Désherber tôt ses parcelles de céréales

Stephane-Hirrien-Garlan-29-desherbage-Louis-Le-Roux - Illustration Désherber tôt ses parcelles de céréales

Le désherbage des céréales va pouvoir s’opérer dès que les conditions vont le permettre.

La stratégie de lutte contre les adventices passe souvent par un désherbage en sortie d’hiver. Il faut donc dès à présent se préparer à intervenir dès que les conditions vont le permettre. « Les fenêtres météorologiques sont peu nombreuses en cette période de l’année, il faut savoir saisir les opportunités, en conjuguant avec la portance des parcelles. Les cultures sont plus sensibles aux variations de température qu’à la température elle-même. Si l’application d’un désherbant est effectuée en période de refroidissement, la plante va mal se détoxifier car les conditions ne sont pas poussantes. À l’inverse, sortir d’une période froide vers une période plus douce pose moins de problèmes pour la céréale », explique Michel Falchier, agronome à la Chambre régionale d’agriculture.

Jouer avec les résistances

La région Bretagne commence à connaÎtre des adventices résistantes à certaines familles de produits phytosanitaires, il faut donc utiliser d’autres moyens de lutte. « Même si le phénomène est peu présent et c’est une chance, des résistances vis-à-vis des vulpins sont observées. Toutefois, c’est une mauvaise herbe préférant des terrains calcaires du bassin parisien. » Certains ray-gass, ou des bromes peuvent également présenter ces facultés de résistance.

Utiliser son ioxynil

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits à base d’ioxynil n’est pas renouvelée. Pourtant efficace et présente en association dans de nombreuses spécialités commerciales, la molécule ne sera plus commercialisée après le 28 février prochain. « Il faut être vigilant aux stocks de ces produits dans les exploitations, car la date d’interdiction de son utilisation n’est pas encore connue. Mieux vaut utiliser ses stocks cette année sous peine de voir ses bidons passer en PPNU », conseille Louis Le Roux, conseiller à la Chambre d’agriculture du Finistère. Et il ajoute : « Une attention particulière doit être portée sur l’utilisation d’isoproturon, car certaines marques sont soumises à des phrases de prudence, notamment la SPE 7, qui interdit l’application du produit durant la période de reproduction des oiseaux et des mammifères, de mars à juin. Je conseille donc de se référer au site E-phy consultable sur e-phy.agriculture.gouv.fr ». Ce site permet aussi de connaître les distances à respecter par rapport aux dispositifs végétalisés permanents, non compressibles comme les ZNT avec l’utilisation de matériel de pulvérisation spécifique.

Concernant les dicotylédones comme le séneçon ou la matricaire, le phénomène a pu être observé dans le nord-est des Côtes d’Armor, avec des efficacités insuffisantes des spécialités commerciales à base d’inhibiteur d’ALS, ou de sulfonylurée. « Mais les habitudes d’itinéraires techniques avec des rotations longues cassent le cycle des adventices, et la culture de maïs offre des solutions chimiques plus importantes. D’autres solutions de gestion patrimoniales sont efficaces, comme les déchaumages ou les faux semis. La lutte ne peut être qu’uniquement chimique, et les firmes phytopharmaceutiques n’ont pas prévu de nouvelles molécules d’ici les 10 prochaines années », poursuit l’agronome.

Les véroniques au stade 4 feuilles sont facilement maÎtrisables à doses réduites.

Intervention précoce

Pour optimiser l’utilisation du désherbant choisi, l’idéal est d’intervenir sur adventices peu développées. « Les semis de céréales ont été réalisés précocement cette année, du fait de bonnes conditions climatiques. En résultent des parcelles avancées avec des stades de mauvaises herbes développées : l’état de salissement est important dans certains secteurs. Il est essentiel de désherber la culture avant toute fertilisation, sous peine d’apporter des éléments nutritifs à ces indésirables », rappelle-t-il. F. Paranthoën


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