Cette année, avec un maïs énergétique et encombrant, l’équilibre de la ration est de rigueur pour éviter l’acidose subclinique, d’autant plus en fin de gestation.
Ensilé le 26 septembre, le maïs de Jean Lechevestrier, éleveur ovin à Trélivan (22), était encore vert. Et pourtant, les analyses ont révélé un taux de matière sèche élevé, à 36 %. Le rendement était au rendez-vous, « même meilleur qu’en 2011 », avec 12 t MS/ha. Une sécurité en stock fourrager pour son exploitation de 540 Romanes où le maïs trouve une place importante, avec des sols séchants l’été. La pluie, pendant la floraison en juillet et en août, a permis une proportion d’épis importante, induisant une richesse en amidon qu’il conviendra d’équilibrer durant la campagne. « Ces mois-ci, il faut donc être très vigilant par rapport à l’encombrement élevé de ce fourrage, alors que les brebis en fin de gestation ont une capacité d’ingestion limitée », remarque le producteur.
Diversifier les apports de fibre
« Un ensilage sec et riche en amidon, comme ici à 36 % de MS, entraîne des risques acidogènes », rappelle Coralie Chaumeny, technicienne à Bergeries de Bretagne. Il faut donc diversifier l’apport de sources de fibres, corriger le niveau énergétique avec un apport d’azote, le tout en lien avec la capacité d’ingestion selon le stade physiologique des lots de brebis. « Le rationnement de l’ensilage de maïs sera donc obligatoire pour les brebis en fin de gestation et maîtrisé pour les brebis en lactation », conseille la technicienne.
Jean Lechevestrier prépare ses lots de brebis, deux mois avant l’agnelage, avec 4 kg bruts de maïs, ce qui laisse théoriquement la possibilité de consommer 200 g de foin moyen/brebis/j. La ration est corrigée avec une distribution de 200 g d’un mélange de colza/soja à 44 % de MAT et une complémentation minérale à 30 g/brebis/j.
Une hauteur de silo adaptée à la taille du cheptel
« Facile à distribuer, le maïs est un aliment intéressant pour une reprise d’état corporel des brebis avant la mise en lutte », apprécie Jean Lechevestrier. C’est aussi un fourrage de base intéressant pour une production mixte bovin/ovin. Mais dans tous les cas, le silo d’ensilage doit être de dimension cohérente avec la taille du troupeau, pour permettre une vitesse d’avancement de 25 cm/jour sur le front d’attaque. « Je ne dépasse jamais 1,80 m de hauteur dans mon silo couloir large de 6 m », calcule le producteur. Cette année, pour stocker le rendement excédentaire, un silo taupinière a vu le jour.
Le fourrage apporté avant le concentré
« Pour limiter les problèmes acidogènes, j’aurai dû apporter du bicarbonate de soude sur la maïs dès l’ouverture du silo », regrette l’éleveur. Dans quelques semaines, un mois avant l’agnelage, les besoins des brebis vont être croissants. Mais en fonction du nombre de fœtus, le maïs devra être rationné, à 3 kg bruts. Pour maintenir la rumination, la part du foin augmentera à 500 g/brebis/j. Et l’éleveur de rappeler la règle de base : « Le fourrage est toujours apporté avant les concentrés ». L’équilibre de la ration sera alors réalisé par 600 g de triticale, fractionnés en deux repas au minimum et le correcteur azoté sera augmenté de 100 g. « La pierre pur sel, mise à disposition des animaux, a tout son intérêt dans les rations à base de maïs ensilage. Elle engendre salivation et absorption d’eau, favorise l’effet tampon dans le rumen », insiste la technicienne ovin. Carole David