De ses mains qui travaillent la terre, naissent des objets, future décoration ou ustensile de la vie de tous les jours. Jour après jour, Maëlle Loaëc, la céramiste, creuse son sillon bien à elle.
Elle travaille la terre, mais elle n’est pas agricultrice. Ses arrière-grands-parents maternels, du côté de Lannilis, l’étaient. Le nom du lieu-dit où ils cultivaient ? « La Poterie »… On pourrait dire que la boucle est bouclée, puisque leur petite-fille est devenue potière et qu’elle travaille elle aussi la terre, à sa façon, mais finalement non, il reste encore beaucoup à faire. « À ce jour, je commence à maîtriser la technique, notamment le tournage », mais je suis toujours en apprentissage, considère Maëlle Loaëc, qui a ouvert son atelier de Pontrieux (22) en 2008. « On apprend toujours et on avance lentement : il paraît qu’on met 30 ans avant de devenir potier… »
[caption id= »attachment_5410″ align= »aligncenter » width= »225″] L’étape, si particulière, du tournage.[/caption]
Humble, la jeune artiste a eu le déclic pour la poterie alors qu’elle avait suivi des études littéraires et travaillait dans un restaurant. « J’ai compris qu’il fallait que je travaille avec mes mains. Je me suis formée chez plusieurs potiers, avant de reprendre des études au sein de la Maison de la Céramique de Dieulefit, dans la Drôme. Là, nous avons pu nous essayer à de multiples techniques et supports, et trouver notre chemin personnel à travers la terre. J’ai moi aussi trouvé ce qui me correspondait le mieux. » Grès et porcelaine : telles seront donc, à partir de cette étape, les deux matières travaillées par Maëlle Loaëc. « La porcelaine est une terre difficile pour un potier, mais elle est aussi très douce à travailler. Et puis… il y a la magie de sa couleur, du blanc franc, sans impureté. » Une pureté à la fois simple et difficile d’accès, à laquelle semble aspirer l’artiste à travers sa démarche.
Patience et minutie
Et si le chemin est long, pour devenir potier, il l’est tout autant, pour mettre au monde une simple pièce. « D’abord on prépare la boule, puis on la tourne et on la laisse sécher. Ensuite, je refais le pied et je pose l’engobe blanc sur la pièce, détaille Maëlle. Vient ensuite l’étape de la décoration, au pinceau, avec les couleurs que j’ai préparées moi-même à partir de différents minéraux. » De quoi transformer l’atelier, le temps de cette étape, en sorte de laboratoire de chimie ! Tout autant de technicité est requise, enfin, pour la délicate phase de cuisson. « Elle se déroule en deux temps, à 950°C puis à 1 280°C, dans le four à gaz. Entre ces deux temps, je pose l’émail, ce qui donne le rendu brillant sur les pièces. » Au final, ces dernières sont uniques, ou font partie de petites séries. « De toute façon, le coup de main, lui, reste toujours différent d’un objet à un autre. »
Actualités à venir
Maëlle Loaëc exposera, du 17 décembre au 5 janvier 2015, à la librairie Le Bel Aujourd’hui à Tréguier (22) avec la céramiste Cécile Poisson. Elle fera également partie de l’exposition d’art et artisanat d’art de l’association Expressions, du 4 au 12 décembre à Plouha (espace Hermione). Enfin, toujours en fin d’année, une exposition de Noël sera organisée au sein de son atelier de Pontrieux. La cité de caractère abrite, d’ailleurs, de nombreux artistes et artisans d’art, à découvrir éventuellement par la même occasion…
Donner la main
Passer la main, la jeune céramiste n’y songe bien entendu pas. Mais donner la main, à des plus jeunes pour leur apprendre sa passion, ça oui. L’animation d’ateliers dans des écoles ou ailleurs, fait donc régulièrement partie de son programme. « J’aime transmettre. La terre est un super moyen d’expression, insiste-t-elle. C’est très sensitif, ça permet de se lâcher, de s’exprimer surtout à travers une matière malléable, et ça suscite la créativité. »
Si elle n’a pas choisi la même terre que ses grands-parents, l’arrière petite-fille d’agriculteurs a bel et bien trouvé le mode d’expression qui l’épanouit. Et la suite ? « J’aimerais me lancer dans la création de grosses pièces, éventuellement pour l’extérieur… » Elle dit peu de mots (et en écrit certains sur ses pièces), comme pour inviter ses hôtes, plutôt qu’à parler, à observer ses créations. Calme et sérénité semblent, en tout cas, en émaner. Anne-Laure Lussou
Pour en savoir plus
Maëlle Loaëc, Atelier « Terre et imaginaire », 12 rue du quai, à Pontrieux (22),
ouverture : 10 h 30 à 12 h, 14 h à 18 h 30, fermé le mardi et le dimanche matin.