Yves Hardy s’appuie sur la méthode BRDA Hérody qui consiste par des observations simples à regarder la santé biologique de son sol.
Le sol est un milieu complexe où de nombreuses interactions se font. Dans les micro-organismes présents dans la terre, les microbes jouent un rôle essentiel. « Une symbiose s’opère entre la plante et les microbes du sol, comme celle existante entre la légumineuse et les rhizobiums. La plante fournit de l’énergie au sol grâce à la photosynthèse en sécrétant par ses racines des polysaccharides. Ces sucres vont servir de carburant aux microbes qui, en les consommant, vont dégager du dioxyde de carbone nécessaire à la photosynthèse. Les microbes vont dégrader les roches composant le sol pour se nourrir et quand ils meurent, ils libèrent des éléments ioniques directement assimilables par la plante. On peut donc parler de symbiose ou chaque être tire un bénéfice de cette association », explique Yves Hardy, agronome indépendant.
Ciment du sol
Le microbe va lui aussi sécréter un mucus qui va rendre cohérent le sol par la formation d’agrégats. « Dans un sol vivant, le micro-organisme va cimenter les particules du sol. Cette action importante l’est d’autant plus dans les sols bretons, à faible teneur en argile et composés de limons éoliens. Le microbe structure donc le sol s’il est correctement alimenté en sucre. Dans le cas contraire, il va casser les agrégats formés en consommant le mucus qu’il a lui-même produit. On se retrouve souvent dans cette situation après récolte de céréales où la parcelle n’est pas couverte par un engrais vert, source de sucre rapidement assimilable ». Mais de quelle façon savoir si son sol est biologique actif ? « Le test JP2, déjà utilisé dans les années 50, permet de comparer les choses en mesurant la stabilité structurale. Le mucus des microbes structurant le sol est soluble dans l’eau et insoluble dans l’alcool. Quand l’échantillon se délite fortement dans l’alcool, c’est que le sol est bien structuré par ce mucus. On pourra donc le comparer au test à l’eau. Si au contraire la terre se tient dans l’alcool, c’est que la cohésion du sol est permise par le complexe argilo-humique ».
Pour Yves Hardy, l’activité biologique d’un sol va de pair avec agriculture moderne : « Il faut maintenir son sol fertile ou l’améliorer pour réduire l’érosion, ayant pour conséquence des pertes économiques irréversibles, et pour limiter les pollutions. La croissance des plantes et l’activité biologique acidifient le sol, ainsi que le travail mécanique de la parcelle qui, par une surminéralisation de l’azote engendre une suracidité. Il ne faut pas confondre acidité et acidification. Dans le premier cas, les données du sol ne sont pas modifiables : la roche-mère est par exemple acide en Bretagne par la silice abondante. De même, la matière organique du sol est acide de part les humus stables et les acides humiques qui la composent. L’acidification peut au contraire être maîtrisée : c’est l’activité des micro-organismes du sol et les activités géochimiques qui la font évoluer ».
Pièger l’aluminium
La taille du produit de chaulage épandu doit aussi être un facteur de choix. « Dans le cas d’un problème de toxicité avec de l’aluminium, l’épandage d’un CaCO3 fin cassera la chaîne protéique de matière organique piégeant l’aluminium, toxique quand il se libère. Les sables coquillés ont un bon effet sur le blocage d’aluminium, à condition d’être grossier. La nacre contenue dans la partie extérieure de ces coquillages est constituée d’aragonite, matériau plus dur qui bloque l’élément toxique. Le CaCO3 grossier va contenir l’aluminium dans un complexe stable d’aluminate. »
Chauler selon la teneur en carbonate
Autre point, la teneur en carbonate du sol. « Ce n’est pas le calcium qui agit sur le pH, mais le carbonate qui va libérer une base qui modifiera l’acidité ». Avant de chauler, l’agronome conseille vivement un classement grâce au « test de carbo », à l’aide d’acide chlorhydrique. « Un sol sera classé carbo 3 si un bouillonnement fort est observé. Pas de chaulage dans ce cas, comme pour le sol classé carbo 2, avec un faible bouillonnement avec l’acide. Si aucune observation ne se fait mais qu’un chuintement se fait entendre, le sol est en carbo 1, le chaulage peut être conseillé. Le sol carbo 0 n’aura ni chuintement ni bouillonnement visuel, un chaulage est alors impératif. » Fanch Paranthoën