Les bâtiments avicoles sont de plus en plus équipés d’échangeurs. Si dans un premier temps, les éleveurs ont tâtonné pour le nettoyage et la désinfection, aujourd’hui un guide technique est édité pour les aider.
« En moins de trois ans, près de 25 % des bâtiments avicoles ont été équipés d’échangeurs récupérateurs de chaleur (ERC). Ces derniers ont permis de réaliser en moyenne 30 % d’économie de gaz sur le chauffage, d’assainir l’ambiance, voire d’améliorer les performances techniques », explique Élodie Pigache, de la Chambre régionale d’agriculture des Pays-de-la-Loire lors de la journée volailles de chair de l’Itavi, à Pacé (35). Le principal point négatif de ces échangeurs, et non des moindres, est le nettoyage et la désinfection.
Un protocole à respecter
L’Itavi, les Chambres d’agriculture des Pays-de-la-Loire, de Bretagne et le GDS ont réalisé conjointement une étude sur le nettoyage et la désinfection des échangeurs afin d’établir un guide technique des bonnes pratiques pour les éleveurs. C’est un échantillon de 31 appareils dont 9 modèles différents qui a été suivi. « L’objectif était de caractériser la contamination des ERC avant et après nettoyage. Nous avons mis en application un protocole de nettoyage et de désinfection suivant chaque modèle, pour différentes productions et validé une méthode simplifiée de contrôle de l’efficacité de la décontamination », explique Élodie Pigache.
La première étape du protocole est de démonter les filtres à poussières (si présents). Pour enlever le surplus de poussière, il est conseillé de souffler brièvement au compresseur ou de réaliser un rinçage grossier au nettoyeur haute pression HP (- de 80 bars). Il faut ensuite appliquer une solution détergente avec un pulvérisateur, le temps de contact doit être de 20 à 30 minutes maximum pour éviter le séchage de la solution. L’éleveur peut alors rincer au nettoyeur HP (- de 80 bars) et poursuivre en appliquant une solution désinfectante avec un pulvérisateur (temps de contact de 5 min). « On estime la durée de travail pour un bloc échangeur d’environ une heure pour un coût moyen de 20 € (temps de travail + eau + détergent + désinfectant). »
Le nettoyage à l’eau ne suffit pas
Ce protocole est à adapter suivant les modèles d’échangeurs que possède l’éleveur. « Privilégier un détergent non-moussant pour les systèmes à plaques, pour une meilleure pénétration dans le bloc échangeur et un moussant pour ceux à tubes pour une meilleure visualisation. » Pour les ERC avec blocs amovibles, le trempage dans la solution détergente et dans la solution désinfectante donne le meilleure résultat. « Il est important de privilégier le nettoyage des blocs sur une aire de lavage à l’écart des bâtiments. »
Astuces de travail lors du nettoyage
Certains éleveurs utilisent un embout avec trois buses en sortie de lance sur leur nettoyeur haute pression. Cela permet de faciliter le nettoyage des blocs échangeurs à plaques. Dans certaines exploitations, les aviculteurs inclinent ou surélèvent les blocs amovibles sur des barrières pour faciliter le nettoyage.
Les résultats des analyses réalisées sur les différents ERC ont révélé qu’un nettoyage à l’eau uniquement ne permet pas de décontaminer les blocs échangeurs. Ça a même pour effet de relancer la multiplication des bactéries et donc d’augmenter le niveau de contamination. « La mise en œuvre du protocole préconisé a permis des décontaminations satisfaisantes : du circuit d’air neuf dans 91 % des cas, du circuit d’air vicié dans 68 % des cas. » Les systèmes équipés de chambre de préfiltration ou d’auto-nettoyage performant permettent de conserver une contamination limitée en cours de lot par rapport aux systèmes non équipés.
3 h pour nettoyer 3 échangeurs
En cours de lot, il est important de surveiller l’encrassement et de nettoyer les échangeurs si c’est nécessaire. « Des ERC encrassés ont un rendement diminué, cela peut aussi occasionner des problèmes sanitaires. » Il y a aussi un travail à réaliser sur le devenir des eaux de lavage. « Il est indispensable que les échangeurs soient plus faciles à nettoyer. Les fabricants ont encore du travail. J’ai un bâtiment qui est équipé de trois ERC, ça représente trois heures de travail avant d’avoir commencé à nettoyer le poulailler », témoigne un éleveur. Nicolas Goualan