Karine Maglia élève des chevaux Curly aux propriétés étonnantes et au caractère particulier. Ces chevaux d’exception autorisent des activités originales.
À peine entré dans l’enclos, les poneys et chevaux accourent. Après quelques bisous et frottements, le Curly n’hésite pas à montrer sa croupe. Il souhaite qu’on le gratte. Karine Maglia s’est lancée dans l’élevage d’American Curly, par passion pour les chevaux. Le Curly n’est pas une espèce à part entière. C’est un gène présent ou non qui confère à l’animal un poil très doux hypoallergénique. « J’ai toujours travaillé dans le monde du cheval. Mon mari, comme environ 20 % de la population est allergique aux poils de chevaux. Après de nombreuses recherches, j’ai découvert l’American Curly. Nous avons donc rencontré différents élevages européens pour mieux connaître le cheval », explique Karine, qui est également présidente de Oncurls, association créée pour la promotion de cette peluche sur patte.
Porteur du gène bouclé
La génétique n’a pas encore livré tous ses secrets concernant la douce robe de l’équidé. « La génomique n’a pas isolé le gène hypoallergénique du Curly. Nous ne savons pas si ces propriétés sont dues aux poils à proprement dit, à la desquamation ou à tout autre facteur. J’ai sur l’élevage un étalon, Gawonni, qui est homozygote sur le gène bouclé. Mais tous les Curly ne sont pas frisés, ils sont alors porteurs du gène “straight”, et ont donc des poils raides ». Mais l’étonnant cheval a encore d’autres secrets.
Cheval miroir
« Le Curly est aussi particulier au niveau de son caractère. Il a un mental froid, réfléchi. Il ne se laisse pas aller vers des comportements de fuite ou de panique, mais attend plutôt qu’on vienne l’aider. Il comprend vite tout et s’adapte à celui qui est au bout de la longe. Débordant d’énergie pour un cavalier confirmé, il saura être posé pour une personne phobique ». Cette faculté permet à Karine d’organiser des sessions de « Curly groom » afin de vaincre les peurs de certains cavaliers débutants ou apaiser les craintes des gens angoissés par les chevaux. « Les séances apportent aux participants la sérénité nécessaire à l’apprentissage de l’équitation. Le cheval est un animal imposant qui peut rendre nerveux le cavalier. Cette appréhension s’estompe avec le Curly. D’une façon générale, ce n’est pas le cheval qui pose problème à l’homme, c’est l’homme qui est problématique au cheval ».
L’éleveuse compare ses protégés à des adolescents : « Ils font leur crise avant l’âge adulte. Il remet tout en cause, discute pendant les exercices et essaie de s’échapper. Mais ensuite, une fois qu’il mûrit, il gardera toute sa vie ce tempérament. Une fois acquis, son comportement ne changera plus. Si vous laissez un Curly un an sans travailler au champ, il retrouvera naturellement cette facilité de contact. C’est un cheval miroir : il vous met en face de votre propre caractère et apporte un apprentissage sur soi. Contrairement à un pur-sang qui aura une réaction défensive et par conséquent dangereuse quand le cavalier se comporte de façon inappropriée, le Curly va se statufier en vous regardant, semblant même vous dire : Tu fais quoi là ? Il est très constructif pour les relations humaines et oblige à se remettre en question ».
Les activités de la ferme
Karine Maglia propose de nombreuses activités sur sa ferme. En plus de la découverte du charmant équidé, la visite de la ferme et la pension pour chevaux sont proposées. Le Curly groom et le land art, création artistique à base de végétaux et de minéraux récoltés viennent compléter les activités. Enfin, des goûters d’anniversaire sont possibles, ainsi que des après-midi à thème pour Noël ou Halloween avec une après-midi consacrée à une fête celte mercredi prochain.
Pull de cheval
Le Curly n’a un pelage frisé que l’hiver, il perd ses poils à la belle saison. « Je brosse les poils à la mue et je sélectionne les poils de type angora. Il existe 15 types de poils différents, avec autant de couleurs de robes que les chevaux classiques. Cette laine peut être ensuite mélangée à de la laine d’alpaga pour réaliser des vêtements ou des couvertures, car l’alpaga produit lui aussi des poils hypoallergéniques, très doux et chauds, contrairement aux États-Unis où c’est la laine de mouton qui est choisie. Je pense essayer la tonte cette année ». Quand le cheval apporte sérénité et accoutrement, la boucle est bouclée.
Très agile en concours de saut d’obstacle, Karine Maglia souhaiterait organiser des regroupements de Curly pour la compétition. « Si le cavalier est allergique, il ne peut pas participer aux concours à cause de la présence d’autres animaux non hypoallergéniques. L’idéal serait donc des rassemblements de ces chevaux américains pour des épreuves d’endurance, de saut ou encore d’attelage ». Le Curly, c’est 5 000 individus dans le monde, 350 en France et 30 chez Karine Maglia. 15 étalons assurent la pérennité de la race en France. Fanch Paranthoën