Les avis divergent sur l’origine du Père Noël : Laponie pour certains, pôle nord pour d’autres… Une chose est sûre : la Bretagne est une terre de production de sapins destinés à accueillir le bonhomme en costume rouge.
L’odeur agréable de résine vient embaumer les chaumières en cette période d’avant Noël avec l’arrivée près de la cheminée du traditionnel sapin. Ce dernier, remplacé parfois par des sujets en plastique, garde toujours une place particulière dans les cultures familiales. De culture, il en est question au sens propre dans le sud-est du Finistère, à Scaër. Gildas Le Foll cultive des conifères pour la période des fêtes de fin d’année.
[caption id= »attachment_4449″ align= »aligncenter » width= »300″] Emballés, les sapins sont prêts à être livrés.[/caption]
Une conduite raisonnée
Et oui, le sapin, ça se cultive. Sur l’exploitation rachetée à des producteurs danois par l’entreprise Greencap, Gildas Le Foll en a pris la responsabilité depuis 2006. « La surface avoisine aujourd’hui 400 hectares, plantée de plusieurs essences. Nous approvisionnons des grossistes, mais aussi des magasins de jardinerie ou de bricolage », explique le producteur de résineux. Toute l’année, il bichonne les petits arbustes, avec son équipe, afin qu’ils soient les plus beaux pour le soir du 24 décembre. Plantés en mars ou avril à une hauteur de 30 cm, les sapins poussent pendant 3 ans. Chaque parcelle est taillée tous les ans et un émondage basal, action d’ébrancher la base du plant est réalisé à la cinquième année, afin d’éviter des pieds trop importants et laisser une culture saine sous les branches. Une casse des bourgeons est également faite pour densifier le sapin. « C’est à la cinquième année que la récolte commence par un éclaircissage de la parcelle. Nous vendons des sapins de 80 cm à 4 mètres de haut. Les sapins sont marqués dès août et sont préparés à la récolte en septembre. La coupe a lieu dès la Toussaint, avec un pic de production en novembre. 90 % des sapins sont expédiés pour le 5 décembre. Les petits arbres sont ensuite mis en filet et taillés à la manière d’un crayon à leur base », rapporte l’ingénieur agricole.
[caption id= »attachment_4448″ align= »aligncenter » width= »300″] L’étiquetage se fait au champ avant abattage en automne.[/caption]
Intervention spécifiques
Pour préserver la beauté du port des aiguilles de sa culture, Gildas Le Foll utilise des solutions de protection. « Les champs de la commune, parfois pentus, sont adaptés à l’arboriculture. Le climat, idéal pour le sapin, ne doit toutefois pas connaître de gelées tardives. Il convient de planter les sujets dans des parcelles drainantes, car l’arbuste ne supporte pas d’avoir les racines dans l’eau. Résistant à tout pendant l’hiver, puisqu’il supporte l’application de débroussaillants, il est paradoxalement sensible à tout au printemps. Les jeunes pousses peuvent par exemple faire le régal des chevreuils. Les apports en fertilisation se font souvent et à petites doses. Les besoins en azote ne sont pas importants, de l’ordre de 30 unités par an. Des apports trop élevés favoriseraient une grande flèche, mais auraient l’avantage de produire de belles aiguilles. Il sera, par contre, gourmand en potasse et en magnésie. »
Valorisation des souches
Au bout de 8 ans, toutes les parcelles passent par une mise à blanc. « Tous les sapins restants sont abattus. Auparavant, je faisais réaliser un broyage des souches avant replantation. Cette solution engendrait des soucis de maladies aux sapins de la génération suivante. Je préfère
désormais dessoucher à la pelle mécanique. Les résidus de souche peuvent aussi être valorisés par la filière bois énergie, car même si le chevelu racinaire n’a pas eu le temps de se développer en 8 ans de culture, les volumes sont conséquents de par la surface allouée aux sapins dans l’exploitation ».
Origines du sapin
La tradition de décorer le sapin de Noel a peut-être une origine celte. Chez eux, chaque mois lunaire était représenté par un arbre : pour le mois de décembre, c’était l’épicéa. On décorait les maisons seulement avec des branches, de différentes espèces : le houx et le gui, l’aubépine dans les pays celtiques, l’épicéa, le pin et le buis dans les pays scandinaves et germaniques, le laurier en Ligurie. Lors des fêtes du solstice d’hiver, on décorait un arbre, symbole de vie, avec des fruits, des fleurs, du blé.
Sapin labellisé ?
La culture de sapin de Noël, très spécifique, souffre d’un manque de recherche. « Les expérimentations se font sur le terrain. L’association française du sapin de Noël naturel rassemble les producteurs nationaux et dispose d’un technicien. Notre volonté de produire des sapins de qualité nous a lancés dans une démarche de création de Label Rouge pour le sapin, afin de garantir notamment sa fraîcheur. Nous coupons tard notre culture, comparé au Danemark où les récoltes sont terminées depuis mi-novembre. Une certification hollandaise nous demande aussi d’enregistrer les consommations d’intrants et d’analyser l’impact de l’activité sur l’environnement ». Là encore, le sapin tire son épine du jeu avec un bilan environnemental satisfaisant. Fanch Paranthoën