Désherber des céréales d’hiver ne s’improvise pas, d’autant que cette année les conditions ont été très favorables au développement des adventices. Entre réglementation, sensibilité des adventives et conditions météorologiques, mieux vaut bien choisir ses solutions et périodes de traitement.
Le désherbage des céréales est de plus en plus complexe. Les adventices évoluent vers une moindre sensibilité aux herbicides anti-graminées et anti-dicotylédones. La réglementation se durcit. Elle limite les doses, restreint les interventions en sols drainés et impose un dispositif végétalisé permanent (DVP) qui complète la ZNT (zone non traitée). Les pratiques culturales changent (simplification du travail du sol, rotations courtes, dates de semis plus précoces…). La palette de solutions herbicides doit donc être la plus diversifiée possible, afin de répondre à toutes ces contraintes.
Précocité et alternance
Cette année, après une implantation précoce des céréales d’hiver, nous avons bénéficié de sommes de températures importantes, qui ont permis une bonne levée. Les stades actuels vont de début à fin de tallage. À la mi-janvier, le cumul des températures base zéro, depuis le premier novembre, est de 650 degrés, soit en moyenne de 20 % de plus que la moyenne décennale. Dans ce contexte, les adventices sont présentes et plus développées.
Désherber tôt, c’est préserver des quintaux : l’expérience montre un gain de 7 quintaux par rapport aux interventions tardives de sortie d’hiver. Les désherbages de post–semis et post-levées précoces se sont développés cet automne pour les premiers semis, qui ont bénéficié de journées favorables aux interventions. De 10 % à 30 % des céréales ont été désherbées, avec un gradient est-ouest en Bretagne. Cette intervention précoce a permis d’alterner les familles et modes d’action des désherbants, ce qui est recommandé dans la rotation des cultures. Les programmes seront complétés plus tardivement au printemps, sur certaines parcelles où l’on aura identifié des vivaces, ray-grass ou folles avoines.
Les programmes Triskalia
Désherbages précoces : les bases Défi, Arelon Dispersion, Legacy-Duo, Herbaflex,Flight, Prowl, Hauban, Compil, permettent de se différencier des familles de désherbants de sortie d’hiver (classement HRAC).
Pour l’orge, les solutions sont assez restrictives, mais une base Défi avec du Brennus+ est possible jusqu’à fin tallage, ainsi que l’Arelon, Dispersion avec du Brennus + ou Kalao D+.
Pour les parcelles de blé, les solutions sont plus diversifiées. Deux axes de désherbage se distinguent. Le plus précoce, avec des bases Isoproturon, et ensuite les bases sulfonylurés avec iodosulfuron et mésosulfuron. Il est possible d’associer différentes solutions à l’Arelon Dispersion, en fonction des flores présentes : Brennus+, Harmony Extra SX, Kalao D+, Primus SC. Dans les cas de parcelles drainées, on évitera de désherber pendant la période d’écoulement des drains, sauf en changeant de base au profit de l’Absolu WG. Mais beaucoup de suffrages se portent sur un produit accessible depuis l’entrée en application du nouveau catalogue des usages. Plus complet, de formulation huileuse, le Biscoto a l’avantage de désherber le blé et le triticale. On constate une performance améliorée sur graminées, par sa formulation huileuse. Dans les cas de forte présence de gaillets et séneçons, il est possible d’y associer du Primus SC.
Pour les parcelles de blé en présence de brome, on choisira le Quasar (Pyroxulame) de préférence en deux passages. Pour les vivaces présentes plus tard (rumex, chardons) dans certaines parcelles, une application spécifique à base de metsulfuron–métyle sera nécessaire : Biplay SX ou Ardeur. Pour des désherbages complémentaires en graminées : ray-grass, folles avoines le choix se portera sur des formulations de Pinoxaden (Axeo, Axialone, Trombe).
À noter : L’ensemble des programmes de désherbage céréales Triskalia ont été classés par notre méthode Protect’eau (solo, duo et trio), qui répond ainsi à la classification des parcelles face aux risques eau en Bretagne.
Une météo favorable aux adventices
Sur les parcelles semées précocement, avec ou sans labour, les adventices sont présentes et très développées. On retrouve régulièrement les véroniques, les mourons, les fumeterres, les pensées, les gaillets, les matricaires, le séneçon, le pâturin, le ray-grass, ainsi que la folle avoine voire le brome. Il faudra intervenir dès la première fenêtre météo favorable sur un sol portant. Les conditions idéales devraient regrouper une hygrométrie supérieure à 60 %, une température à partir de 7 degrés, sans grandes amplitudes thermiques et sans gel.
Sur les sols carencés en manganèse, notamment sur l’orge, nous commençons à voir les premiers symptômes. Un apport de manganèse (Actiflow) peut être associé aux interventions phytosanitaires. Pour les désherbages de sortie d’hiver, environ 70 % des surfaces vont demander une visite à la parcelle. Cette visite permettra de faire l’inventaire précis des adventices et ainsi de construire son programme d’intervention. Dans tous les cas demandez conseil à votre technicien culture, afin d’identifier les bons programmes, correspondant aux parcelles de votre exploitation. Pierre Le Govic / Triskalia