Le ténébrion met à mal l’isolation des bâtiments d’élevage depuis 1977, engendrant des surcoûts de chauffage. Même si le combat semble interminable, il faut continuer la lutte pour limiter les dégâts qu’il occasionne.
« Aujourd’hui, le petit ténébrion, quasiment inconnu il y a 30 ans, est devenu l’un des nuisibles les plus importants dans les élevages de volailles », confiait David Renault, maître de conférences à l’université de Rennes 1. Il a décrit les impacts liés à la prolifération des ténébrions dans les élevages avicoles et soumis des stratégies de lutte lors de la journée volaille de chair organisée par l’Itavi fin novembre à Pacé (35).
Les premiers foyers détectés en 1977
C’est en septembre 1977 que les premiers foyers de ténébrions ont été observés en France et plus précisément dans les régions de Quimperlé et Landerneau (29). « Ce coléoptère d’origine tropicale a été introduit sous les latitudes tempérées à la faveur d’échanges commerciaux internationaux. Ce nuisible a continué à proliférer grâce au développement des élevages hors-sol et à l’utilisation de denrées alimentaires infestées », rapporte David Renault. De plus, la femelle ténébrion a un fort potentiel de reproduction : « Dans de bonnes conditions, elle peut pondre jusqu’à 800 œufs sur une période de huit semaines. » Les œufs sont pondus en grappe et déposés dans les crevasses et fissures. Le temps nécessaire à l’éclosion varie avec la température (de 14 jours à 20°C à 4 jours à 30°C). Les larves se nourrissent ensuite de restes d’aliment, de moisissures et également de cadavres de volailles. Les adultes peuvent vivre jusqu’à 700 jours, mais c’est souvent moins dans les élevages hors-sol. Avec une température de 15°C ou moins, ils ne se reproduisent et ne se développent plus.
Traiter juste avant le démarrage du lot
La migration des ténébrions depuis la litière vers les murs commence dès le début du chargement des volailles, cette migration est très importante au niveau des encadrements de portes, poutrelles métalliques, ainsi qu’au niveau des joints entre deux panneaux d’isolation. Ces endroits sont à traiter en priorité dès la fin du lot. Même si une résistance à certaines matières actives est constatée, il est important de poursuivre la lutte. Un technicien avicole informe qu’il existe de nouveaux produits avec des propriétés larvicides efficaces à appliquer en pulvérisation sous les gamelles et sur les sous-bassement en début de lot. Cela limite ainsi leur prolifération durant la période d’élevage.
67 % d’énergie en plus pour chauffer un poulailler endommagé
Ces coléoptères nuisibles des élevages génèrent de nombreuses nuisances. « Les larves et les adultes pénètrent dans les parois d’isolation des bâtiments lorsque les murs sont fissurés. La dégradation des matériaux d’isolation augmente le coût du chauffage. » Par exemple, il faudra 67 % d’énergie en plus pour le chauffage d’un bâtiment endommagé par rapport à un poulailler neuf. Le ténébrion est aussi un réservoir important de pathogènes pour les volailles, comme différentes sources de salmonelles, de colibacilles, des coronavirus…
[caption id= »attachment_3578″ align= »aligncenter » width= »300″] Une fois que les ténébrions ont attaqué l’isolation, les longrines sont fragilisées et cassent au moment du curage du fumier.[/caption]
Les volailles peuvent consommer jusqu’à 600 ténébrions par jour. Outre le fait que ces nuisibles soient porteurs de virus, leur ingestion provoque une inflammation de l’appareil digestif entraînant des retards de croissance. « Dans l’ensemble, les dégâts liés à la présence des ténébrions sont estimés à 2 500 € par lot de 100 000 volailles, auxquels s’ajoutent 3 000 € par bâtiment tous les 3 à 4 ans pour le remplacement éventuel des panneaux isolants. »
L’insecticide, le principal moyen de lutte
L’utilisation de formulations insecticides reste le principal moyen de lutte contre cette espèce nuisible des élevages hors-sol. Les éleveurs savent très bien qu’il est très difficile, voire impossible, d’éliminer tous les ténébrions présents dans les bâtiments. Mais David Renault modère : « Un faible nombre, éparpillé dans les parois des poulaillers n’est pas réellement néfaste pour l’élevage ou la santé des animaux. Cependant, cela permet le maintien d’une population et le risque de voir apparaître un grand nombre d’individus dès le retour de conditions favorables à leur développement si aucune mesure de contrôle n’est appliquée. » Nicolas Goualan