Cédapa : 290 laitières sur 100 ha d’herbe accessibles

vaches-laitiere-cedapa - Illustration Cédapa : 290 laitières sur 100 ha d’herbe accessibles

Des éleveurs du Cédapa sont partis en septembre en voyage d’étude en Irlande pour « découvrir des systèmes en vêlages groupés. » Prenant l’exemple d’une des trois exploitations visitées, ils décortiquent la manière dont les Irlandais produisent du lait.

Robert et Mary Troy sont installés dans le Comté de Cork, en Irlande, qui concentre « 33 % du cheptel laitier national. » Dans cette zone à la météo clémente – « 1 000 mm de précipitations par an et une température entre 4,5 et 25 °C » – ils conduisent sur 160 ha 290 Frisonnes néo-zélandaises, « de petites vaches très adaptées à la prairie », et livrent 1,5 million de litres de lait par an.

90 % du lait est produit au pâturage. « S’appuyant sur une très bonne cartographie », le parcellaire est découpé en paddocks numérotés, tous identiques, où les animaux passent une ou deux journées. Les concentrés se limitent à 350 kg par tête et par an. « Mais comment mettre 290 vaches dans un même paddock ? » En fait, en Irlande, tout part de la notion de « milking plateform » : « C’est ce critère de surface accessible qui détermine le nombre de vaches du troupeau pour un chargement généralement élevé de 3 vaches par hectare d’herbe. » Chez les Troy, 100 des 160 ha sont accessibles au pâturage, « permettant ainsi de mener 290 laitières… »

Les Irlandais accordent beaucoup d’importance à l’aménagement du parcellaire : « C’est efficace. Des chemins de qualité : empierrés, surélevés et bombés pour être hors-d’eau, traçant de grandes lignes droites roulantes et d’une largeur de 6 m plutôt que 3 m. Des clôtures bien étudiées avec plusieurs accès pour chaque parcelle, ainsi les abords ne sont jamais dégradés. »

4 mois de repos pour les prairies

Les vêlages sont groupés sur février et mars. Ils ont lieu en bâtiment. Ensuite, les animaux sortent. La rentrée en stabulation pour l’hiver et le tarissement (« un antibiotique et un obturateur de trayon pour toutes les vaches ») interviennent vers la mi-novembre. « L’idée est de viser une phase de repos de 4 mois pour chaque paddock. Les premières parcelles déprimées en février sont donc celles débrayées en premier en octobre. »

Pas de trèfle

Par contre, dans ce pays dont le trèfle est un symbole, son absence a surpris. « Les Irlandais privilégient un pâturage intensif en RGA pur auquel ils apportent 250 unités d’azote minéral par an. Un système plus simple que nos prairies contenant des légumineuses. » Dans leurs cycles courts de 3 semaines entre exploitations, « le trèfle blanc n’aurait pas le temps de survivre. » Là-bas, on ne laisse pas l’herbe épier. « Jamais. C’est impressionnant comme le pâturage est ras. Derrière les vaches, il reste 3 cm, comme si la faucheuse était passée ! » Les Irlandais essaient de ne pas avoir à faucher les refus : « Pour eux, un passage de broyeur a un coût, donc n’est pas intéressant. » Ils préfèrent « augmenter temporairement la pression instantanée de pâturage pour éviter le gaspillage. »

500 u d’azote / ha et 11 mg de nitrates / L

Reste la question environnementale. « Le passage des vaches sur un paddock est rapide et, grâce à une pluviométrie régulière, la repousse derrière est immédiate. » Les Bretons estiment la productivité des parcelles de « 13 à 15 t de MS par an. » Les paddocks reçoivent « 8 passages de 30 unités d’azote minéral » auxquels s’ajoutent 250 unités d’azote organique. « Pourtant, les Irlandais ne s’inquiètent pas : le taux de nitrates dans les eaux n’est que de 11 mg / L. » Parce que les épandages sont fractionnés tout au long de l’année et jamais sur sol nu, « que le pâturage intensif exporte bien l’azote et que leur sol argileux limite la nitrification », avancent les Français. En Irlande, les éleveurs craignent davantage à l’avenir « les excès de phosphore et la réglementation sur les gaz à effets de serre. » Et puis, la densité animale est « moindre qu’en Bretagne. »

En fait, « les 33 ares pâturés par vache des Irlandais correspondent à nos chargements au printemps en Bretagne. La différence, c’est qu’en Irlande, c’est le printemps toute l’année. Quand nous produisons 10 t de MS / ha avec du trèfle, eux font des rendements supérieurs grâce à l’ammonitrate, car ils ont de l’eau et pas de sécheresse. » Toma Dagorn

L’avis de Valérie Josset, Éleveuse à Hillion (22)

Nous espérions visiter des fermes laitières à l’image de celles de notre réseau : herbagère, bio ou durable, avec 50 vaches… Mais ça n’existe pas en Irlande. Nous ressortons  de ce voyage un peu choqués sur la question environnementale face à de tels épandages d’engrais sur les prairies et quant à l’idée de vouloir toujours mener le plus grand nombre de vaches possible par rapport à la pousse de l’herbe. Mais aussi impressionnés par la gestion très rigoureuse du pâturage.


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