Outil d’aide à la sélection en Blonde d’Aquitaine, la génomique devrait gagner en précision dans les années à venir. Elle va aussi permettre d’avancer plus rapidement vers le « sans cornes ».
Si l’observation de la descendance demeure encore aujourd’hui le moyen le plus fiable pour sélectionner les meilleurs reproducteurs blonds, la génomique occupe une place grandissante dans les outils employés par les responsables de la race. « Elle permet de conforter des choix pour l’entrée en station de testage, d’aider à discriminer des demi-frères potentiellement intéressants. Elle valide aussi la filiation, et avance sur le “sans cornes”, elle apporte des informations sur des translocations, sur des marqueurs d’anomalies génétiques (malformations…) », a précisé Frédéric Izard, de Midatest, le 8 janvier, à la station de Mauron (56), à l’occasion d’une journée technique Blonde d’Aquitaine.
L’essentiel contrôle de performances
Aujourd’hui, la race est impliquée dans 3 programmes génomiques. Frédéric Izard rappelle que « pour que le système de sélection par génomique devienne plus précis, il a besoin d’être alimenté par le contrôle de performances. Ce dernier est également essentiel pour suivre l’évolution de la population. »
Outil génomique de présélection, le GPSAB apporte des informations complémentaires aux performances propres, au moment du recrutement, sur les critères de facilité de naissance, de croissance, de développement musculaire et squelettique, de rendement et conformation. « C’est un outil d’aide à la décision, sa fiabilité est encore assez faible, mais elle s’améliore. » Dans le cadre du programme GPSAB, 430 jeunes mâles blonds ont été génotypés depuis 3 ans.
Deuxième programme concernant la Blonde d’Aquitaine, Matergen, mis en place par Midatest en partenariat avec l’Inra, vise une accélération sur le volet Qualités maternelles (précocité, réussite à l’IA, index vêlage, ouverture pelvienne, production de lait). « Ce programme s’appuie sur les performances enregistrées sur plus de 2 000 femelles passées à la station de testage de Casteljaloux (Lot-et-Garonne). Un thésard va travailler sur ces données. A terme, les taureaux engagés en testage seront triés également sur les qualités maternelles attendues. »
Le « sans cornes » par introgression
Malgré un certain retard par rapport à d’autres races bovines, le gène « sans cornes » intéresse en Blonde d’Aquitaine, notamment pour les ventes à l’étranger, dans les pays anglo-saxons et d’Europe de l’Est. « Les éleveurs français sont aussi de plus en plus demandeurs de ce caractère, à condition de préserver les qualités de la race », précise Frédéric Izard. Les acheteurs italiens seraient prêts à payer 50 € de plus des broutards sans cornes bretons.
Compte tenu du manque de qualité des animaux « Blonds » sans cornes présents à l’étranger, Midatest s’est lancé il y a trois ans dans l’introgression du gène « polled » dans des lignées de haute génétique, via deux taureaux SC : un Canadien et un Suédois. « Grâce au génotypage des embryons, nous allons pouvoir réduire l’intervalle de génération. À l’avenir, la génomique va aussi pouvoir nous aider à choisir, parmi les sans cornes, ceux qui ont le plus de “sang français”, de qualités… » Les premiers mâles sont actuellement évalués en contrôle individuel et les femelles de première génération sont en cours de collecte.
Avec d’autres races
Outre la Blonde d’Aquitaine, le programme génomique Gembal, basé sur l’indexation Iboval, concerne d’autres races allaitantes et laitières. « Il y a des liens entre races bovines, allaitantes notamment. Toutefois, il est impossible de transposer un test génomique charolais sur un animal blond du fait des orientations de sélection différentes qui ont été prises. Des tests par race devront être mis en place. À terme, ce programme va fournir des informations sur l’aptitude au vêlage et à l’allaitement, voire d’autres caractères. »
En 2015, la Blonde va s’appuyer sur une population de référence de 1 000 taureaux. « L’objectif est de consolider la population de référence pour fiabiliser les évaluations envisageables. Des génotypages vont être réalisés sur des taureaux de monte naturelle. » Agnès Cussonneau