Si l’investissement dans les bâtiments se ressent au niveau du coût de production, c’est aussi un moyen efficace pour améliorer ses performances techniques. Focus…
Cogedis Fidéor a mené une étude auprès d’éleveurs naisseurs-engraisseurs, pour comprendre les relations entre le niveau d’investissement dans le bâtiment et les performances technico-économiques. La moyenne du niveau d’amortissement bâtiment des élevages de naisseurs-engraisseurs se situe à 132 €/truie, avec des disparités importantes, puisque 43 % des éleveurs sont en dessous de 100 €/truie et 17 % au-dessus de 200 €/truie. Le groupe des investisseurs récents, dont le niveau d’amortissement bâtiment est supérieur à 250 €/truie, représente 7 % des élevages et compte en moyenne 235 truies, soit 40 de plus que la moyenne des éleveurs. Ces disparités entre les niveaux d’amortissement se ressentent au niveau du coût de production. Pour les investisseurs récents, l’investissement bâtiment pèse 17,94 €/100 kg de carcasse dans le coût de production, contre seulement 8,94 € pour la moyenne des éleveurs. Le différentiel entre les éleveurs récents et la moyenne des éleveurs atteint ainsi 7,19 €/100 kg de carcasse pour l’amortissement bâtiment seul et 1,83 €/100 kg pour le poste « intérêt à long et moyen terme ».
Gains de productivité
Si les investissements dans le bâtiment impactent négativement le coût de production en porc, il en est autrement des performances techniques, puisqu’une meilleure maîtrise technique permet de réduire l’indice de consommation (IC) et d’augmenter la productivité des truies. Or l’étude met en évidence l’existence d’un lien entre l’investissement dans le bâtiment et les performances techniques. Les récents investisseurs ont en effet un indice de consommation de 2,92 contre 3,09 pour les éleveurs n’ayant pas récemment investi, soit un écart de 0,17 point. Cette observation se confirme au niveau de la productivité puisque les investisseurs récents atteignent des niveaux de 25,44 € /100 kg de carcasse, contre 22,46 € pour les éleveurs n’ayant pas investi récemment. Autre observation : l’indice de consommation et la productivité sont corrélés avec le niveau d’investissement bâtiment. En d’autres termes, plus l’investissement est élevé, plus les performances observées sont bonnes.
L’amélioration des performances techniques permet aux éleveurs de compenser partiellement l’augmentation du coût de production liée aux investissements dans le bâtiment. Le différentiel reste faible, puisque le coût de production chez les récents investisseurs ne dépasse pas 2,83 €/100 kg de carcasse par rapport à la moyenne des producteurs. Par ailleurs, l’amélioration de l’indice de consommation permet de réduire le poste alimentation. Cet écart s’élève à 11,47 €/100 kg de carcasse entre les investisseurs récents et les éleveurs n’ayant pas investi dernièrement. Enfin, les gains de productivité permettent un effet « dilution » sur les charges, dans la mesure où les éleveurs peuvent vendre un nombre plus important de porcs, sans pour autant augmenter leurs charges de structure.
Une meilleure santé financière
L’étude met également en évidence un effet favorable de la dynamique d’investissement sur la santé financière de l’exploitation. En particulier, l’analyse de l’excédent brut d’exploitation (EBE) montre que les investisseurs récents ont un EBE de 28,90 €/100 kg de carcasse contre 12,21 € pour ceux n’ayant pas investi. Cela souligne l’importance d’une bonne dynamique d’investissement en bâtiment, pour améliorer durablement ses performances techniques, consolider la santé financière de l’exploitation et maintenir une bonne valeur de cession. Jean-Christophe Séité /Cogedis Fideor