Trois élevages de volailles ont été touchés par le virus ces derniers jours en Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni. La France renforce sa surveillance et pourrait prendre rapidement des mesures de protection.
La France renforce sa surveillance contre l’Influenza aviaire, suite à la découverte de trois cas aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a demandé à ses services de se mobiliser et de renforcer les dispositifs de surveillance sur le territoire. Il a aussi saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin de connaître l’évolution du risque en France et la dangerosité de la souche. Selon Félix Mahé, responsable technique de la section avicole du GDS Bretagne, « le virus est propagé par les courants migratoires d’oiseaux sauvages (cygnes, canards) venant du nord du continent européen qui ont des contacts avec les volailles domestiques des élevages infectés. »
Un virus des oiseaux sauvages
« Le virus H5N8 est connu depuis le début de l’année sur des populations d’oiseaux sauvages et domestiques en Corée, au Japon et en Chine », explique Félix Mahé. Mais, depuis quelques jours, l’inquiétude monte en France. Cette nouvelle souche de la grippe aviaire a été identifiée pour la première fois en Europe au début du mois de novembre dans un élevage de dindes du nord de l’Allemagne. « L’éleveur va constater une baisse de la consommation d’eau et d’aliment, ainsi que des problèmes respiratoires, digestifs, une mortalité rapide et importante », précise Félix Mahé. Le 16 novembre, c’est un élevage de 150 000 poules pondeuses qui est touché aux Pays-Bas. Le lendemain, un cas est signalé dans un élevage de 6 000 canes reproductrices au nord du Royaume-Uni. Dans cet élevage, les symptômes étaient une chute de ponte bien marquée et une augmentation de la mortalité (5,6 %). Dans ces trois cas, le cheptel a été abattu et un périmètre de surveillance de 10 km a été établi autour de l’exploitation.
Les critères d’alerte des pestes aviaires en élevage
- Baisse de la consommation d’eau
- Baisse de la consommation d’aliment
- Chute du taux de ponte
- Symptômes respiratoires et digestifs
- Augmentation de la mortalité
100 millions de perte pour la filière avicole néerlandaise
Les autorités sanitaires des Pays-Bas ont pris des mesures drastiques pour éviter la diffusion du virus. Les animaux infectés ont été abattus comme en Allemagne et au Royaume-Uni. Ils ont imposé une interdiction pendant 72 heures, à partir du 16 novembre, de tout transport de volailles vivantes, d’œufs, de fientes et litières entre élevages de volailles sur la totalité du pays. Toute forme de chasse est interdite. Des mesures supplémentaires d’interdiction sont imposées pour les 16 élevages de volailles dans le périmètre de 10 km autour du foyer pendant 30 jours. Ces élevages se voient imposer des mesures restrictives pour les visites et une surveillance sanitaire renforcée. Selon la presse aux Pays-Bas, les mesures prises par les autorités sanitaires pourraient entraîner une perte de 100 millions d’euros pour la filière avicole du pays. Chaque jour, c’est 2 à 2,5 millions de poussins qui ne peuvent pas être livrés en élevages. Du côté des abattoirs, les 8 000 salariés sont au chômage technique. Même si aucun cas n’a été détecté dans le pays, les autorités belges ont pris des mesures de protection des élevages de volailles sur l’ensemble de leur territoire.
Vers un relèvement des niveaux d’alerte en france
« En France, on s’attend à un relèvement des niveaux d’alerte, prévu par l’arrêté ministériel du 5 février 2007, avec des mesures de protection renforcée des élevages. La faune sauvage sera sous surveillance et les oiseaux retrouvés morts seront analysés. Dans les prochains jours, les autorités sanitaires pourraient demander que les systèmes d’alimentation et d’abreuvement extérieurs soient ramassés pour éviter le contact entre animaux sauvages et domestiques », indique Félix Mahé. Suivant les évolutions, il se pourrait que les volailles ayant accès à des parcours extérieurs soient confinées dans les bâtiments.
Rappel aux éleveurs des critères d’alerte
Nous retrouvons deux gros couloirs de migration en France : un à l’Est et l’autre sur l’Ouest passant au-dessus de la Bretagne. « On attend de voir si des oiseaux sauvages porteurs du virus H5N8 sont trouvés, les vétérinaires spécialisés en volaille sont très vigilants. La section avicole du GDS Bretagne et OVS animal Bretagne rappellent aux éleveurs les critères d’alerte définis par l’arrêté du 5 février 2007 qui motive l’appel à son vétérinaire sanitaire (voir encadré ci-dessus) », conclut le responsable avicole du GDS. Nicolas Goualan