La simplification de la conduite en post-sevrage

porc - Illustration La simplification de la conduite en post-sevrage

Si l’origine des pathologies respiratoire et digestive en PS à l’EARL de Kerhervé, à Locunolé (29), est inconnue, la complexité du programme alimentaire constituait un facteur de risque. Sa simplification a contribué à régler le problème.

En début d’année 2014, le post-sevrage (PS) de l’élevage de 500 truies de Guy Kerhervé dérape, sans que le facteur déclenchant soit clairement identifié. Les problèmes respiratoires affectent l’ensemble de l’atelier. Le virus de la grippe est décelé au mois de mars dans toutes les salles de PS, aussi bien dans les vieux bâtiments que dans la partie neuve. Fin juin, la maladie de l’œdème est diagnostiquée. Les problèmes digestifs se répandent. Les pertes montent à 8 % au plus fort de la crise et le GMQ en pâtit, malgré les efforts réalisés en termes de clinique digestive. Début juillet, l’éleveur et son vétérinaire, Claudio Trombani, décident de revoir le programme alimentaire des porcelets.

Supplémentation antibiotique inadéquate

L’élevage est conduit en 10 bandes avec un sevrage à 21 jours. Pendant 2 à 3 ans, le programme alimentaire était relativement sophistiqué : aliment sous la mère dès 12 jours d’âge, suivi d’un 1er âge jusqu’à 29 jours (19,5 % de protéines) puis d’un second 1er âge jusqu’à 41 jours (18 % de protéines). Ces deux aliments étaient supplémentés en colistine, à 120 ppm. Une transition de trois jours assurait le passage au 2e âge (17,4 % de protéines), supplémenté en tylosine, à 100 ppm et donné jusqu’au passage en engraissement à 70 jours d’âge. Au sevrage, les animaux étaient répartis par sexe et par poids, dans les cases. Cette conduite a donné des résultats satisfaisants jusqu’à janvier 2014. Depuis, les problèmes digestifs culminaient au moment des transitions alimentaires.

Allotement différent

Un premier changement de conduite a consisté à supprimer le sexage des porcelets et à mélanger un maximum de deux portées par case. Le taux de protéines dans le premier 1er âge a été abaissé et les matières premières ont été sécurisées. La supplémentation en antibiotiques a été supprimée dans les 3 aliments. Un ajout de colistine pendant 3 jours à la pompe doseuse a été instauré au moment des 2 transitions alimentaires. De l’acide benzoïque a été intégré à l’aliment 2e âge, à raison de 5 kg/tonne. « Nous avons choisi de supprimer la supplémentation en colistine et en tylosine dans les aliments car elle y était sous-dosée », justifie le vétérinaire. « Nous avons concentré la colistine au moment où son efficacité est la plus importante. À des doses plus fortes et sur une durée courte ». Un changement de régime peu suivi d’effets… « Les problèmes demeuraient, surtout au moment de l’administration du deuxième 1er âge », indique l’éleveur.

EARL Kerhervé en bref

  • 500 truies NE
  • Conduite 10 bandes, sevrage 21 jours
  • FAF aliments truies et charcutiers
  • Achat aliment du commerce en PS

Retour aux fondamentaux

Un nouveau programme a donc été testé. « Nous avons décidé de n’utiliser qu’un seul aliment 1er âge ». La suppression de la première transition à 29 jours a suffi à régler le problème. L’ajout de colistine à la pompe doseuse a été maintenu entre les 1er et 2e âges, seulement dans les vieux bâtiments, sur sol béton. Dans le bâtiment neuf, les porcelets n’ont plus aucun antibiotique systématique. La supplémentation en acide benzoïque a été maintenue dans l’aliment 2e âge. Les problèmes respiratoires et digestifs ont disparu. Le taux de pertes est revenu autour de 1 % sur les dernières bandes et le GMQ au-dessus de 500 g. Les dépenses de santé, qui étaient de 482 € par bande au moment des supplémentations en antibiotiques sont désormais de 162 € (ajout de colistine à la pompe doseuse et acide benzoïque). « Le sexage et la complexité du programme alimentaire sont des facteurs de risque. Le retour aux fondamentaux a été, dans ce cas, primordial », conclut le vétérinaire tandis que l’éleveur avoue qu’il n’aurait pas cru pouvoir résoudre les problèmes en changeant de conduite alimentaire et en rationalisant l’antibiothérapie, tant que les vieux PS ne sont pas fermés. « Sans ces problèmes sanitaires, j’aurais eu du mal à envisager de nourrir les porcelets à l’aliment blanc…. ». Bernard Laurent


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article