Le « reliquat azoté sortie hiver » (RSH) est une des bases du plan de fumure de toutes les exploitations bretonnes. Contrainte réglementaire ou outil d’aide à la décision ? Les deux, car bien utilisée, cette analyse permet d’optimiser la fertilisation azotée.
L’analyse du RSH permet d’établir un état des stocks d’azote minéral dans le sol, avant que ne commencent les minéralisations de printemps et les épandages d’engrais. La réglementation bretonne rend obligatoire la prise en compte de la valeur du reliquat azoté, si celle-ci est connue lors de la réalisation du plan prévisionnel de fumure (PPF). Si ce PPF est réalisé avant, il faut se référer à des valeurs par défaut. Ainsi, pour les céréales d’hiver, les valeurs retenues sont de 30 unités d’azote (uN) dans le Finistère, [40 uN] sur les Côtes-d’Armor et le Morbihan et 50 uN pour l’Ille-et-Vilaine. Elles sont ensuite ajustées si des valeurs plus précises sont disponibles (analyse ou valeurs des réseaux des Chambres d’agriculture). Néanmoins, ces moyennes et références masquent trop souvent des disparités importantes. Il demeure donc préférable, pour chaque agriculteur, de réaliser ses propres analyses. À titre d’exemple, les RSH prélevés par le laboratoire Capinov aux mois de janvier et février 2014 se répartissaient sur une échelle de 6 à 113 unités d’azote/hectare ! L’utilisation de moyennes présente donc des limites évidentes. Quelle que soit la source de la valeur du RSH retenue, celle-ci doit dans tous les cas être inscrite dans le cahier de fertilisation.
Pour aller plus loin, l’APM (azote potentiellement minéralisable)
L’azote minéral ne représente qu’une part infime de l’azote total d’un sol. En sortie d’hiver il se situe entre 10 à 120 uN selon les années, les types de sol et les pratiques précédentes. En réalité, un sol contient entre 6 000 et 15 000 uN organique non disponible en l’état pour la plante. Pour qu’elle puisse y accéder, il faut que cet azote minéralise. L’analyse innovante APM (Azote potentiellement minéralisable) permet de mesurer cette capacité du sol à libérer cette réserve d’azote.
Un intérêt économique mesurable
Le tableau ci-contre présente le besoin en azote calculé à partir d’une valeur RSH de référence ou à partir la valeur mesurée sur l’exploitation. Dans cet exemple, la différence entre le reliquat estimé et le reliquat réel est de 25 uN. Au résultat du bilan, cet écart se traduit par une sous-fertilisation de 25 uN équivalente à une perte potentielle de rendement de 10 q (25 uN/2,5).
[caption id= »attachment_4247″ align= »aligncenter » width= »300″] Exemple de bilan azoté pour une culture d’orge d’hiver[/caption]
Si on reprend l’exemple du tableau, pour une parcelle moyenne analysée de 3,50 ha, cette perte peut s’élever à plus de 500 €/parcelle. À l’inverse, une surfertilisation de 25 à 30 uN par hectare peut entraîner, en plus d’une dépense inutile, la verse des céréales, synonyme de pertes de rendements et d’une forte baisse de la qualité. De plus, depuis 2 ans, les services de l’État ont également la possibilité de réduire le montant global des primes Pac d’une exploitation, si celle-ci est contrôlée en surfertilisation. Ces contrôles s’effectuent sur le bilan azoté des parcelles.
L’importance du prélèvement
L’analyse d’un reliquat azoté en laboratoire consiste à déterminer les teneurs d’azote nitrique (NO3-) et d’azote ammoniacal (NH4+) pour chaque horizon prélevé. Dans le cas des céréales d’hiver, les prélèvements se font sur 3 horizons, (0 à 30 cm, 30 à 60 cm, 60 à 90 cm). Pour bien prélever, la première précaution à prendre est de sélectionner des échantillons représentatifs de la parcelle dans une zone homogène relativement plane, en évitant les zones proches des talus, des bosquets, des fossés et des anciennes fumières. Les prélèvements se font à l’aide d’une tarière hélicoïdale. 10 à 12 trous minimum sont nécessaires afin d’obtenir un échantillon moyen. Pour atteindre le deuxième horizon, puis le troisième, il faut passer par le même trou tout en évitant les éboulements qui viendraient fausser les résultats. Il y a en effet bien moins d’azote dans le dernier horizon que dans les deux premiers.
Bien choisir son laboratoire
Le laboratoire retenu par l’agriculteur devra être agréé par le ministère de l’Agriculture et accrédité COFRAC pour les analyses de sol. C’est le cas de Capinov. Le laboratoire dispose de préleveurs permanents répartis sur l’ensemble de la Bretagne. Les prélèvements se font selon des normes bien précises (AFNOR NF X 31-115). Dès lors que le prélèvement est réalisé, les échantillons évoluent rapidement à température ambiante. En effet, lorsque la terre est anormalement oxygénée et que la température monte, la minéralisation de l’azote organique démarre. Afin d’éviter ce phénomène naturel, il est impératif de placer rapidement en glacière les échantillons préparés au champ. A Capinov, tous les échantillons prélevés dans la journée sont acheminés vers le laboratoire la nuit suivante. Les analyses de RSH sont réalisées au laboratoire en quelques jours. La période idéale pour réaliser les reliquats azotés se situant de début janvier à mi février, n’hésitez pas à transmettre dès à présent vos demandes à :
- Par mail à : contact.capinov@capinov.fr en précisant : vos noms, n° portable, date de prélèvement souhaitée, et nombre de prélèvement.
- Par téléphone au 02 98 25 34 23.
Une analyse de sol prélevé selon les normes et réalisées par un laboratoire agréé donne donc un bon indicateur pour optimiser sa fertilisation, même si le RSH ne mesure qu’une infime partie de l’azote présent dans le sol (cf. encart). Rémi Blonce / Triskalia