Au-delà du photovoltaïque, l’association Apepha* souhaite élargir son périmètre de réflexion sur les énergies renouvelables.
« Nous souhaitons prendre une part active dans la transition énergétique », souligne Pascal Chaussec, président de l’Apepha. Lors de l’assemblée générale de l’association, le 29 septembre à Chavagne (35), les producteurs se sont penchés sur les possibilités de stockage de l’énergie qui permettraient de réduire la problématique des variations de production et d’instabilité des cours.
L’hydrogène, super carburant, mais volatil
La voie chimique par obtention d’hydrogène a notamment été abordée. « On peut obtenir de l’hydrogène par électrolyse de l’eau (ou hydrolyse). Mais il faut de l’électricité. » Par ailleurs, produire de l’hydrogène « décarboné », c’est-à-dire avec un meilleur bilan carbone est un enjeu d’avenir pour qu’il puisse être utilisé par les consommateurs. « L’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers et c’est un super carburant, quatre fois plus performant que le pétrole. C’est le seul à pouvoir faire décoller une fusée. Son problème est sa volatilité. Il doit être enfermé dans un contenant ou on doit changer sa forme », explique Mickaël Feuildet, gérant de Belenn Ingénierie.
Aujourd’hui, l’hydrogène est utilisé dans les piles à combustibles, dans le procédé de méthanation (qui permet de produire du gaz naturel sans gros « effort ») ou dans les centrales à gaz pour faire de l’électricité. Il est compressé (avec des pressions importantes), liquéfié (mais cela demande de l’énergie) ou vendu sous forme solide (« galettes » développées par la société française McPhy). « Mais son modèle économique n’est pas encore fixé, son coût reste très important. Une production de masse permettrait toutefois de faire baisser les prix des électrolyseurs. Et imaginons que des taxes carbone se généralisent, l’hydrogène pourrait devenir viable… Toutefois, son développement n’interviendra sans doute pas avant une dizaine d’années. »
Avancées dans les carburants alternatifs
Lors de l’assemblée, Nicolas Morel, de chez New Holland, a présenté les nouvelles motorisations développées par son groupe fonctionnant avec des carburants alternatifs. « Sans émission polluante, le tracteur à hydrogène affiche par contre actuellement une autonomie insuffisante, de 3-4 h. Nous attendons la démocratisation de la pile à combustible sur l’automobile pour avancer », note Nicolas Morel, évoquant un calendrier à 10 ans sur cette technologie. Permettant de conserver des moteurs thermiques, l’utilisation du méthane semble réalisable plus rapidement. Mais pour conserver de la puissance, il faut purifier le méthane. Ajouter 30 % d’hydrogène au méthane est une autre piste pour accroître l’autonomie. »
De l’hydrogène à partir du lisier de porc
Produire de l’hydrogène à partir du lisier de porc fait actuellement partie des dossiers R&D du leader mondial en gaz industriels Air liquide. « L’ammoniac (NH3) est très présent dans le lisier de porc. Nous pourrions engager un partenariat avec des producteurs qui liquéfieraient le NH3 sur leur exploitation et nous le revendraient. Il serait transformé en hydrogène dans des usines, l’azote étant rejeté dans l’atmosphère. Le potentiel est important, mais est-ce rentable ? », questionne Pierre Crespi, directeur de recherche à Air liquide.
Les lixiviats, issus de la méthanisation, sont également riches en ammoniac. « Utiliser la chaleur issue de la méthanisation pour la réaction permettant de purifier l’ammoniac est une possibilité intéressante… » Reste que les agriculteurs souhaitent aussi conserver ces matières organiques pour fertiliser leurs sols. Des choix seront à faire dans le futur selon les marchés et les cours des engrais. Agnès Cussonneau
* L’association Apepha (Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés) regroupe 290 adhérents dont les 2/3 de Bretagne. Plus de renseignements sur le nouveau site internet www.apepha.fr