De la performance, oui, évidemment mais de la performance durable avec des vaches capables de reproduire, et de ne surtout pas « exploser en vol », pour reprendre les termes d’un producteur de lait dans le Morbihan. L’alimentation des vaches laitières doit être pertinente pour exprimer pleinement le potentiel du troupeau et coller aux besoins de chaque stade physiologique.
L’intérêt d’un aliment de production n’est plus à démontrer. Voici toutefois dix motivations techniques pour en distribuer un. Pierre Fortin, chef de marché ruminants et Ronan Le Gall, nutritionniste, chez Triskalia, évoquent ci-dessous les avantages et l’éventail des possibilités dans le domaine.
Les 10 motivations techniques, par Ronan Le Gall
- L’aliment de production est un outil de management de troupeau contemporain. Plusieurs points peuvent être cités : action sur la production (expression du pic), gestion primipares / multipares, optimisation du profil énergétique…
- C’est un levier d’efficacité économique. Depuis l’augmentation du prix du concentré et avec des vêlages toute l’année, la technique de la ration semi-complète prend de l’ampleur.
- La ration semi-complète présente de la souplesse car elle peut être envisagée de deux façons différentes, répondant à des objectifs précis. D’une part la semi-complète basse (efficacité du concentré distribué) avec un équilibre azoté 10 litres en dessous de la moyenne du troupeau, d’autre part la semi-complète haute (efficacité technique) avec un équilibre azoté visé dans la moyenne du troupeau.
- La gestion de l’acidose : par rapport au mélange fermier souvent constitué d’une seule source d’énergie (amidon de céréales), l’aliment de production donne de la sécurité digestive.
- C’est une solution technique pour les rations de base simples : plat unique, pas de mélanges, distribution via une auge mobile… Et le coût d’utilisation d’un Dac est bien moindre que celui d’une mélangeuse.
- Les différents profils d’aliments de production permettent d’accompagner l’évolution des fourrages en cours de campagne. En début d’hiver, avec un maïs frais, on va privilégier des glucides rapides. Au printemps, l’amidon lent sera un bon complément du profil énergétique de l’herbe pâturée. Et pendant l’été, l’apport de matière grasse sera un relais pertinent avec un maïs « vieillissant » (cf. graphique 1).
- En parallèle d’une conduite alimentaire ‘vaches taries’ rigoureuse, l’aliment de production limite le déficit énergétique. Les éleveurs ont perçu la nécessité d’optimiser la conduite alimentaire des taries (préparation des papilles, prévention du déficit énergétique pré-vêlage…).
Avec des animaux mieux préparés, l’aliment de production est ainsi beaucoup mieux valorisé. Les effets sont décuplés. De plus en plus d’éleveurs démarrent alors la distribution d’un aliment de production 15 jours avant vêlage. - C’est un vecteur de technique et de productivité en contribuant à la hausse des niveaux de production (45 à 50 kg de lait par vache observés dans plusieurs élevages). Le mélange avec un minéral est une option intéressante. Pour accompagner la couverture des besoins en début de lactation, l’aliment de production peut être utilisé en support de distribution (supplémentations).
- L’aliment de production est un allié très pertinent de la conduite en vêlage précoce. Une perte de poids de plus de 30 kg est préjudiciable pour la longévité de ces animaux jeunes qui n’ont pas fini leur croissance.
- Aujourd’hui, des indicateurs de pilotage de la complémentation individualisée sont disponibles.
La matière grasse et la couverture énergétique, par Pierre Fortin
En 10 ans d’évolutions, la productivité n’atteint toujours pas les sommets espérés et la fécondité reste un axe de travail fort dans les exploitations. Voilà deux signes forts indiquant que les couvertures énergétiques ne sont pas optimales. L’aliment de production est un levier pour y répondre. Il s’adapte à toutes les situations. À des niveaux énergétiques élevés, un aliment de production de type 4 L répond à la demande « production », sans pénaliser la perte d’état, alors que sur une ration de base à un niveau énergétique plus faible, un aliment de type 2,5 L est plus adapté. Il apporte de la complémentarité à la ration.
Une couverture énergétique est essentielle, notamment en début de lactation, pour limiter la perte d’état et les problèmes métaboliques comme l’acétonémie. Différentes solutions existent mais on peut répondre aux besoins énergétiques des vaches au travers de l’aliment de production, de part sa composition (amidon rapide ou lent, cellulose, matière grasse…). La matière grasse est, entre autres, un élément efficace pour la couverture énergétique surtout en début de lactation. L’utilisation d’une matière grasse comme l’huile d’olive dans la formule de l’aliment est extrêmement intéressante.
Différents essais ont été menés en 2013 et 2014 dans notre réseau de fermes de référence. La supplémentation lipidique était au cœur du programme avec l’intégration de l’huile d’olive dans le process de fabrication de l’aliment essai. Une huile d’olive qui n’aura pas d’effet négatif sur le TB, contrairement aux autres sources de matière grasse. Les constats sont sans appel : amélioration de la production, reprise d’état et des taux au rendez-vous avec une réduction franche du pourcentage de vaches dont le ratio TB/TP est supérieur à 1,5 (risque élevé d’acétonémie). Cet aliment testé et approuvé est aujourd’hui baptisé « Adélac Oléa ». Propos recueillis par Carole Perros / Triskalia