La décision parisienne de confier aux seuls GDS la veille sanitaire continue d’irriter la filière porcine qui ne reconnaît que l’OVS Porc Bretagne comme maître d’œuvre.
Comme exemple de décentralisation bafouée, on fait difficilement mieux. La filière porcine bretonne a construit un organisme de veille sanitaire qui fonctionne parfaitement, en prise directe avec les réalités du terrain, avec la collaboration des éleveurs et des vétérinaires. Les GDS bretons veillent, de leur côté, sur les autres productions. Tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au décret de mars dernier qui impose comme organisme officiel les GDS pour coordonner l’action sanitaire de toutes les productions animales françaises.
Les éleveurs bretons sur une même ligne
« C’est une position très parisienne », s’insurge Michel Bloc’h, président de l’UGPVB (union des groupements de producteurs de viandes). « Nous n’admettons pas que l’OVS porc Bretagne passe sous la tutelle des GDS qui ne pratiquent pas en production porcine. Nous voulons simplement une OVS production animale qui fédère les organismes existants et qui permette une représentation équilibrée entre les filières animales. En Bretagne, les grandes organisations professionnelles représentatives des éleveurs partagent cette même vision. » Que chacun conserve son domaine de compétence, et les cotisations de leurs éleveurs respectifs… Des propos relayés par Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale d’agriculture. « La Bretagne a été la première région a proposer un dispositif remontant du terrain. Il ne faut surtout pas casser un modèle qui fonctionne bien pour en imposer un autre qui convient à des régions qui ont mal travaillé dans le domaine du sanitaire ». Thierry Merret, président de la FDSEA 29, ironise sur « la relocalisation des décisions ».
Le transport tiendra compte du statut SDRP des élevages
Le dépistage des élevages SDRP négatifs a débuté fin 2013. Une charte de protection de ces élevages est en cours de finalisation. En adhérant à cette charte, l’éleveur s’engage à prendre des précautions pour protéger son élevage du virus. Il bénéficie, en échange, d’un dépistage régulier et d’une protection collective, en particulier la prise en compte du SDRP dans l’organisation des tournées de transport. Ce, dès 2015. Cette action profite aux éleveurs et répond aux attentes des consommateurs, notamment sur les questions d’antibiorésistance.
Pour le comité régional porcin, il s’agit d’une décision politique visant à satisfaire des enjeux de pouvoir dans les sphères parisiennes. Didier Guerriaux, représentant de la DGAL (Direction générale de l’alimentation) justifie la proposition du ministère : « Il ne peut pas y avoir une multitude d’acteurs sur le terrain ». L’arrêté a fait l’objet d’un recours contentieux devant le Conseil d’État. Les discussions se poursuivent. Le décret gouvernemental va s’imposer prochainement. Bernard Laurent