L’observation du paysage permet de décrypter le cheminement de l’eau dans le sol.
Les cartes géologiques illustrent bien la complexité de la nature de la roche mère se trouvant sous nos pieds. Il suffit parfois de quelques dizaines de mètres pour voir une différence de composition chimique du sol. C’est dans ce cadre que l’Epab a invité Christophe Coussement, docteur en géologie à diagnostiquer un sol sur Plomodiern. La première étape, arrivée au champ, n’est pas de sauter sur sa bêche pour creuser. « La lecture du paysage est le premier élément à observer. Nous remarquons tout de suite la transition entre les roches tendres et les roches plus dures. Le paysage se décompose en trois parties : un relief, car la parcelle est adossée au Menez Hom, une zone plane et la baie de Douarnenez.
Cette partie de Plomodiern était d’ailleurs sous les eaux de la vallée d’Ys », décrit le géologue. Cette perception du relief amène à réfléchir sur le ruissellement des eaux de ce champ en pente. « Le relief compresse la dépression atmosphérique, ce qui augmente les précipitations. En résultent des différences mesurées de hauteur de pluie, de 900 mm en bord de mer à 1 200 mm sur le relief, ce qui peut représenter 20 jours annuels supplémentaires d’ondées. La parcelle elle-même peut alors être qualifiée. Le haut de cette dernière présente une rupture de pente convexe, synonyme de sol maigre puisque les éléments sont entraînés plus bas. À l’inverse, la rupture de pente concave située plus bas aura une épaisseur de sol supérieure. Enfin, une zone humide borde le champ ».
Observer la roche mère
Sur ce sol pierreux en haut de parcelle, il est aisé de distinguer la nature de la roche mère. Les cailloux sont d’aspect rose et verdâtre, difficiles à casser. « Cette teinte rosée provient d’hématite de fer. La roche mère est donc de type grès. La silice contenue dans cette roche détritique libérera des petites particules d’argile, mais pas de type minéralogique ayant des propriétés de réserves importantes. Des acides siliciques seront aussi libérés par la roche mère, responsables de pH bas ».
Le sol de couleur brun en surface est révélateur d’une bonne teneur en matières organiques. « Le mélange du fer contenu dans la roche mère avec les matières organiques donneront une teinte ocre à la terre. Si un sol noir est observé, c’est qu’il manque d’éléments ferriques », conseille Christophe Coussement.
Circulation de l’eau vers la nappe
Après un lessivage rapide vers la nappe, la vitesse de l’eau se ralentit fortement, estimé à 5 cm par jour de façon horizontale. 40 à 50 % de l’eau finit en profondeur, et les volumes de précipitations représentent suivant les régions plus de 10 000 tonnes. Une petite moitié des eaux à circuler sous nos ponts proviennent des nappes, pouvant atteindre 100 % en été. Enfin, les eaux souterraines à fleur de la surface en zone humide produiront des cailloux plutôt ronds en fond de vallée, plus anguleux sur les pentes avoisinantes le fond de vallée.
Garder de la porosité
La porosité idéale se situe à 40 % de vide dans un sol. « 1 m3 de terre a en moyenne une densité de 1 t 700. Si on lui retire l’espace occupé par la porosité, cette densité monte à 2 t 400 toujours pour 1 m3, soit la densité du granit. Un sol se tasse en perdant sa structure. Le fer et le calcium sont des floculants essentiels à la tenue de la terre. En cas de lessivage de ces éléments, le sol perd de sa structure ». Dans ce champ, exploité par Gilles Brelivet, des difficultés ont été rencontrées lors du semis de colza. Après un diagnostic de profil, les observations sont sans appel. « Le champ a été lessivé de façon latérale. Pris rapidement en masse, il a perdu les éléments nécessaires à sa cohésion. Le sol est asphyxié à 40 cm de profondeur avec les résidus de l’anté-précédent, à savoir des chaumes de maïs », pense le spécialiste des sous-sols. Le passage d’une sous-soleuse à 40 cm de profondeur avec un écartement de 22 à 25 cm entre chaque dent est une solution possible. Fanch Paranthoën