Porc : Notre métier devient impossible

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En marge de ses vœux, Daniel Picart, président du marché du porc breton (MPB), a fait le bilan 2014 sans oser un pronostic pour 2015 dans un contexte où le « politique » ne sait épargner « l’économique ».

2014 est à oublier rapidement, 1,327 € de prix moyen, en baisse de près de 10 % ; un mois d’espoir et 11 mois de fuite en avant. Espoir dû à un développement intéressant de nos marchés export, lié aussi aux soucis sanitaires américains et à la bonne tenue de la consommation intérieure. Mais la Russie, en 2 coups de massue, a ruiné nos espoirs et en même temps risque de ruiner définitivement l’élevage français. Fin janvier, embargo sanitaire pour quelques cas de peste porcine africaine en Lituanie et en Pologne, dont la sortie a été rendue impossible par l’inertie et l’incompétence de la commission européenne à trouver des solutions bilatérales.

« Les producteurs, petits soldats de l’Europe »

Fin août, embargo économique de rétorsion contre les mesures européennes pour la défense de l’Ukraine. Les fonctionnaires européens sont entrés en guerre, non pas en exposant leur peau ou  leurs biens, mais en prenant en otage la plupart des productions européennes agricoles. Nous, producteurs européens, sommes les petits soldats de l’union européenne, exposés en première ligne. C’est pour cela qu’il semble utopiste de continuer à faire des pronostics pour 2015. Coté aval, nous sommes soumis à tant de risques politiques ou sociaux, dépendons tellement de décisions politiques qui n’ont rien à voir avec le commerce qu’il nous est impossible d’imaginer le mois prochain. Comme à l’amont, nous ne pouvons pas non plus maîtriser le prix des matières premières, quand l’aliment représente 70 % de notre prix de revient, notre métier devient impossible à faire.

« Aucun porc n’est mort de vieillesse pendant l’embargo »

Il est grand temps de trouver des solutions à cette spirale : Premièrement, lever l’embargo russe le plus vite possible et y mettre tous les moyens politiques. Cette levée nous serait profitable immédiatement. En effet, pendant l’embargo, aucun porc n’est mort de vieillesse et même si la viande a été vendue à petit prix, elle a trouvé d’autres débouchés à l’export. L’appel d’air russe est indispensable. Ensuite, si, comme notre ministre Stéphane Le Foll le souhaite, nous ne devons plus perdre ni production ni producteurs, il faut immédiatement mettre la mention d’origine en place de façon obligatoire et empêcher toute importation qui ne répondrait pas à nos contraintes de production. Les normes NF ou CE existent, servons‐nous en…

-5 % de porcs en 2015 sur la zone Uniporc ?

« Manuel Valls, il y a quelques semaines, nous a dit que la filière porcine était en bonne voie d’amélioration. La commission européenne, jusqu’en décembre, considérait qu’il n’y avait pas de souci particulier pour la filière. L’aveuglement politique n’a plus de limites », désespère le finistérien Daniel Picart. Alors que « certains observateurs disent aujourd’hui que nous pourrions perdre en 2015 plus de 5 % de porcs dans la zone Uniporc. »

« Les céréales sur la liste des spéculateurs »

Enfin, et l’actualité vient de nous le rappeler de façon particulièrement violente, notre État français est laïc. À ce titre, aucune religion ni aucune partie de la population ne doit nous imposer de nouvelles habitudes alimentaires. Le porc est en train de disparaître de la RHF française. Ce marché doit être largement ré-ouvert à la filière porcine. Nos politiques, sur ce dossier, doivent être impartiaux et honnêtes.

François Hollande, dans ses promesses, avait parlé de la suppression de la haute finance dans l’alimentation. Les céréales, en cette fin d’année, sont retombées dans la liste des courses des traders, pour notre malheur. Sur ce marché, les seuls habilités à acheter devraient être les consommateurs, fabricants ou éleveurs. Recueillis par Toma Dagorn


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