La collecte mondiale de maïs grain va reconstituer les stocks grâce au formidable potentiel exprimé par cette plante en 2014. La chute du prix de cette céréale fourragère va relancer les filières éthanol et viande bovine aux USA. Une histoire qui se répète ?
Au niveau de l’offre, dans tout l’hémisphère nord, le cycle végétatif du maïs s’est déroulé idéalement. Les perspectives de récolte sont annoncées records, particulièrement aux USA et en Europe de l’Ouest. Les projections de récolte du Comité international des céréales (CIC ) atteignent 974 millions de tonnes et celles de l’USDA sont encore plus optimistes à 988 millions de tonnes… En France, la récolte dépasserait les 17 millions de tonnes. À noter que depuis ce début du 21e siècle, l’augmentation de la production mondiale est spectaculaire : + 62 %.
Du côté de la demande, les débouchés du maïs en éthanol souffrent d’un prix du pétrole trop bas, du fait d’une offre abondante et d’une croissance en berne. La concurrence des gaz de schiste est une nouvelle donne qui pénalise l’attrait des biocarburants. Cette situation peut changer rapidement, du fait de la moindre tension géopolitique au Moyen-Orient. En revanche, les besoins en alimentation animale vont fortement progresser du fait de sa compétitivité en prix.
Le séchage
Réduire au maximum ses frais de séchage : du fait de la baisse des cours, l’impact des frais de séchage pénalise d’autant la marge nette de cette culture. Retenons que dans notre région, chaque semaine qui passe avec des températures moyenne supérieures à 12°C permet de gagner un point d’humidité. Ce séchage naturel est à maximiser tant que la culture est saine et bien debout. L’intérêt de cette patience est double car le battage d’un maïs inférieur à 33-34 % d’humidité réduit la part de grains cassés et de niveau des impuretés.
Les autres facteurs à suivre…
Outre l’offre et la demande, l’évolution des monnaies est un facteur à prendre en compte : la dévalorisation de l’euro contribue à redonner de l’espoir au marché des grains européens. Désormais, les maïs français sont compétitifs tant sur l’intracommunautaire que sur les pays tiers. La qualité ne doit pas non plus être négligée. L’enjeu de cette collecte 2014 est bien l’accès aux exportations pour un équilibre de notre bilan. Cela impose le respect des qualités attendues par ce marché, c’est à dire moins de 5 % de grains cassés (idéalement un maïs battu en dessous de 33 % d’humidité) et une qualité sanitaire irréprochable en mycotoxine. Il faut dont prévenir tout échauffement sur les plateformes en avant-séchage, et donc respecter les plannings de séchage.
Les fonds spéculatifs entrent également dans l’équation.
Prix final 2013 maïs grain à Triskalia
154,73 €/t (hors échange céréales aliment et prime d’engagement) contre 209,58 €/t en 2012. Nos filières ne peuvent pas (di)gérer des prix qui varient du simple au double en si peu de temps !
En effet, les prix actuels sur les marchés des grains sont historiquement bas. Les autres matières premières (énergie, métaux…) sont aussi frappées de déflation. Le positionnement des fonds spéculatifs sera à suivre de près en fin d’année civile. L’idée d’une prise de profit en 2014 pour assurer les résultats sur l’année civile et un retour aux achats en fin d’année font partie du scénario classique pour ces opérateurs… Enfin, du côté de l’analyse technique, il ne faut pas oublier que les ordinateurs qui œuvrent par des lois statistiques sur les marchés à terme sont calés sur des points d’achats forts et psychologiques à 130 €/t sur Euronext et 3 $ du boisseau sur le marché de Chicago. Tous ces éléments viennent renforcer l’idée qu’une baisse supplémentaire des cours ne peut intervenir durablement. La rentabilité de la culture étant remise en cause, l’offre ne peut que se réduire… Michel Le Friant / Triskalia