Les membres de l’association s’inquiètent du contexte laitier annoncé dégradé dès le début de l’année 2015.
« En Allemagne, les prix des produits laitiers à l’étalage ont déjà commencé à baisser depuis septembre », notent Didier Le Corfec et Isabelle Conan de l’Apli 22. À quelques jours de leur assemblée générale en Ille-et-Vilaine, ils sont inquiets pour l’avenir. « D’un côté, on nous répète que le monde a soif de lait. De l’autre, un petit embargo russe fait tomber les cours… Pour 2015, les perspectives ne sont pas bonnes. Il y a même trop de lait produit dans le monde pour que les prix se tiennent. »
L’Apli et l’EMB tiennent assemblée en Bretagne
L’AG de l’Apli a lieu jeudi 20 novembre, 14 h, à La Selle-en-Coglès (35). Aurélie Trouvé, maître de conférences en économie à Agroparistech et André Pflimlin, ancien collaborateur à l’Institut de l’Élevage, interviendront sur les perspectives du marché laitier. En parallèle, se tiendra l’AG de l’European Milk Board rassemblant des producteurs de 13 pays pour discuter des « stratégies futures pour l’après-quota. » Tous les éleveurs français sont invités à venir débattre avec leurs confrères européens jeudi 20, à 20h30, à l’hôtel « Le Lion D’Or » à St-Brice-en-Coglès. Infos : 06 83 34 79 25
320 € / 1 000 L en 2015, ou moins ?
La contractualisation n’est pas digérée non plus. « En France, nous avons signé des contrats et pourtant notre lait est parmi les moins payés d’Europe. C’est un échec. Cette année, nous avons perçu 30 € / 1000 L de moins que les Allemands. 50 € de moins que les producteurs d’Arla, la coopérative géante qui collecte dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre…»
Les Aplistes sont inquiets pour les éleveurs, sempiternelle « variable d’ajustement perdant son pouvoir au bonheur des industriels et des organismes financiers. » Ils rapportent que « déjà un tiers des ateliers lait n’arrivent pas à joindre les deux bouts selon les centres comptables. » Les repas de chantier d’ensilage ont été l’occasion de prendre le pouls de producteurs de lait « qui n’ont pas de matelas de trésorerie pour encaisser une crise. » Alors que « certains prédisent qu’au printemps 2015, le prix d’intervention, à 240 € / 1 000 litres, pourrait être atteint », l’Apli imagine « maximum 320 € de moyenne sur l’année qui seraient pires que les 280 € de 2009 car le coût des intrants a fait un bond de 30 à 50 % depuis. »
Alors, l’association à travers l’European Milk Board (EMB), organisation européenne des producteurs laitiers, cherche « la volonté politique nécessaire » pour mettre en place une régulation « capable de protéger le revenu » de l’éleveur. Proposition phare : « une agence de surveillance des marchés, moins rigide que les quotas », influençant les volumes produits en fonction de l’évolution des cours. Pour ne pas se retrouver sur le chemin de la filière porcine : « de moins en moins d’éleveurs à qui on demande d’être de plus en plus techniques et d’en faire toujours plus, sans s’en sortir au final. » Toma Dagorn