Le 7 décembre, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, a présenté le rapport parlementaire Écophyto 2 qui vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides à l’horizon 2025. Et de nombreux dossiers traiteront également des pesticides en 2015.
« L’objectif de -50 % d’utilisation de pesticides à horizon 2025 vaut plus que jamais car il y a des quasi-certitudes établies en matière de santé publique », a affirmé Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, qui présentait la proposition de plan Écophyto 2 à Paris, le 7 janvier. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, devrait donner son avis sur cette proposition fin janvier. « L’architecture finale de la version 2 sera prête dans le 1er trimestre 2015 », confie le député.
Démocratiser les démarches pionnières
Face à l’échec du plan Écophyto 1, « il s’agit du plan de la 2e chance, la dernière avant des stratégies plus dures », soutient le député agriculteur. 68 recommandations ont été retenues par les parlementaires. Parmi elles, le déploiement massif du réseau Dephy de fermes qui expérimentent dans les champs la baisse de l’utilisation des pesticides. « Nous visons les 3 000 fermes (contre 1 900 actuellement) », rappelle le député. Mais l’objectif est aussi de dépasser le stade des fermes pilotes. D’où la proposition d’engager 30 000 fermes dans la démarche agroécologique. L’ambition est bien de gagner en échelle : les pionniers n’assureront pas seuls la diminution globale de l’utilisation des pesticides en agriculture…
Des interdictions décomplexées
Il n’y a pas que le rapport Potier et Écophyto 2. La diminution de l’utilisation des pesticides à grande échelle est déjà en marche. Avec des décisions à la clé. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a ouvert le bal et le revendique : « Depuis mon arrivée, j’ai pris la décision d’interdire l’épandage aérien de pesticides et amendements dans la loi de transition énergétique ». Le 23 décembre, elle rappelait aussi l’avancement de la mise en application de la loi Labbé. Elle prévoit l’interdiction totale des pesticides avancée à 2016 pour les collectivités et à 2020 pour les particuliers.
Pourquoi l’utilisation des pesticides n’a pas baissé en 5 ans ?
Fin décembre 2014, le ministère de l’Agriculture a publié de mauvais résultats alors que le plan Écophyto 1 touchait à sa fin (2008-2013) : l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture ne cesse d’augmenter depuis 2009 (+5 % par an, en moyenne entre 2009 et 2013). Dominique Potier, député et rapporteur de la mission parlementaire Écophyto 2, y trouve trois raisons. La première est la météo défavorable : « Dans certaines conditions, il faut traiter, sinon toute la récolte peut-être perdue. » La seconde est la végétalisation de la ferme France, qui augmente l’utilisation des produits phytosanitaires. La troisième concerne le prix des céréales. « Au-delà de 150 €/t, on va chercher le dernier quintal », rapporte le député.
Bruxelles va en entendre parler
Cette stratégie ne concerne pas que la France. Le moratoire qui interdit l’utilisation de trois néonicotinoïdes en Europe prend fin à la mi-2015. « Un moratoire européen concernant trois néonicotinoïdes a été décidé à notre initiative. Nous irons plus loin et la France portera elle-même ce dossier au plan communautaire », annonçait le président de la République, François Hollande, lors de la Conférence environnementale, en novembre dernier. Ces propos ne sont pas encore suivis d’actes. Néanmoins, Joël Labbé, député EELV à l’origine de la loi du même nom, confie : « Nous allons nous réunir avant fin janvier avec les conseillers agricoles du président de la République, du ministre de l’Agriculture et de la ministre de l’Écologie ».