Agronomie : gérer l’énergie de son sol

couverts-vegetaux-energie-sol-agronomie - Illustration Agronomie : gérer l’énergie de son sol

Yves Hardy, conseiller agronome, insiste sur le rôle indispensable du sucre dans le sol, pour le fonctionnement des microorganismes. Cette énergie peut être apportée par la destruction des couverts végétaux.

En s’appuyant sur la méthode Hérody, Yves Hardy estime le potentiel biologique des sols : « Quand on étudie un profil, il ne faut pas essayer de l’interpréter, mais plutôt noter ce qui est observé. Les analyses de laboratoire viendront compléter le diagnostic, et l’un ne va pas sans l’autre ». Ces thèmes ont été abordés lors de la remise des analyses parcellaires à un groupe d’agriculteurs ayant suivi une formation agronomique organisée par le Smega* et le Gab22.

[caption id= »attachment_4693″ align= »aligncenter » width= »300″]Après le champ, la formation théorique en salle Après le champ, la formation théorique en salle.[/caption]

Azote et couvert

Tout l’azote présent dans le sol n’est pas forcément disponible. Avec la mise en place de couverts végétaux, l’incorporation de sucres dans le sol peut être importante, surtout si la destruction est réalisée sur une plante jeune. Ce carburant nécessaire au développement des microbes est crucial pour rendre disponible les éléments minéraux aux cultures. « Dans le cas d’exploitations ne disposant pas d’effluent d’élevage, comme en maraîchage, l’apport de compost ou de déchets verts ne s’avère pas si intéressant que cela. Une part importante de carbone s’accumulera dans le sol sans avoir d’effet structurant. Certaines techniques optent même pour l’épandage d’ensilage de luzerne. Fauchée jeune car très riche en sucres, cette légumineuse peut être stockée en taupinière pour être ensuite désilée en janvier et apportée au sol. Cette nourriture pour les micro-organismes favorisera le démarrage au printemps », commente Yves Hardy, référent local de la méthode Hérody. Cette gestion du carbone est très importante pour l’agronome. « J’ai rencontré un maraîcher dont le sol de la serre était noir et bétonné. La terre était immobilisée par le carbone trop présent. La seule solution a été de débâcher pour semer une prairie et de remonter la serre plus loin. » Autre point à surveiller, l’épandage de digestats provenant de méthaniseur et contenant énormément d’humus stables. « Ces humus ont une durée de vie très longue, car très difficile à dégrader par les microbes. »

Mobilité des ions du sol

Les champs bretons sont riches en aluminium, métal pauvre présent en sol granitique. « C’est un élément très peu utilisé par les organismes vivants, sauf par certaines espèces comme les joncs, les genêts ou les ajoncs. Il sera d’autant plus présent dans un sol acide : la mobilité des ions du sol est liée au pH. L’ordre de libération par mobilité des éléments est le suivant : le magnésium est rendu mobile en premier, puis avec une acidité plus importante le calcium, le manganèse, le fer et enfin l’aluminium. On pourra donc en déduire dans une analyse de terre qu’en absence de manganèse et avec une proportion plus importante de fer en profondeur qu’en surface, le lessivage du sol est important. En plus de sa toxicité, l’aluminium peut aussi bloquer des éléments importants pour les cultures, à commencer par le phosphore. » L’équilibre d’un sol passe donc par des observations simples, mais aussi par la connaissance historique de ses parcelles.

Quid des Ni-Ni ?

Ces éléments délicats à assimiler sont mesurables et peuvent être corrigés. « Les matières organiques qui ne vont ni humifier, ni minéraliser sont appelées Ni-Ni. Les sols à teneur forte en surface et faible en profondeur sont la résultante d’un apport récent de Ni-Ni. À l’inverse, des grandes proportions en surface et en profondeur reflètent des apports de matières difficilement dégradables anciennes. Pour pallier ce phénomène, des chaulages géologiques conséquents sont inévitables, à raison de 10 tonnes par hectare de calcaire grossier. »
Autre approche de la matière organique, celle des MOF. « Les matières organiques dites fugitives sont également un très bon indicateur de l’activité biologique des sols. Une teneur élevée renseignera sur un sol actif. Attention toutefois aux sols hydromorphes où les sucres sont réduits et surévaluent ces matières. Le risque de fuite des MOF est mesuré lorsque les proportions sont identiques en surface et en profondeur. Dans les sols riches en fer, les matières organiques vont être combinées à ces ions et peuvent être lessivées. L’apparition de chardons ou de rumex est souvent citée comme indicateur de lessivage de la MOF. » Fanch Paranthoën

*Syndicat Mixte Environnemental du Goëlo et de l’Argoat


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