Point de vue de Sébastien Louzaouen, président JA 29
Évoquant la volatilité des prix, Katrine Lecornu, présidente du réseau EDF (European Dairy Farmers), estime qu’au lieu de se fixer sur une future baisse du prix du lait, les éleveurs devraient travailler davantage leurs coûts de production. Un point de vue choquant. Sur la forme premièrement, car les éleveurs laitiers n’ont pas attendu l’échéance de 2015 pour améliorer ou plutôt contenir leur coût de production. Force est de constater qu’il est difficile de les maîtriser car nous avons peu de marge sur le coût de nos intrants. Je remarque également que le côté réglementaire génère des frais administratifs croissants auxquels nous ne pouvons nous soustraire.
Sur le fond, ensuite. Ce type de remarque n’est pas nouveau en soi car plusieurs pseudo-consultants s’y sont déjà essayés dans les revues laitières. Mais, le fait que ce soit un éleveur qui le dit est particulièrement désagréable et fait le jeu des industriels, alors même que la profession essaie de mettre en place une organisation de producteurs cohérente afin d’équilibrer les rapports commerciaux.
Mme Lecornu, pendant que vous remettez en cause l’aptitude des éleveurs à contenir leurs charges, je constate que depuis plus d’un an le prix moyen du lait payé dans le Grand-Ouest est en retrait de 20 €/1 000 L par rapport à l’Allemagne et de 60 €/1 000 L aux Pays-Bas. À quoi bon gagner 5 € de coût de production ici où là alors que de l’autre côté le manque à gagner représente au bas mot 8 000 € par an pour une exploitation laitière de taille moyenne.
Fort de ce constat, j’estime au contraire que la marge de manœuvre la plus importante se situe aujourd’hui au niveau du prix de vente et que nous devons tous en prendre conscience et mettre les moyens pour l’améliorer. Il est très dangereux de raisonner uniquement sur les coûts et la rationalisation de l’outil, car c’est un schéma sans fin.