Si leurs cours sont élastiques, les marchés à l’export sont durablement porteurs. Et l’Europe a des atouts pour y répondre.
« Le marché intérieur français est captif, mais soumis à une concurrence croissante sur les premiers prix. La démographie compense la baisse de consommation individuelle. De son côté, le marché européen n’augmente que de 0,3 % par an », constate Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage. Et de mettre en parallèle la croissance de la demande dans les pays émergents, portée par l’explosion de la classe moyenne. Convaincus d’y trouver un débouché durable, les industriels européens et français s’y orientent. Sur le premier semestre 2014, la collecte européenne s’est accrue de 5 % par rapport à 2013. En France, après un recul l’an passé, les volumes s’accroissent de 7 % pour peser 17 % de la collecte européenne (+ 8 à 10 % en Bretagne/ Pays de la Loire).
« Les suppléments de la collecte française vont essentiellement sur les pays tiers. Ces exportations pèsent 13 % des volumes nationaux en 2013. Les ventes vers ces pays se sont accrues de 50 % entre 2010 et 2013. » Et le manque de produits laitiers sera croissant dans les pays émergents. « Seuls quelques zones et pays sont capables de produire plus que leur demande intérieure. » Les importateurs majeurs sont la Chine et la Russie, les achats de l’Afrique et du Moyen-Orient ont par contre tendance à se tasser.
Le prix ne cesse de croître dans les zones émergentes
Sur l’échiquier mondial, l’Europe a donc un rôle incontestable à jouer. « Depuis 2007, le prix du lait ne cesse d’augmenter dans les zones émergentes : en Chine, au Brésil, alors qu’il stagne en UE. En Nouvelle-Zélande, les coûts de production augmentent également, du fait d’une hausse du prix du foncier », détaille Véronique Pilet, chef du service Économie du Cniel.
Se positionnant sur un croissant nord européen (passant par l’Irlande, la Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark) pour la production de produits laitiers secs, les investisseurs asiatiques ont bien compris les atouts laitiers de l’Europe. « Le courant général d’investissements vers les poudres de lait est une bonne nouvelle pour l’ensemble des opérateurs laitiers européens, atténuant la pression sur les autres marchés. » Sur pays-tiers, les exportations françaises sont pour 59 % des PGC secs et produits industriels (contre 31 % sur l’UE à 28) et à 29 % des fromages (50 %). Agnès Cussonneau