Dave Ohman, vétérinaire aux États-Unis, a fait part de l’évolution des élevages laitiers de son pays lors d’une conférence-débat avec des producteurs d’Ille-et-Vilaine.
Né dans l’Iowa (centre nord des États-Unis), sur une ferme de 35 VL, Dave Ohman, passionné par la production laitière, a « migré » dans l’État voisin, le Wisconsin devenu très laitier, pour aller travailler. Ayant été vétérinaire dans une clinique rurale avec 4 associés, gestionnaire de grands troupeaux (1 200 VL, 600 VL), il travaille depuis 6 ans pour la société Diamond V qui commercialise des produits riches en nutriments servant à nourrir la flore digestive des animaux et ainsi améliorer les performances.
Lors d’une conférence-débat organisée par le Ceta 35 le 18 novembre à Acigné (35), il a fait un rapprochement entre le Wisconsin d’il y a 20-30 ans, et la Bretagne actuelle. « Il y avait alors 1,3 million de VL sur 30 000 exploitations : des élevages familiaux à deux traites par jour. Mais du fait des grandes variations du prix du lait et du profil capitalistique de notre pays, les élevages se sont concentrés, passant de 2 à 3 traites par jour, avec du salariat », commence le vétérinaire.
Spécialisation
Ensuite, pour rentabiliser leur salle de traite, « utilisée seulement 3-4 h par jour », les éleveurs se sont regroupés, certains se spécialisant sur le lait, avec des achats alimentaires extérieurs et l’export des lisiers, et d’autres sur les grandes cultures. « Les fermes de modèle familial n’ont pas tellement tenu, du fait du manque de rentabilité. Aujourd’hui, le Wisconsin compte moins de 10 000 exploitations pour un cheptel de 1,2 million de VL. Toutefois, certains systèmes familiaux avec de l’autonomie et des terres fonctionnent bien. »
Au fil du temps, le Wisconsin a laissé sa place de 1er état laitier à la Californie. « Le Texas, l’Idaho, le Colorado sont devenus des États de forte production laitière, où l’on peut se passer de stabulation. » Des remises en question sont toutefois en cours actuellement avec un coût alimentaire qui explose sur les exploitations californiennes, du fait des gros besoins chinois en matières premières. « Les prix bas du lait, la pression environnementale et la sécheresse ont entraîné une décapitalisation. »
Organisation hiérarchique
Les fermes sont souvent organisées avec un responsable troupeau et un responsable récolte – qui peuvent aussi être le propriétaire. Sous le responsable troupeau, le responsable des trayeurs est chargé de former et faire respecter les protocoles de traite. « Les trayeurs sont actuellement payés 9 à 13 $ de l’heure et travaillent 60 h par semaine. Un responsable de troupeau peut être rémunéré 150 000 $/an », informe Dave Ohman. Les Mexicains qui viennent travailler sur les exploitations américaines sont motivés en voyant qu’ils auront peut-être des opportunités d’occuper des postes à responsabilité. En gestion des cultures, ils peuvent être mieux payés qu’à la traite en devenant plus techniques.
Les robots font leur apparition
Malgré leur taille importante, les gros élevages sont toujours détenus par des familles américaines, parfois hollandaises. Les américains appréhendent la fin des quotas en Europe, annonçant des volumes supplémentaires sur les marchés mondiaux. « Vous avez davantage automatisé que nous, car nous avions beaucoup de main-d’œuvre mexicaine qui travaillait bien. Mais ça commence à changer, car ces salariés deviennent plus rares et plus chers. »
L’intérêt pour les robots de traite commence à apparaître. « Je connais un élevage dans le Wisconsin qui va en acheter 72. » Aux États-Unis, les seules limites sont le capital, l’environnement et le coût de la main-d’œuvre. « L’objectif est depuis longtemps de produire une alimentation pas chère. » Tout en laissant faire le marché… Agnès Cussonneau