Sur les cinq dernières années, 35 % des jeunes installés dans le département ont opté pour la vente en circuit court.
10 % des 7500 exploitations morbihannaises commercialisent une partie de leur production en circuit court. Ces 5 dernières années, ce mode de vente a séduit 35 % des jeunes installés. « Cette part est supérieure à la moyenne régionale qui n’est que de 20 à 25 % », indique Caroline Denechau, de la Chambre d’agriculture. Par circuit court, il faut entendre : un intermédiaire au maximum, entre le producteur et le consommateur. La vente via un magasin local (GMS, commerçant, restaurateur…) en fait partie. Le Sud du département est bien entendu plus concerné par ce mode de commercialisation. La demande y est plus forte. Si le système a le vent en poupe, la concurrence devient forte dans certains secteurs, notamment en maraîchage où la concurrence entre producteurs commence à se faire sentir.
Y a t-il encore de la place ? Oui, sans doute, à condition de faire preuve d’innovation. « Les consommateurs sont prêts à payer plus cher des légumes pré-découpés ou prêts à l’emploi », avance la spécialiste de la Chambre. « Une barquette de pomme de terre, simplement filmée, peut être vendue quasiment deux fois plus cher que la même quantité vendue en vrac », assure Jeannette Le Paboul, productrice, avec son mari Pascal, à Plouhinec. Lundi dernier, un speed-dating a été organisé entre producteurs et commerçants- restaurateurs (voir ci dessous). « L’objectif est de les mettre en relation car bien souvent, ils ne se connaissent pas et n’imaginent pas travailler ensemble », reprend Caroline Denechau.
Dans la région de Plouhinec, berceau historique de la production maraîchère en Morbihan, une dizaine de producteurs de légumes se sont réunis en association. « Nous restons tous indépendants », précise Hervé Belz, son président. « L’association nous sert à promouvoir collectivement nos produits, à progresser techniquement en échangeant sur des thèmes techniques en “bout de champ”, à nous compléter ponctuellement sur nos offres ». À pousser la réflexion aussi sur la création d’une IGP (indication géographique protégée) pour le chou de Lorient, par exemple.
70 % des ventes en GMS
Ces initiatives ne doivent pas occulter la réalité du marché : les ventes de fruits et légumes ralentissent en France. « Il convient donc de bien réfléchir avant de s’investir dans la vente en circuit court, quelle que soit la production. Il faut savoir que 70 % des ventes en circuits courts se font en GMS et seulement 14 % sur les marchés et 5 % à la ferme ». Une vente en GMS qui présente des avantages, selon Hervé Belz. « Elles permettent de se spécialiser alors que la vente à la ferme nécessite une large gamme de produits. Elles permettent surtout de gagner du temps, en déléguant la partie commercialisation ». Les inconvénients existent aussi : « Nous subissons de plus grandes variations de prix, liées à la conjoncture. La vente à la ferme permet d’avoir des prix plus constants, avec une clientèle probablement plus fidèle ». Dans tous les cas, il convient de bien étudier la demande locale pour adapter son offre de produits avant de développer une vente en circuit court. Bernard Laurent
Un speed-dating entre producteurs et commerçants à Lorient
Les producteurs locaux, adeptes du circuit court, ont rencontré des commerçants, des artisans, des distributeurs et des restaurateurs, lundi dernier, à Lorient. Le but est d’inventer et de développer des partenariats commerciaux. « Il faut stimuler le développement des circuits de proximité afin de contribuer ensemble à accroître la valeur ajoutée, à développer des relations commerciales et à fixer les emplois sur le territoire », disent, de concert, les organisateurs de la journée. Il s’agit, dans la continuité des actions menées depuis 2008, de passer un cap pour développer une filière alimentaire de proximité, sur le territoire de Lorient.
Pour cela, les trois Chambres consulaires (agriculture, commerce et métiers) ont organisé un salon professionnel : « Le rendez-vous des professionnels de l’alimentation locale ». Une première étape pour faire tomber les préjugés, « montrer que c’est possible », valoriser les initiatives, aller vers une professionnalisation de la filière et construire des échanges pérennes.
Une vingtaine de producteurs et une quarantaine de commerçants ont participé à cette première. « Nous avons eu 6 rendez-vous », indiquent Guenaëlle et Laurent Quéméré, de la boulangerie Les Saveurs du Fournil, de Lorient. « Nous avons discuté avec des producteurs de lait, d’œufs et un meunier. C’est une première approche. Nous recherchons de la qualité ». De la qualité, c’est justement ce que propose Guenaël Justome, producteur de lait à Inzinzac. « En une demi-journée, j’ai eu 5 contacts dont 3 n’étaient pas programmés, notamment avec un collège et un supermarché ». C’est la multiplicité des rencontres qui a plu aux participants. En un seul lieu et dans un minimum de temps, 258 rencontres ont eu lieu. De quoi développer le commerce local.