Parti d’une démarche volontaire, des agriculteurs du bassin versant du Douron, le plan algues vertes tire aujourd’hui les conclusions de deux années de procédure. Bonne surprise, les résultats sont là.
Voila deux années que le plan algues vertes bassin versant du Douron – Anse de Locquirec a été lancé. Le syndicat mixte du Trégor et du pays de Morlaix analyse la situation des travaux engagés dans les exploitations agricoles en vue d’une réduction des flux de nitrate. « L’objectif initial de couvrir 80 % de la SAU du territoire concerné est proche, puisque 72 % de cette superficie connaît aujourd’hui des procédés plus respectueux de l’environnement. La démarche volontaire des agriculteurs pour signer un contrat d’engagement individuel a été moteur pour le projet », souligne Guy Pennec, président du syndicat mixte du Trégor.
Diagnostic avant travaux
Le bassin versant du Douron est excédentaire de 372 tonnes d’azote. Il faut donc trouver où se trouvent ces fuites, aussi bien par des sources non-agricoles comme les stations d’épurations ou les assainissements individuels, que de l’activité agricole elle-même. Des diagnostics sont donc réalisés chez les exploitants volontaires. « Les aspects agronomiques sont analysés, tout en ne perdant pas de vue le côté financier de l’exploitation », explique Joëlle Huon, vice-présidente du Conseil général et déléguée au pays de Morlaix, car les collectivité locales ont contribués au financement de ces actions. Ce diagnostic, Pascal Manchec, installé en production de volailles et de vaches allaitantes à Botsorhel, l’a réalisé. « Plutôt que de subir des mesures restrictives, nous avons fait le choix d’agir. Concernant mon exploitation, les bovins allaient librement au ruisseau. Aujourd’hui, un pont, une pompe de prairie, des clôtures et des buses ont permis de limiter fortement ces rejets d’azote dans la rivière. Sur un total de 12 000 € de terrassement et d’équipement, j’ai participé à hauteur de 2 000 € », chiffre l’éleveur botsorhelois. Et le président du syndicat mixte d’ajouter que « le projet doit rester cohérent : à chaque exploitation, sa solution. Bien souvent, l’exploitant a conscience des améliorations simples qu’il pourrait apporter à son système de production, mais faute de temps ou de moyens, l’idée n’aboutit pas ».
Boucle vertueuse
Le dispositif mis en place par le syndicat mixte consiste à octroyer à tout agriculteur, signataire d’un contrat et ayant déjà mis en œuvre des bonnes pratiques pour la réduction des fuites d’azote (entretien du bocage, couverture de sol…), un droit à intervention d’une entreprise de travaux agricoles qui compléte les travaux réalisés ou ouvre un nouveau chantier à vocation environnementale sur l’exploitation comme chez Pascal Manchec. « En signant le contrat, le syndicat mixte a pris en charge les frais de 12 heures d’entretien de clôture, l’épandage de fumier de dinde au printemps sur céréales ou encore le sur-semis de trèfle dans une pâture », indique l’agriculteur, impliqué dans la démarche.
Baisse des teneurs
La teneur en azote du Douron descend progressivement, pour atteindre entre 30 et 32 mg/litres. « L’objectif de 29 mg/litres est à notre portée. Des techniques simples comme le semis d’avoine sous couvert de maïs retiennent environ 25 unités d’azote par ha. D’autres alternatives, comme le sur-semis de pâture, à préférer à un labour qui favorisera la minéralisation des éléments chimiques et donc le lessivage, sont à développer. En règle générale, ce plan algues vertes a optimisé les pratiques des agriculteurs. Pour certains, cela a même été l’occasion de bouleverser le système de production : une exploitation du bassin versant a choisi ce moment pour se convertir en agriculture biologique.
Visuellement, les algues vertes ont été peu présentes cet été, avec pourtant des conditions favorables à leur développement. Nous ne pouvons pas en déduire une relation avec le plan engagé, car cette absence d’algues est sûrement due aux tempêtes hivernales, qui ont emporté le stock résiduel au large, mais on sent que les efforts portent leurs fruits », estime Yann Binaut, coordinateur du plan algues vertes au syndicat mixte. D’autres pistes sont aussi évoquées, comme l’échange parcellaire. Regrouper ses terres autour du siège d’exploitation favorise une rationalisation du temps de travail, et apporte alors une plus grande liberté dans la conduite de l’exploitation : meilleure gestion de l’assolement, de la fertilisation ou des inter-cultures. Fanch Paranthoën