Les parcelles de betterave fourragère ont des teneurs en matière sèche avoisinant les 15 %. La récolte se prépare.
Le Gab 29 organisait conjointement avec la Chambre d’agriculture de Morlaix une journée technique dédiée à la culture de la betterave fourragère monogerme. La parcelle visitée, appartenant à l’EARL des Jonquilles de Lanmeur (29), est conduite en agriculture biologique. Une dizaine de variétés ont ainsi pu être comparées.
Semis précoce
La parcelle d’essai a été semée le 18 avril avec un semoir 6 rangs à 50 cm d’écartement. « J’ai pour habitude de semer tôt mes betteraves, car nous sommes dans un secteur géographique non gélif. La culture prend ainsi de l’avance par rapport aux adventices », explique Yannick Jestin, l’un des deux associés de l’EARL. La densité de semis est de 114 000 graines / ha, avec une vitesse de semis lente pour favoriser la régularité dans la levée. Cette densité élevée permet de pallier les pertes de levées ainsi que les destructions de plants possibles avec le désherbage mécanique. 101 000 plants ont ainsi germé, soit une très bonne moyenne. Cette densité est descendue entre 75 000 et 88 000 plants par hectare après binage. Autre astuce utilisée pour une germination harmonieuse, le stockage au froid. « Les graines enrobées d’argile ont été placées au congélateur pendant 8 jours à -18 °C, pour lever la dormance. L’enrobage craque sous l’effet du froid et garde ses propriétés de lestage de graine, mais ne gène pas l’émergence de la plantule. Toutes les graines ont ainsi levé de façon homogène », note Benoît Nezet, conseiller bio à la Chambre d’agriculture du Finistère.
Des montées en graine observées
Certains producteurs ont pu constater cette année de fréquentes montées en graine de leur culture, qui peuvent être expliquées par le climat doux. « En fonction des conditions climatiques de l’année et, particulièrement en zone océanique, les montées à graines peuvent se produire suite à un phénomène qui comble un besoin en froid de la plante pour faire son cycle : la vernalisation. Celle-ci est conditionnée par les évènements climatiques suivantes : plus de 17 jours consécutifs ou non à une température minimum ou égale à 5 °C sur la période comprise entre le semis et 90 jours. La présence d’un risque important de vernalisation n’est pas synonyme de montée à graine car ce phénomène peut être annulé par la dévernalisation, qui est conditionnée par les conditions climatiques suivantes : plus de 7 jours consécutifs ou non avec une température supérieure ou égale à 25 °C sur la période comprise entre 60 et 120 jours après le semis », explique Julien Greffier, du Gnis.
Désherbage manuel
Le désherbage s’est déroulé en deux étapes. Deux binages ont été effectués les 27 mai et 5 juin, car la parcelle est exempte de cailloux, avec un rattrapage manuel du 10 au 13 juin. « J’ai choisi de revenir manuellement pour limiter la concurrence des adventices. C’est donc avec une équipe de 3 personnes, travaillant 7 heures par jour, que nous sommes venus à bout des 3 hectares de betterave à la binette, au stade 4 feuilles de la culture. C’est un travail fastidieux mais qui porte ses fruits », raconte le producteur. Le salissement de la parcelle est en effet très faible, pour une culture menée en agriculture biologique. « D’autres solutions de désherbage sont possibles avec, par exemple, le passage d’une herse étrille à 3-4 feuilles. Attention toutefois, cette opération peut rendre irrégulière l’implantation de la racine pour la récolte », selon Yann Evennat, du Gab 29. À noter une bonne teneur en bore dans le sol, la parcelle étant exempte de maladie du cœur noir. Une partie de la récolte va démarrer à la mi-novembre pour être stockée dans un silo à maïs. Le reste sera récolté en janvier. La betterave reste une culture intéressante du point de vue de la valorisation de la minéralisation azotée, grâce à sa présence en terre durant l’hiver. Les 48 vaches de l’exploitation vont donc pouvoir consommer ce bonbon jusqu’à fin avril. Fanch Paranthoën