Baisse de production en Océanie et réorientation de leurs marchés d’exportation vers l’Asie… Le prix de l’agneau français profite de ces évènements mondiaux malgré une consommation en chute.
Malgré une consommation morose et la chute du prix des peaux qui impacte négativement la cotation depuis juillet, le cours français de l’agneau a remonté depuis fin septembre, pour atteindre plus de 6 €/kg de carcasse ces derniers mois, face au manque de disponibilités dans les campagnes françaises. Et ce, malgré la stabilisation des cheptels dans les zones de plaine au nord de la Loire, dont la Bretagne, pénalisée par le recul de la production dans le Sud-Ouest, zone ovine historique. Un phénomène qui s’est complètement inversé sur les 15 dernières années.
Des prix moyens 2014 identiques à 2013
Globalement 2014 devrait permettre une meilleure valorisation que 2013. Cette campagne est marquée par un bon début d’année et des cours plus faibles sur le second trimestre (voir graphique). Les prix de avril à juin, jamais atteints auparavant, auront nettement favorisé les systèmes herbagers.
[caption id= »attachment_4553″ align= »aligncenter » width= »300″] Cotations agneaux prix de base R3.[/caption]
L’agneau néozélandais se tourne vers la Chine
Si l’Océanie produit 12 % de la viande ovine mondiale, elle exporte presque tous ses agneaux au vu de sa faible population. Et sur les 285 700 tonnes équivalents carcasse (téc) qui entrent en Europe, 80 % des agneaux proviennent de Nouvelle-Zélande. Avec l’Australie, ces deux plus gros exportateurs connaissent une réorientation de leurs débouchés historiques, l’Europe et l’Amérique du Nord, vers les marchés émergents que sont le Moyen-Orient et la Chine. L’attrait d’un nouveau marché moins rémunérateur, mais offrant une forte croissance. Pendant longtemps autosuffisante en viande ovine, la Chine est devenue le premier pays importateur du monde en doublant ses achats en 2013 par rapport à 2012.
La France produit 45 % de sa consommation en viande ovine
En 2013, la France a produit 83 000 téc, soit 45 % de la consommation de viande ovine nationale. Cette dernière est à la peine et décline sur le long terme. De 5,5 kg/hab en 1995, elle est passée à 2,7 kg/hab en 2013. En cause : un manque de disponibilité d’agneau français et des prix au détail élevés, qui découragent les acheteurs potentiels et des consommateurs de plus en plus âgés.
L’Océanie subit les contrecoups de la sécheresse
En même temps, l’Océanie subit les contrecoups de la dernière sécheresse qui a sévi durant l’été austral de 2012-2013. La sécheresse a impacté les naissances d’agneaux et devrait continuer à limiter la production néo-zélandaise en 2014-2015. D’autant que l’élevage bovin laitier a tendance à grignoter les terres autrefois dédiées à l’élevage ovin. Néanmoins, des gains de productivité en ovin sont observés et compensent ce développement du cheptel de vaches laitières. Cette baisse de disponibilité en Océanie, couplée à la hausse rapide de la demande chinoise, tend à tirer les prix mondiaux à la hausse. En Europe, seules la Grande-Bretagne et la Roumanie voient leur cheptel ovin allaitant augmenter. Et même la Grande-Bretagne a réorienté une partie de ses envois vers l’Asie. Depuis 2009, elle exporte une part croissante de sa viande ovine vers la Chine en passant par Hong-Kong. Carole David