Six agriculteurs ont adhéré au projet de création d’une filière bois locale pour alimenter la toute nouvelle chaufferie bois d’Auray. Il en faudrait une vingtaine pour atteindre le volume escompté.
En service depuis décembre 2013, la chaufferie bois d’Alré’O chauffe la nouvelle piscine, mais aussi l’hôtel voisin et, plus tard, le futur cinéma. « Un choix à la fois économique et environnemental », selon Cécile Le Bars, en charge de cette nouvelle filière sur le territoire d’Aqta (Auray-Quiberon- Terre Atlantique). « L’étude de faisabilité nous a montré que l’on pouvait chauffer une dizaine de piscines comme la nôtre compte tenu du potentiel du territoire, sans concurrencer le bois bûche et en assurant la pérennité des haies actuelles ». L’approvisionnement en bois est entièrement local. Les agriculteurs sont sollicités pour fournir la moitié des 900 tonnes de plaquettes sèches annuelles nécessaires au chauffage de la piscine. « Actuellement, les six agriculteurs adhérents fournissent déjà 20 % du volume, en première année ». L’objectif devrait être rapidement atteint, sur une zone qui s’étend de Quiberon à Camors. Le reste du bois est fourni par les forestiers ou par le bois d’opportunité (urbanisation de terres, chantiers…).
Approche économique
Les agriculteurs qui adhèrent au projet doivent, au préalable, réaliser un plan de gestion de leurs haies sur leur exploitation. Un inventaire, une évaluation du gisement à prélever et une approche économique sont effectués. Chez Philippe Le Godec, à Plumergat, 6,6 kilomètres de haies et 3 hectares de bois maillent les 145 hectares de l’exploitation. De quoi fournir 46 t de plaquettes humides (33 t de plaquettes sèches) chaque année, en entretenant simplement les haies. « Cette première année, j’ai livré 22 t. Le déchiquetage par l’UD Cuma m’a coûté 480 € pour deux heures de travail et le transport des plaquettes à la plate-forme de stockage de Pluvigner 132 € (6 à 8 €/t en moyenne, selon la distance). Le chiffre d’affaires est de 1 452 € ; il reste donc une marge de 38 €/t de plaquettes ». De quoi rémunérer la coupe, qu’il réalise pendant l’hiver. « Avant, je coupais des bûches et le reste des branchages était perdu. Aujourd’hui, tout est valorisé, y compris les essences secondaires, et je gagne du temps ». En moyenne, les marges escomptées varient autour de 30 €/tonne livrée. « La marge dépend de la densité de la haie, de la qualité du bois de taille, de la préparation du chantier de déchiquetage, de la distance de livraison », indique Samuel Le Port, de la Chambre d’agriculture. La productivité moyenne d’une haie varie du simple au triple. Les agriculteurs engagés dans la démarche, outre les aspects économiques ou de gain de temps de travail, y voient aussi une démarche écocitoyenne. Les plaquettes de bois sont livrées par les agriculteurs à la plate-forme de stockage de Pluvigner. Elles y restent 4 à 6 mois avant d’être acheminées par les services d’Aqta à la chaufferie d’Auray. Bernard Laurent