Mi-novembre, le pâturage constitue encore les 2/3 du menu des vaches sur l’EARL de Lanavan, à Mahalon (29). Dans le mois à venir, la fin de la saison d’herbe marquera aussi le tarissement pour la moitié du troupeau.
À Mahalon, dans le Cap-Sizun (29), la saison de pâturage va prochainement se terminer : « Les vaches pâtureront jusqu’à fin novembre, au plus tard mi-décembre. Après, c’est repos pour l’ensemble des prairies, pendant 4 mois », annonce Alain Normant.
Préparer les vêlages de mars
Le pâturage constitue encore les deux tiers de la ration des 60 vaches laitières. « L’herbe d’automne est encore très riche en azote, du fait autant de la minéralisation du sol que des apports d’amendement réalisés en septembre », complète l’éleveur. Tout doucement, cette part de pâturage est substituée par un mélange ensilage d’herbe /maïs ensilage, représentant aujourd’hui 5 kg MS/ VL (puis 14 kg MS en hiver) et de 3 à 4 kg MS/ VL de foin (puis 1 kg MS). La production de lait se maintient à 12 L par vache (TB 47 et TP 37).
La moitié du troupeau sera tarie à la fin du pâturage. Seulement ¼ du troupeau (taux leucocytaire élevé, animal douteux) sera tari avec des antibiotiques. Suivant leur note d’état corporel, les vaches en bon état (indice > 3) passeront l’hiver dans des prairies naturelles et des bois (10 ha), alimentées d’enrubannage et de foin à volonté. Les autres resteront en bâtiment. L’éleveur a regroupé pour l’année prochaine la majorité des vêlages en mars pour « produire du lait en profitant au maximum d’un fourrage qui coûte le moins cher au printemps. »
Une saison de pâturage exceptionnelle
La météo a été relativement clémente pour les systèmes herbagers pâturants en 2014 : la pluie et les tempêtes du début d’année ont laissé la place à un printemps doux et un bel été, alternant pluie et chaleur. Le pâturage en plat unique pour les vaches en production a duré 225 jours, soit 7,5 mois, à l’EARL de Lanavan. Les vaches ont consommé environ 3,4 tonnes d’herbe pâturée et ont produit plus des 2/3 de la production annuelle de lait.
La ferme
- 1 chef d’exploitation + 1 salariée
- 71 ha SAU
- 302 000 L quota lait (247 000 L réalisé sur 2013-2014)
- 55 ha accessibles aux vaches
- 66 vaches (3/4 croisées et 1/4 Prim’Holstein)
- 4 000 L/ VL (en 2013-2014)
- Atelier d’engraissement
- Certifiée agriculture biologique
« Le coût alimentaire pendant cette période s’élevait à 12 €/ 1 000 L. Avec un prix payé moyen de 484 €/ 1000 L, la marge sur coût alimentaire est donc de 472 €/ 1000 L ». Il faut aussi noter qu’Alain Normant n’apporte plus aucun concentré : « Dans mon système avec monotraite, les concentrés ne sont pas suffisamment efficaces pour produire du lait. Je préfère avoir un litrage bas avec des taux élevés à peu de frais que l’inverse ». Depuis deux années pleines, les vaches d’Alain Normant ne sont traites que le matin : « J’ai surtout gagné en confort et en qualité de vie. Mais aussi au niveau des charges d’exploitation (amélioration de la fertilité (90% vaches fécondées en 2e IA), soins vétérinaires, etc.). »
Des projets pour les prochaines années
L’éleveur projette encore d’améliorer son système de production en étudiant les marges de progrès possibles de son système fourrager : « Arrêter la culture de maïs me permettra de disposer d’une plus grande surface d’herbe, en particulier lors des périodes estivale et automnale. J’ai commencé à implanter de la luzerne pour avoir des stocks pâturables l’été. »
Alain Normant vise aussi des progrès au niveau des charges de structure : frais de mécanisation, etc. Pour cet agriculteur, l’efficacité de son système n’est pas un vain mot : « La monotraite, le croisement de races permettent de mieux valoriser le lait, mais il faut le produire à moindre à coût et faire en sorte qu’il soit bien payé, en l’occurrence sur la matière utile ». Civam 29 : 02 98 81 43 94
L’avis de :
J.-F. Orain à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines (56), en zone séchante
Avec le retour des pluies (40 mm ces jours-ci) et des températures favorables, la pousse de l’herbe est repartie. Pour l’instant, j’ai l’impression qu’il y aura de l’herbe pâturée jusqu’à mi-décembre mais pas en plat unique. Je trais 50 VL qui produisent 14 L/VL/j (TB 43 ; TP 33). Leur ration est composée d’herbe pâturée, d’une dérobée colza-radis pâturée au fil, de foin et d’enrubannage distribués le soir, plus 1 kg de concentré. D’ici 15 jours, j’ouvrirai le silo d’herbe. Je pense que le pâturage constituera la moitié de la ration pendant encore 1 mois, sauf si le gel arrive. C’est une année très bonne pour l’herbe : en plus d’une belle saison de pâturage, nous avons récolté 2,5 mois de stocks. Civam AD 56 : 07 85 26 03 02
Jérôme Oizel à Le Fœil (22), en zone humide
Aucun stock n’a été encore consommé cette année, sauf pour les animaux en engraissement. Le lot principal des allaitantes va finir son quatrième tour, sur les terres les plus portantes. J’ai arrêté le pâturage au fil pour éviter d’abîmer les prairies, les animaux restent maintenant 3 à 4 jours par paddock. Le cinquième tour va durer environ un mois : les vaches auront du foin dans un râtelier, à peu près une demi-ration. J’ai pour objectif de ramasser ce lot la première quinzaine de décembre mais c’est la météo qui va commander. J’ai épandu du compost sur 9 ha de prairies plutôt humides. Il me reste 10 ha de prairies à épandre quand il n’y aura plus d’herbe sur pied. Cedapa : 02 96 74 75 50
Marcel Tuaux à Montours (35), en zone humide
Les 45 vaches laitières produisent actuellement 16 kg de lait (42 TB, 33 TP). La ration est composée d’1 kg de foin, puis 3 kg de maïs ensilage après la traite du matin. 3 kg de maïs sont de nouveau distribués le soir. Mais le fourrage majoritaire dans l’alimentation reste encore le pâturage (jour et nuit). Avec la pousse de l’herbe de cet automne, j’ai préféré comme au printemps, apporter de l’énergie par le maïs pour valoriser l’azote présent par le pâturage sans apport de concentré. La fermeture du silo maïs dans une semaine coïncide avec l’ouverture de l’ensilage d’herbe, l’apport d’enrubannage et la fin de saison du pâturage. L’objectif est de déprimer les prairies avant l’hiver. Adage 35 : 02 99 77 09 56