De l’orge sous un couvert de moutarde, du blé sous un trèfle de 30 cm de hauteur. Au Gaec de Gars ar Saos, au Cloître-Pleyben (29), les semis sont effectués en direct, sans préparation du sol.
Travailler le sol de moins en moins profond. C’était un peu la devise des associés du Gaec de Gars ar Saos depuis l’abandon du labour, il y a une dizaine d’années. En 2010, ils ont franchi une nouvelle étape en achetant un semoir « Easydrill-Sulky », capable de semer toutes sortes de graines en direct, sans préparation préalable du sol. Cet automne, il a été mis à l’épreuve d’un couvert permanent de trèfle blanc. « L’an dernier, j’ai semé du colza en mélange avec 3 kg de graines de trèfle blanc », explique Gilbert Le Goff, l’un des trois associés, en charge des cultures. « Après la récolte du colza, le trèfle, qui végétait, s’est rapidement développé. En deux semaines, le champ était vert. » Au mois d’octobre, il a semé son blé directement sous le couvert. « Le lendemain du semis, j’ai réalisé un traitement chimique (1 litre de glyphosate à l’hectare), pour freiner le trèfle qui atteignait 30 cm de hauteur, de manière à ce qu’il laisse de la lumière aux plantules de blé. » Le semis est possible, selon lui, sans traitement de la biomasse existante. « Nous aurions pu récolter le trèfle, ou le broyer. A condition de prévoir un semis un peu plus tardif pour que le froid freine naturellement la repousse du trèfle. » Après le blé, le producteur prévoit de semer une orge, toujours sous couvert permanent, si la reprise est suffisante après moisson.
Couverts de courte et de longue durée
Sur d’autres parcelles, après la moisson, Gilbert Le Goff a implanté un couvert végétal d’un mélange d’une dizaine d’espèces végétales. « L’objectif est d’avoir une complémentarité entre les plantes, avec des systèmes racinaires différents qui explorent parfaitement le sol. » Les radis côtoient des plants de tournesol, de la moutarde, de la phacélie ou de la féverole. « Une partie des plantes est gélive. Les autres, comme l’avoine, sont détruites par un traitement au glyphosate (1 L/ha), au printemps. » Le semis du maïs est réalisé, ensuite, en direct. Des couverts de courte durée sont également implantés entre un blé et une orge. « J’ai semé de l’orge, en octobre, dans une moutarde bien développée, en direct. J’ai simplement effectué un traitement chimique (0,8 L/ha de glyphosate) pour éliminer les repousses de blé, après le semis. »
Un troupeau conduit en deux lots
Les 90 laitières sont conduites en deux lots sur deux aires paillées de part et d’autre d’un couloir d’alimentation. Le premier regroupe les fortes productrices (100 jours après vêlage). Ces animaux consomment la même ration toute l’année, à l’étable. Une ration à base de maïs fourrage, d’enrubanné de luzerne (4 kg de MS), de paille et d’un mélange de tourteaux, de minéraux, de mélasse, de blé et de pois. Ce prémix est mélangé (à la mélangeuse) une fois par semaine pour gagner du temps. Il est stocké sous hangar et repris chaque jour au godet pour être mélangé à la ration journalière. Le second lot reçoit le même mélange d’aliments mais sort au pâturage, sur les 10 hectares accessibles autour de l’étable (sauf en hiver). Le système permet de maintenir des vaches en état, de maîtriser la fertilité et d’avoir une production linéaire. La ration des génisses est composée d’enrubanné de luzerne, de paille, du mélange précité et d’un peu de maïs.
Économies
Les nouvelles pratiques de semis et d’implantation de couverts sont synonymes de gain de temps et d’argent. « Le sol a changé. Il ne se tasse pas. Le passage du tracteur et du matériel ne marque pas le sol, même en hiver. La vie y est bien plus présente (vers de terre, microorganismes). Nous économisons 1/3 d’azote environ sur la culture du blé. Les traitements herbicides sont moins nombreux. » Les rendements sont globalement équivalents. Aucune dégradation sanitaire des cultures n’a été constatée. « Il faut être vigilant au niveau des limaces la première année ; ensuite, les prédateurs naturels se développent et limitent leur expansion. Je mets 1 kg/ha d’anti-limaces au semis du colza. » Le gain de temps, même s’il est difficile à estimer car les pratiques ont évolué progressivement, est chiffré à 1/3 d’heure de tracteur par rapport à un système classique. « Il faut seulement 7 à 8 litres de carburant par hectare pour semer, avec un tracteur et un chauffeur. » Sur les 250 hectares de l’exploitation, les gains sont appréciables. Bernard Laurent
Programme du 11 décembre : Témoignages d’agriculteurs
- Un nouveau mode de distribution des fourrages
- Les nouvelles technologies comme aide au travail
- L’ergonomie : un chariot pour la vaccination des porcelets
- Valorisation des couverts végétaux
- Semis direct de céréales dans des couverts
- Couvert semé dans le maïs
- Une évolution des pâtures et de la conduite du troupeau
- Utilisation des auxiliaires de culture de l’artichaut
- Agriculture régénérative
Inscription : Catherine Biliec au 02 98 52 49 04, ou par mail catherine.biliec@finistere.chambagri.fr