Porc : L’emploi pâtit de l’environnement au Danemark

porc-environnement-danemark - Illustration Porc : L’emploi pâtit de l’environnement au Danemark

La filière porcine danoise a développé le lien au sol de ses productions animales et respecte les contraintes environnementales les plus fortes d’Europe. L’emploi dans le secteur de l’aval a chuté.

Six mille emplois perdus dans le secteur porcin de l’abattage découpe en 10 ans, soit la moitié des ETP (équivalent temps plein). Quatre mille emplois dans les élevages spécialisés en porc. C’est l’une des conséquences de la réglementation danoise qui lie les productions animales au sol, en imposant depuis 2002 des plafonds d’épandage d’azote organique sévères pour les exploitations de grande culture, de porcs et de volailles (140 kg/ha). La production porcine danoise s’est fortement restructurée ces dernières années. La taille des élevages a beaucoup augmenté et une proportion croissante des éleveurs s’est spécialisée dans la production de porcelets, exportés à 30 % vers l’Allemagne (10 millions de porcelets chaque année). Asséchant ainsi le secteur de l’abattage et les emplois du secteur industriel. Une évolution accentuée par les normes sociales élevées (salaires trois fois plus importants dans les abattoirs danois que dans les outils allemands).

Le gouvernement a pris la mesure de l’enjeu : « 20 millions d’euros ont été affectés au plan d’aide à l’engraissement, en 2013, pour limiter l’exportation de porcelets » indique Boris Dufflot, de l’Ifip. . Cette évolution n’a pas affecté la valeur ajoutée du secteur. La filière danoise valorise très bien ses exportations de viandes sur des marchés porteurs comme le Japon. La productivité du travail est forte, en élevage : « Un éleveur danois sèvre 3 porcelets par heure de travail contre 2 pour l’éleveur français, avec beaucoup de main-d’oeuvre salariée. Cette augmentation de la productivité était une condition du maintien de l’activité ».

Une spécialisation de la Bretagne en naissage ?

Orienter les aides publiques pour spécialiser les élevages bretons en naissage et engraisser les charcutiers dans les zones céréalières, plutôt que de subventionner le traitement des effluents (exportation, méthanisation). L’idée aurait pu séduire. « Difficile à imaginer », répond Boris Duflot. « L’élevage du porc a une mauvaise image dans ces régions, il y aura une opposition sociétale. Par ailleurs, la concentration spatiale a des avantages économiques reconnus (logistique, conseil, industrie…). Le type d’élevage développé en Bretagne, naisseur engraisseur, a également beaucoup d »atouts ; d’ailleurs les éleveurs ont rapatrié des places d’engraissement ces dernières années. C’est donc le contraire qui s’est produit ».

La teneur des grains en protéines a baissé

L’éleveur n’ayant pas suffisamment de terres en propriété ou en location peut établir un contrat d’épandage avec ses voisins, déclaré aux autorités, ce qui est le cas des trois-quarts des exploitations avicoles et de la moitié des exploitations porcines. « Les élevages de porcs produisent, en moyenne, 172 UN/ha de l’exploitation, au-dessus de la réglementation. Les normes d’excrétion d’azote par les animaux sont révisées régulièrement (à la baisse) et tiennent compte de la réalité ». L’administration a mis en place la vérification électronique croisée des comptabilités. La cohérence des plans et des bilans est vérifiée avec les achats de l’exploitation. Les dépassements de quota sont sanctionnés par de lourdes pénalités. Le bilan environnemental de cette politique est jugé satisfaisant, avec une baisse nette de l’azote rejeté, de l’ordre de 30 % (en une dizaine d’années). Les rendements des cultures n’ont pas été trop affectés par la réglementation, mais la teneur en protéines des grains a baissé. La loi sur le foncier a été assouplie récemment pour permettre les évolutions structurelles jugées nécessaires par les professionnels. Les élevages produisant plus de 25 tonnes d’azote ne sont plus dans l’obligation de détenir la totalité des surfaces en propriété. Une réglementation foncière qui avait fait grimper l’hectare, en 2008, aux environs de 30 000 €…. Bernard Laurent


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