Le monde du chou-fleur tenait son congrès international afin d’échanger sur les dernières actualités de la production.
Le congrès international du chou-fleur se tenait mercredi et jeudi dernier dans un des berceaux de la production, à Saint-Pol-de-Léon (29). En introduction, Joseph Rousseau, président de l’AOP Cerafel, rappelle le lien fort entre les Bretons et le légume : « Avec 1 200 producteurs et 15 hectares, 300 000 tonnes de chou-fleur sont produites chaque année. Si le légume disparaissait, un problème structurel évident s’opérerait. En créant la marque Prince de Bretagne, nos aînés ont affirmé leur attachement au territoire. »
Une crucifère européenne
Afin de faire un tour d’horizon des productions européennes de la brassica, Matthieu Serrurier du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) rappelle que près de 50 % des choux-fleurs produits en France s’exportent. « Une baisse de 19 % de nos volumes à l’export a été constatée par rapport à la moyenne de 2001-2003. Toutefois, le marché s’ouvre vers d’autres pays comme la Belgique, la Pologne ou des petits importateurs comme la Suisse, la Norvège ou la Suède. Ces petits volumes, bien valorisés en moyenne à 92 centimes par kilo, rattrapent le ralentissement observé en importation allemande. Le Royaume Uni a vu sa production diminuer de 21 %, à cause de moins de surfaces allouées à la culture et à une météo incertaine. Malheureusement, ce manque de marchandise n’a pas profité aux légumiers français puisque les importations proviennent d’Espagne. » Puis l’intervenant dresse un tableau du mode d’achat du produit. « Le légume s’achète pour moitié en hyper et super, le reste se distribue entre les marchés et les magasins de primeur. Au regard du consommateur, ce n’est malheureusement pas un produit festif, et les ventes s’amenuisent à la période de Noël. »
Diversifier la présentation du produit
Parmi les nationalités présentes lors de ce congrès international, une délégation belge est venue assister aux échanges. Pieter Vandooren et Heidi Verhelst sont producteurs de légumes à Hooglede, commune située en région flamande. « C’est une région assez similaire à la Bretagne au niveau production, constituée d’élevage et de légumes. Des choux-fleurs moyens alimentent une usine proche pour une valorisation en surgelé et en frais. Outre cette culture, je produis des poireaux, des courgettes sous tunnel et du fenouil. Je suis persuadé qu’il faut se diversifier pour assurer son revenu. La cotation du chou se fait au cadran, comme ici ». Les légumes belges sont vendus estampillés Flandria, « Le consommateur reconnaît cette marque, appréciée comme Prince de Bretagne. Des spots télévisuels viennent asseoir cette notoriété ». Concernant l’avenir du chou-fleur ? « Je pense qu’il faut faciliter la consommation du produit, avec de la fleurette ou en proposant des têtes avec moins de feuilles ». Impatient de rencontrer d’autres producteurs, le jeune couple apprécie la région et aime avoir une autre vision que la leur.
Place dans le cabas
Les achats se répartissent avec 3,4 actes d’achats par consommateur et par an en moyenne, et la somme dépensée par 100 ménages représente un petit 300 €. Concernant le prix payé au producteur, Matthieu Serrurier explique la relation entre les livraisons et la rémunération : « Avec des niveaux de prix généralement faibles en début de campagne en septembre-octobre à cause d’une marchandise abondante, les cours augmentent avec l’arrivée du froid, qui freine la pousse et incite le consommateur à acheter. » Le terme de ceinture dorée exprimée par Joseph Rousseau prend alors tout son sens : le littoral breton, très rarement gélif, est toujours propice à la culture quand la consommation augmente. Fanch Paranthoën