Le semis direct et l’allongement des rotations limitent la prolifération des adventices, selon les observations réalisées au centre de recherche du Dakota* rapportées par Dwayne Beck, spécialiste du semis direct aux USA.
Les études à court terme sont inefficaces pour évaluer le travail du sol et personne ne veut financer les études à long terme. Les sociétés et les grands groupes qui pourraient le faire sont toujours « intéressés ». Sur notre ferme expérimentale au Dakota, nous avons donc mené des expérimentations sur le salissement des terres par des adventices en fonction de la longueur de la rotation des cultures. Sur 200 hectares semés en direct, sans labour, nous avons instauré 14 rotations différentes en 2000 (avec des itinéraires de traitements phytosanitaires classiques pour chaque culture). Au bout de 12 ans, nous avons réalisé une remise à zéro de la totalité de la surface en traitant au glyphosate. Ensuite, nous avons compté les repousses d’adventices. Derrière une rotation très courte de type blé-pois-chiche / blé / pois-chiche…. nous comptons 94 plants d’adventices au m2 contre 40 quand on introduit une 3e culture comme le maïs et 7 plants seulement quand on allonge la rotation avec un soja. On peut en déduire que l’on peut régler 90 % des problèmes de salissement simplement par une rotation adéquate.
Protégées à 5 cm dans le sol
Sur un site voisin, nous avons réalisé des comptages après les mêmes rotations (courte et longue) mais une partie de la surface était labourée et l’autre était en semis direct. Sur la partie travaillée (labours), la repousse d’adventices est entre deux fois et six fois supérieure, selon la durée de rotation. Le semis direct associé à une rotation longue permet de contrôler les adventices et de limiter les traitements herbicides. D’autres observations ont montré que le pourcentage de semences d’adventices fertiles (après deux ans) est de 11 % quand on laisse les graines en surface (cas d’un semis direct). Ce pourcentage monte à 25 % quand les graines sont enterrées à 5 cm dans le sol et à 55 % quand elles sont à l’abri sous 10 cm de terre. À la surface, les graines sont mangées ou dégradées par le soleil ou le gel. Sur notre ferme expérimentale, la diversité des cultures a permis d’éviter tout traitement insecticide depuis 13 ans. Les prédateurs des insectes nuisibles sont désormais protégés et travaillent pour nous, ce qui n’était pas le cas auparavant. Propos recueillis par Bernard Laurent
*(Dakota Lakes Research Center), créée par des agriculteurs, propriétaires des terres allouées à ce centre de recherche agronomique