Attention aux coûts structurels avec les robots de traite

robots-de-traite-lait - Illustration Attention aux coûts structurels avec les robots de traite

Depuis quelques années, le robot de traite se développe pour mieux faire face aux contraintes de main-d’œuvre.

CERFrance Côtes d’Armor s’est penché sur les résultats 2013 de 112 exploitations équipées d’un robot de traite. Plus de la moitié des exploitations sont mixtes, c’est-à-dire qu’elles disposent d’un autre atelier : engraissement porc, porc naisseur engraisseur, aviculture de chair ou vache allaitante. Les exploitations avec un robot de traite disposent d’un quota plus important : 541 000 litres contre 388 000 litres pour la moyenne des exploitations costarmoricaines. Les trois quarts d’entre elles produisent plus de 400 000 litres. Dans cette étude, la comparaison est faite par rapport à des exploitations de plus de 400 000 litres non équipées de robots.

Système plus intensif

Les exploitations équipées d’un robot présentent un système plus intensif : plus de lait produit/vache (+ 570 L), chargement à l’hectare plus élevé (+ 0,13 UGB/ha), plus de lait vendu  par ha de SFP (+ 1 300 L/ha SFP) et part de maïs plus élevée dans la SFP (+ 5 %). Les éleveurs équipés d’un robot dégagent une marge brute/1 000 L  inférieure de 12 € environ. Ils affichent une moindre valorisation du lait de 4,7 €/1 000 L, liée à la fois à la dégradation des taux butyreux (-0,39) et protéique (-0,36) et aux pénalités liées à la qualité du lait. Le coût alimentaire des exploitations équipées est plus élevé d’environ 8 €/1 000 L. Ceci est principalement dû à un coût de concentré supérieur de 13 €/1 000 L. La quantité de concentrés (et minéraux) dépasse 200 g/L produit, contre 185 g/L pour le témoin. Le coût fourrager/1 000 L est plus faible suite au meilleur rendement laitier (effet dilution). Le coût de la SFP/ha est légèrement inférieur. À l’inverse, suite au litrage plus élevé à l’hectare, les exploitations équipées dégagent une meilleure marge brute par ha SFP. Les premières clôtures 2014 confirment ces tendances avec un écart de marge brute proche de 13 €/1 000 L.

Des charges de structure plus élevées

Les éleveurs spécialisés avec robot de traite disposent d’une SAU plus importante qui se traduit par 10 hectares de plus de cultures de vente. L’intensification fourragère permet d’ailleurs de libérer des surfaces de cultures de vente supplémentaires. Ces exploitations produisent plus de lait par actif familial (279 000 L/UTHF contre 250 000 L/UTHF). De plus, alors que le témoin voit ses rendements laitiers baisser en 2013 (-192 L/VL), le groupe avec robot maintient sa dynamique avec un rendement laitier qui se stabilise. A priori, les éleveurs équipés ont une volonté de saturer et d’optimiser le robot, ce qui les pousse à augmenter la productivité par vache.

L’impact de l’investissement (amortissement et maintenance notamment) est très visible. L’écart sur les charges de structure totales/1 000 L entre les deux groupes est de 25 €/1 000 L en 2013. Les éleveurs spécialisés dégagent une marge brute identique aux éleveurs non équipés en 2013. Une partie de ces charges de structure supplémentaires est compensée par la marge brute complémentaire liée aux surfaces de culture de vente en plus (bonne conjoncture céréales de 2013). Au final, en termes de revenus, les résultats 2013 étaient équivalents. Par contre, les premiers résultats 2014 semblent moins bons, tendance qu’il faudra confirmer après l’ensemble des clôtures.

[caption id= »attachment_5187″ align= »aligncenter » width= »300″]Comparaison des résultats Comparaison des résultats du groupe d’exploitations équipées d’un robot et du groupe témoin.[/caption]

Maintenir le revenu

Avant de porter un jugement sur ces résultats, il faut souligner au préalable que ce sont souvent les objectifs de temps de travail et de bien-être de l’éleveur qui ont motivé l’achat du robot, critères qui ne sont pas quantifiables économiquement. Par contre, derrière ces objectifs de départ, il est nécessaire de ne pas dégrader à terme le revenu de l’exploitation, avec des coûts structurels trop élevés. Lors de l’achat d’un robot de traite, il est donc conseillé de disposer d’une marge de sécurité supplémentaire. Le robot de traite est un investissement qu’il conviendra de changer dans un délai plus court que les systèmes de traite classiques. Les charges de structure (amortissements et maintenance) resteront donc durablement plus élevées par rapport à une salle de traite.

Dans la perspective de la fin des quotas, la marge de manœuvre des éleveurs équipés de robots de traite est plus limitée étant donné qu’une fois la (ou les) stalles saturées, il faut investir à nouveau dans l’achat d’une nouvelle stalle qui ne sera pas forcément saturée. Attention aussi au dérapage lié à un effectif trop élevé par stalle, le repère de 60 vaches traites/stalle est à garder en tête. Le maintien d’une bonne marge laitière reste une garantie de revenu. L’effet éleveur reste donc primordial, peut être encore plus que dans d’autres systèmes de traite. Geneviève Audebet /CERFrance Côtes d’Armor


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