à Lanfains. C’est ainsi qu’est née sa passion viscérale pour la marque aux deux chevrons. Son père lui a aussi transmis le goût de la mécanique. C’est ainsi qu’après une carrière dans des ateliers de concession, Jean-Claude se consacre exclusivement depuis 2010 à retaper des 2CV.

« Une voiture mythique, celle du peuple, qui représente la France plus que Renault et sa 4L. À l’étranger, elle reste un symbole de notre pays », s’enthousiasme-t-il. Avant de rappeler que l’engin a été inventé pour « les gens de la campagne », capable de filer « sur les chemins de terre, de traverser les champs à vaches… Raison pour laquelle les médecins ruraux roulaient également en deuche. »

Des restaurations de A à Z

Ouvrir le moteur puis la boîte de vitesse, sortir toute la pignonnerie, changer les caoutchoucs, les roulements, la rotule du train avant… « Pour une restauration complète de A à Z, il faut compter deux mois de boulot. » Jean-Claude en a déjà réalisé au moins une cinquantaine. Et pour la carrosserie, « comme toutes les pièces se refabriquent sur une 2CV », le passionné valorise ses études de chaudronnier et les astuces apprises sur le tas au contact des mécanos les plus anciens. Parfois, il faut aussi aller à la pêche aux pièces ou en récupérer sur des modèles trop abîmés, car « même un soufflet de cardan est spécifique. »

[caption id= »attachment_5770″ align= »aligncenter » width= »300″]Un ancien poulailler sert de réserve de pièces Un ancien poulailler sert de réserve de pièces.[/caption]

Si au quotidien, Jean-Claude roule en… BX, il avoue que, « dès que possible », il saute dans sa deuche. « J’aime les suspensions souples et molles et les sièges, véritables hamacs, tenus par des élastiques. Et bien sûr la simplicité : pas de clim, pas d’ABS, pas de voyant d’huile, pas de liquide de refroidissement… Quand on tombe en panne, on peut réparer avec un bout de fil et de scotch. Dix minutes plus tard, on repart. »

Top-chop, cabriolet… Le défi de la transformation

De la réanimation à la chirurgie esthétique pour 2CV, dans ce parcours de docteur ès Citroën monomaniaque qui sait tout de l’anatomie même la plus intime de ses patientes, Jean-Claude Dochy avoue une fierté toute particulière pour ses opérations de « transformation. » Il y a notamment cette 2CV cabriolet aménagée spécialement en guise de « cadeau de mariage pour des amis » (voir photo ci-dessus). Mais aussi un top-chop, « concept venu des États-Unis qui consiste à rétrécir toutes les vitres pour abaisser le toit et lui donner du style. C’est sympa avec une deuche car il y a énormément de marge entre le conducteur et le plafond, mais d’autant plus difficile à réaliser sur une carrosserie arrondie. » C’est d’ailleurs la qualité de son travail et sa capacité à produire « des aménagements à la demande » qui a fait la réputation de Jean-Claude au sein de la communauté des collectionneurs Citroën.

Rouler en 2CV, c’est l’aventure

« Je me suis lancé le défi de rejoindre en deuche le mariage en Hongrie d’un ami passionné, raconte Jean-Claude Dochy. 3 nuits et 2 jours à rouler. J’ai passé Paris sans encombre, ni bouchon. Les choses se sont corsées dans les embouteillages de fin d’après-midi à Budapest. En faisant marche arrière sur une bretelle pour m’en extirper, la boîte de vitesse s’est bloquée. Alors, sur le bord de la route, sans éclairage, j’ai sorti le moteur puis la boite, replacé un écrou sur filetage inversé qui s’était desserré. Puis tout remonté. En l’absence de certains outils, cela m’a pris 5 heures… Mais je suis reparti ! »

Des rêves et des projets plein la tête

D’ailleurs, cet amoureux de l’automobile aux formes rondes ne manque pas de rêves et d’idées folles. Après une première expérience à son compte, il envisage de remonter bientôt sa propre entreprise consacrée à la mécanique 2CV : réparation et vente de pièces. Il a  déjà acquis un vieux poulailler, son futur atelier, où il stocke des Citroën anciennes.

Jean-Claude a aussi en tête « d’adapter un jour une capote façon C3 pluriel sur une deuche. » Et de monter un « hot rod », autre mouvement né aux États-Unis qui consiste « à garder la caisse d’origine et à modifier la mécanique : poser un moteur ultra-puissant type 6 cylindres, tout passer en suspension hydraulique pour mieux  répartir le poids qui serait à l’avant… » Il y a aussi la voiture que Jean-Claude rêve d’avoir : « la 2CV Sahara, équipée de deux moteurs et deux boîtes de vitesse, lancée pour rouler en terrain sableux. Fabriquée à très peu d’exemplaires, elle coûte malheureusement une fortune… » Mais sa plus folle ambition est sans doute de décliner sa passion à la télé : « En me concentrant sur les transformations de 2CV, j’aimerais revisiter l’émission Monster Garage qui consiste à chaque fois en un défi mécanique farfelu. J’ai déjà essayé de contacter les chaînes. Mais personne n’a mordu à l’hameçon… »

Et si par hasard, vous voulez vous débarrasser de votre ancienne 2CV, chez Jean-Claude, elle sera choyée. « Le plus triste pour moi est de savoir qu’il y en a énormément en train de dormir, voire de pourrir, dans les granges. Leurs propriétaires feraient mieux de les céder ou de les retaper. Mais certains imaginent que leur épave est un trésor… » Toma Dagorn

Contact
Jean-Claude Dochy, restaurateur automobile, au 06 37 94 58 98 ou dochydeuche@orange.fr


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