Anticiper le semis de maïs

semis-mais - Illustration Anticiper le semis de maïs

S’il est conseillé de semer en avril, la décision de semer le maïs ne doit cependant pas être dictée par le calendrier. Il faut être prêt à partir de la mi-avril, mais ce sont avant tout les conditions agronomiques favorables qui déclencheront les semis. Avant le démarrage de la campagne, une vérification du semoir s’impose afin de remplacer les pièces usées et d’effectuer les premiers réglages. Arrivés au champ, pensez à contrôler ces réglages : observez la profondeur du semis et la densité des graines semées sur une petite distance… Car 50 % du rendement de la culture est assuré par un semis bien effectué. Carole David[nextpage title= »Anticiper la date optimale de semis par parcelle »]

Les outils d’aide à la décision peuvent aussi aider au choix de la meilleure période pour le semis de maïs, selon la parcelle et la semence.

Un semis précoce permet d’avancer la date de floraison et d’assurer le rendement : ces données sont confirmées par les récents essais menés par Arvalis. D’où l’intérêt de faire le bon choix quant à la date de semis. « J’y vais, j’y vais pas… Mon voisin n’a pas démarré. Faut-il que j’attende encore quelques jours pour semer mon maïs ? » Tout est prêt et la tension monte en cette période. Car, malgré le savoir-faire et les années d’expérience, l’année en cours ne ressemble jamais aux précédentes. « Et nos jugements et décisions d’interventions peuvent être faussés », rapportent les agriculteurs. C’est pourquoi les outils d’aide à la décision (OAD) sont fortement sollicités depuis leur apparition. De nouveaux repères qui peuvent être aussi utilisés pour aider au choix de la date du semis.

[caption id= »attachment_2879″ align= »aligncenter » width= »290″]Des graphiques sur Maïs Expert par exemple précisent les plages horaires où les conditions sont favorables Des graphiques sur Maïs Expert par exemple précisent les plages horaires où les conditions sont favorables, défavorables ou à risque.[/caption]

Décider quand semer avec l’aide d’un OAD

Quelques fournisseurs de semences proposent depuis quelques années des OAD destinés aux producteurs utilisateurs des variétés de leurs gammes et aux distributeurs partenaires. Si ces outils sont jusqu’ici plus utilisés pour l’aide au pilotage des interventions de traitement ou de récolte, le semis peut être aussi concerné. « Notre outil MaïsExpertprend en compte les spécificités de chaque parcelle enregistrée en termes de texture du sol pour une approche au plus juste du contexte pédoclimatique », présente Mickaël Boursier, chef de produits semences à Syngenta. L’application anticipe les dates de semis optimales en prenant en compte les paramètres de la texture et du réchauffement du sol, des précipitations et des températures enregistrées par le passé et de la météorologie prévisionnelle. « La liaison avec la station météo la plus proche de l’exploitation, parmi 500 stations météo mémorisant l’historique des 15 dernières années, permet d’apprécier correctement la température du sol à un moment donné et son évolution pour les jours qui suivent », apprécie un utilisateur. L’outil renseigne en effet les agriculteurs sur les conditions de semis par jour et par plage horaire, selon trois zones (favorables, défavorable et à risque). Ces repères supplémentaires rassurent et aident à prendre la bonne décision, quant au moment le plus opportun pour intervenir. « Il ne reste qu‘à les valider par les observations de terrain », rappellent néanmoins les agriculteurs. À chaque sollicitation de l’outil, la parcelle est ainsi enregistrée avec ses caractéristiques et la semence utilisée. L’outil peut alors de nouveau être requis pour les traitements et la date de récolte. Carole David

[nextpage title= »Intérêt et limites des semis précoces »]

En semant tôt, on recherche en premier lieu la mise en place précoce d’une surface foliaire capable d’intercepter le rayonnement des jours longs, à la fin du mois de juin et au mois de juillet, ceci afin de maximiser la photosynthèse. L’offre climatique en températures étant plus importante en semis précoce, on peut logiquement semer une variété un peu plus tardive pour bénéficier de son potentiel de rendement supérieur. En année avec un stress hydrique estival marqué, une installation précoce de la culture permettrait également de limiter la perte de rendement.


[caption id= »attachment_2882″ align= »aligncenter » width= »300″]Les semis très précoces bénéficient plus au maïs grain qu’au maïs fourrage Les semis très précoces bénéficient plus au maïs grain qu’au maïs fourrage.[/caption]

Un réseau d’essais pour mesurer les impacts

En matière de maïs fourrage, les références expérimentales concernant les dates de semis remontaient à quelques décennies. Un réseau d’essais regroupant des sites en Bretagne et en Picardie a été conduit par Arvalis pendant 4 ans, entre 2011 et 2014. Huit essais ont été mis en place, avec 2 ou 3 dates de semis selon les sites et 3 variétés de précocité différentes. Le profil climatique des 4 campagnes a été suffisamment diversifié pour en tirer des enseignements intéressants. Les années 2011 et 2014 ont été plutôt très favorables, tout au long du cycle. Les années 2012 et 2013 ont connu des conditions de démarrage froides et humides, avec un déficit hydrique estival plus marqué en 2013.
 L’objectif principal de ce réseau d’essais était de mesurer l’incidence des semis très précoces, réalisés sur la première décade d’avril (semis 1), en comparaison avec des semis réalisés sur la deuxième quinzaine d’avril (semis 2), devenus assez courants dans la pratique. En fonction des conditions climatiques, une dernière date de semis a souvent été réalisée au mois de mai (semis 3), représentative de la fin de période des semis de maïs. Au niveau de la précocité, pour une date de semis intermédiaire, entre le 15 et le 25 avril, sur les 4 dernières campagnes, les dates de floraison ont varié entre le 15 juillet et le 9 août (exemple d’une variété demi-précoce à Bignan). En moyenne, une avance de 15 jours au semis se traduit par une avance de seulement 3 jours à la floraison (tableau). Sur le rendement, on enregistre en moyenne une légère baisse sur les semis précoces (- 3 %) mais surtout une plus grande variabilité interannuelle. La qualité des maïs fourrage (UFL et Dinag) est globalement identique sur les semis d’avril, mais elle chute sur les semis du mois de mai.

Un écart entre maïs grain et maïs fourrage

Des récoltes en maïs grain ont également été réalisées sur ces essais et les résultats sont un peu différents de ceux obtenus en maïs fourrage. En moyenne, les semis très précoces de début avril apportent un faible gain de rendement (de l’ordre de + 2 %) par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec toutefois une plus grande variabilité interannuelle. Sur les semis de mai, les rendements observés en maïs grain décrochent plus (-10 %) qu’en maïs fourrage (graphique). La diminution de la composante poids de 1 000 grains explique l’essentiel de cette baisse de rendement en maïs grain.

 

Les risques des semis précoces

Du côté des risques liés aux semis précoces, les accidents climatiques et l’exposition aux ravageurs et adventices doivent être identifiés et pris en compte. Pour des semis réalisés très tôt (début avril, voire avant), le risque de gel précoce ne constitue pas le risque majeur aujourd’hui, bien qu’il soit souvent mis en avant. En effet, avec le réchauffement des températures observé depuis 25 ans, un semis de mi-avril en 2015 n’est pas plus exposé au risque de gel qu’un semis de début mai dans les années quatre-vingt. Le risque d’observer des dégâts de froid tardif, après le stade 6 feuilles, n’est pas non plus à craindre en Bretagne sur les semis précoces.
 La survenue d’une période froide et humide juste après le semis, comme en 2012 et 2013, constitue l’un des risques majeurs en semis précoces. En moyenne en Bretagne, un semis de début avril mettra 20 à 25 jours à lever, contre 12 à 15 jours seulement pour un semis réalisé entre le 15 et le 25 avril. Des conditions humides et froides pendant la levée et la phase d’installation exposent le maïs aux problèmes agronomiques (battance des sols) et aux ravageurs (mouches notamment). En semis précoce, le désherbage peut être également plus difficile du fait du moindre gabarit des maïs et de la couverture lente des interrangs.

Recommandations pour les semis précoces de maïs

Les essais réalisés entre 2011 et 2014 ont montré que les enjeux liés à la date de semis étaient faibles sur la première quinzaine d’avril, notamment en maïs fourrage. Sur le mois d’avril, les conditions d’implantation apparaissent au moins aussi importantes que la date de semis. Quelle que soit la date retenue, il est indispensable d’attendre le ressuyage de la parcelle avant d’intervenir. L’objectif est d’obtenir un profil sans semelle, sans lissage par les outils et sans compaction, ce qui facilitera la mise en place des racines. De plus, un sol ressuyé se réchauffe mieux. De même, si de bonnes conditions sont réunies début avril, mais avec des prévisions météo annonçant pluie et froid sur la période à venir, il sera préférable de différer la date de semis.

[caption id= »attachment_2883″ align= »aligncenter » width= »300″]Incidence de la date de semis sur le rendement du maïs grain et du maïs fourrage Incidence de la date de semis sur le rendement du maïs grain et du maïs fourrage (8 essais réalisés en bretagne et picardie (2011-2014)[/caption]

Favoriser le démarrage

Les conditions climatiques pour l’installation de la culture sont souvent moins favorables pour des semis précoces. Tout ce qui favorise le démarrage rapide de la culture est à privilégier : variété à bonne vigueur au départ, engrais starter localisé dans la raie de semis. En semis précoces, mouches oscinies et géomyza sont autant à craindre que le taupin. Une protection insecticide en traitement de semences ou en micro-granulés dans la raie de semis sécurise le peuplement. Enfin, en semis précoce, le recouvrement de l’inter-rang peut être lent et le resalissement des parcelles peut exiger un renforcement du programme herbicide ou un rattrapage mécanique au moyen d’un binage.

 Michel Moquet – Vincent Bouetel / Arvalis-institut du végétal

[nextpage title= »12 réglages pour un semis réussi »]

Le réglage du semoir doit effectué avant le chantier de semis, pour être prêt à intervenir au moment opportun. Rappel des conseils de bonnes pratiques par Thierry Mounier, agriculteur à Plouguenast (22) et formateur agroéquipement à la MFR de Loudéac (22).

[caption id= »attachment_2885″ align= »aligncenter » width= »300″]Thierry Mounier, formateur agroéquipement à la MFR de (Loudéac 22) Thierry Mounier, formateur agroéquipement à la MFR de (Loudéac 22), installe les disques de distribution de maïs dans le semoir, une des premières étapes à la préparation du semoir.[/caption]

Toute plante absente dans la ligne de semis est préjudiciable au rendement. Aussi, la précision lors du semis est un atout non négligeable pour la réussite de la culture. Densité, profondeur de semis, seront liées directement à l’utilisation du semoir. La répartition de la graine de façon régulière est directement dépendante du système de distribution du semoir, de l’ensemble soc/roue plombeuse et de la vitesse d’exécution du chantier. Une bonne raison pour s’attarder sur le réglage de ce semoir monograine, d’autant plus que les vérifications de réglages peuvent être faites sous le hangar, bien avant le chantier de semis de maïs. Ainsi, l’anticipation de ce travail de vérification permet d’être prêt à intervenir dans les parcelles dès que l’on approche de la date optimale, après la mi-avril en Bretagne, et le sol est ressuyé. Il conviendra alors de contrôler les réglages effectués au champ le jour du semis, à chaque changement de parcelle ou de semence. Carole David[nextpage title= »Passage progressif au semis direct »]

Plus largement développé sur céréales, le semis direct sur maïs a de nombreux avantages en matière de temps passé, d’économies de carburant et de maintien de la vie du sol.

Une bonne implantation de la culture de maïs passe par un semis de qualité. Pour des levées homogènes, le positionnement de la graine doit se faire dans les meilleures conditions pour optimiser ses chances de réussite. Au Gaec de la Fontaine, à Guimaëc (29), le passage d’outil de travail du sol diminue petit à petit.

Puisque ça marche…

Sébastien Marrec, un des associés du Gaec, témoigne. « Nous avons arrêté le labour en 2003, car après différents remplacements effectués dans des exploitations, dont une à Ploumiliau (22), j’ai vu que les techniques culturales simplifiées fonctionnaient. J’ai alors choisi de préparer les parcelles avec un passage de décompacteur, puis de herse rotative pour le maïs. Les gains de temps et de carburant sont significatifs », estime l’éleveur. Gagner en productivité était-il le seul but recherché ? Pas si sûr. Au bout de 2 à 3 années, il a remarqué des changements dans le comportement de ses sols.

[caption id= »attachment_2886″ align= »aligncenter » width= »300″]En investissant dans un semoir en direct, le Gaec de la Fontaine arrête le travail du sol En investissant dans un semoir en direct, le Gaec de la Fontaine arrête le travail du sol.[/caption]

Les insectes sont nos amis

La vie du sol, mieux préservée sans le passage de la charrue, a travaillé la terre naturellement. « Je trouve un meilleur aspect de la terre en surface, plus facile à travailler. Elle se ressuie rapidement, sans avoir de grosses mottes. J’ai observé des attaques de limaces sur céréales les premières années d’abandon du labour, mais la régulation de ces populations de ravageurs se faisait naturellement par les carabes du sol. Le seul bémol se situe au niveau désherbage ou l’utilisation du glyphosate est systématique, et il faut veiller aux salissements par les laiterons et les liserons », décrit-il. À noter qu’ici les doses de désherbants totaux sont limités, à hauteur d’un litre par hectare environ. Avec cet arrêt du travail du sol, Sébastien a choisi de s’intéresser aux auxiliaires du sol et a diversifié ses couverts végétaux. « J’utilise des mélanges de plusieurs espèces dans mon couvert, afin de bénéficier d’une bonne couverture de sol pendant l’hiver et de profiter des différents systèmes racinaires des plantes pour structurer le sol. Des espèces comme le tournesol, la phacélie, les radis chinois, la moutarde brune ou l’avoine composent mes couverts. J’utilise également de la féverole avant maïs. C’est un très bon précédent car la structuration du sol est très bonne et l’azote libéré est disponible pour la culture suivante ». Mais le décompacteur, avec une profondeur de travail similaire à la charrue, bouleverse l’habitat des vers et autres auxiliaires souterrains. C’est pourquoi l’agriculteur guimaëcois a choisi d’investir dans un semoir pour semer en direct.

Une première en maïs

L’exploitation s’est dotée d’un semoir Sulky Easydrill de 2011 acheté à Angers. Déjà utilisé pour le semis des céréales à l’automne dernier, un essai sera mené sur l’exploitation au printemps pour le maïs. « Je ne sèmerais pas la totalité de mes parcelles avec ce semoir, car je souhaite dans un premier temps mener mes propres essais. La première contrainte est imposée par notre ensileuse, équipée d’un bec à chaîne. Les rangs du semoir devront être réglés avec un écartement de 75 centimètres pour pouvoir être récoltés. Les parcelles non concernées par l’essai semoir seront semées au Striptill. Je préfère ne pas prendre de risques sur la culture fourragère qui alimente le troupeau tout au long de l’année. Le fait de ne pas travailler le sol en profondeur assure l’implantation dans le sens ou l’enracinement du maïs est bon, et les averses d’orages n’entraînent pas les graines en bas de parcelle », estime l’éleveur qui se refuse à l’idée de faire marche arrière en revenant au labour, même dans les luzernières qui ont supporté plusieurs passages d’engins. Fanch Paranthoën[nextpage title= »Du bio-contrôle contre la pyrale »]

La nature fait bien les choses, car dans un écosystème les populations se régulent de façon naturelle. Il en est de même dans un agrosystème, et les solutions de bio-contrôle utilisent simplement les solutions de la nature.



Lutter efficacement contre les bio-agresseurs est primordial pour la réussite d’une culture. Les firmes fabricantes de produits phytopharmaceutiques usent de moyens chimiques dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Au-delà du débat avec la société sur leur utilisation, des avancées techniques très intéressantes aboutissent, notamment au niveau du bio-contrôle. Mais de quoi s’agit-il ? « Les produits de bio-contrôle protègent les plantes contre la plupart des stress biotiques que connaissent les cultures. L’idée est d’utiliser des mécanismes et des interactions naturels, pour arriver à une gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt qu’à leur éradication », explique Denis Longevialle, secrétaire général d’IBMA, association professionnelle des entreprises du bio-contrôle.

[caption id= »attachment_2887″ align= »aligncenter » width= »225″]Biotop propose des diffuseurs pour lutter contre la pyrale Biotop propose des diffuseurs pour lutter contre la pyrale. Photo Biotop[/caption]

Macro et micro-organismes

Les produits de bio-contrôle sont représentés par différentes espèces d’origine animale, végétale ou minérale. Bien connus en culture maraîchère et ornementale, Encarsia formosa ou Macrolophus calignosus luttent efficacement contre les aleurodes. Ces deux prédateurs naturels font partie des produits de bio-contrôle classés dans les macro-organismes. « Les micro-organismes comme les virus, les bactéries et les champignons ou les médiateurs chimiques comme les phéromones et le kairomones sont d’autres produits de bio-contrôle. À cela peut s’ajouter d’autres substances naturelles, d’origines diverses », liste Denis Longevialle. Le phosphate ferrique, présent dans des spécialités commerciales comme le Sluxx, est une substance naturelle utilisée pour lutter contre les limaces.
Encore peu concernée par les dégâts de pyrale, la région Bretagne voit néanmoins ce ravageur grignoter davantage de plants chaque année. Des solutions naturelles existent là aussi, en développant son parasite naturel. « Le trichogramme, petit insecte et ennemi des pyrales, arrête le cycle de développement du ravageur. Les trichogrammes femelles vont pondre dans l’œuf de la pyrale. La larve qui va éclore va se nourrir de cet œuf, se développer et pondre à son tour quand elle aura atteint l’âge adulte. 25 à 50 diffuseurs contenant ces trichogrammes sont accrochés sur les plants de maïs par hectare. Nous travaillons sur des mises en place de diffuseur en aérien, à l’aide de drones, mais le conditionnement n’est pas encore adapté à ce type de procédé », précise Sébastien Rousselle, directeur marketing et commercial chez Biotop.

Passer de 5 à 15 %

Le chiffre d’affaires français réalisé par le marché du bio-contrôle est estimé à 5 % du marché total de la protection des plantes. « L’objectif réaliste d’ici 2020 est établi à 15 %. Les moyens pour y arriver passeront par l’innovation en grandes cultures, en trouvant des alternatives aux herbicides ainsi qu’en intensifiant la recherche sur des usages pour les cultures orphelines », estime Denis Longevialle. La loi d’Avenir va d’ailleurs en ce sens, en accélérant les procédures d’homologations.

Homogénéiser l’émergence

Le groupe Limagrain Europe a coordonné le projet Aseeds en travaillant avec des partenaires professionnels, des centres techniques et des équipes de recherche sur les solutions de bio-contrôle en blé et maïs. « Il n’y a pas assez d’arsenaux de traitement de semences. Sans renier la chimie, nous travaillons en ayant la majorité de produits d’origine naturelle. Les livrables attendus du projet de traitement de semence Aseeds devront répondre à des caractéristiques antifongiques, répulsives et de stimulation de l’émergence des plantules. Nous nous attachons dans un premier temps aux cultures de blé et de maïs, pour ensuite porter notre regard sur les cultures de tournesol, de pois, de colza puis sur les espèces potagères », projette Jacques Foucault, directeur du développement maïs chez Limagrain Europe. Les premières semences seront disponibles en 2020-2021.

 Fanch Paranthoën [nextpage title= »Adapter la protection au risque taupin »]

Vis-à-vis du risque taupin, les solutions insecticides sont actuellement moins performantes, mais restent encore relativement coûteuses. Le risque d’avoir des dégâts significatifs dans les maïs n’est pas présent partout, mais il reste difficile à prédire.

Dans une logique de protection raisonnée, on choisira de protéger en priorité les parcelles avec un précédent à risque avéré : les prairies, de courte ou de plus longue durée, ainsi que les parcelles où des dégâts ont été observés l’an passé ou les années précédentes, quels que soient les précédents. Pour les autres situations, la probabilité d’attaque reste, a priori, plus faible, mais non nulle.

mais-taupin

Les solutions disponibles contre les taupins en 2015

Dans les situations à risque fort, le traitement de semences Sonido ou les produits microgranulés Force 1.5 G ou Fury Géo à pleine dose offriront la meilleure protection. À noter que le produit Force 1,5 g ne doit pas être utilisé plus d’un an sur trois sur la même parcelle. Évalué ces 4 dernières campagnes dans les essais Arvalis, le traitement de semences Force 20CS n’a pas montré une efficacité suffisante sur taupins, notamment en situation de pression moyenne à forte. La double protection combinant le traitement de semences Sonido avec un microgranulé à base de pyréthrinoïdes a été testée dans les essais. Cette solution peut apporter un léger bénéfice, mais n’améliore pas systématiquement l’efficacité, tout en étant très coûteuse. (voir figure)
Pour lutter contre les autres ravageurs de début de cycle tels que l’oscinie et géomyze, à ce jour seul le traitement de semences Sonido a une autorisation. Ce produit, ainsi que le microgranulé Force 1,5 G, apporteront une protection partielle sur ces ravageurs
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Des pistes en bio-contrôle

En partenariat avec l’INRA, Arvalis poursuit ses travaux d’évaluation des solutions de bio-contrôle pour lutter contre les taupins. Sans atteindre les performances des produits chimiques, quelques pistes s’avèrent prometteuses (substances répulsives à base de tourteaux de crucifères, champignons ou nématodes entomopathogènes…). L’efficacité de ces produits est cependant assez variable et très dépendante des conditions d’applications. Un important travail de recherche reste à faire avant l’homologation et la préconisation de solutions à un prix abordable : définir le meilleur mode d’applications et la dose efficace, confirmer la régularité d’efficacité, évaluer la persistance d’action… Dans une stratégie alternative, ces solutions de bio-contrôle seraient dans tous les cas à associer à d’autres leviers d’action, avec une approche pluriannuelle intégrant l’ensemble des termes de la rotation, y compris l’interculture.

Et la lutte agronomique ?

Les leviers agronomiques sont moins efficaces pour lutter contre les taupins que pour lutter contre les adventices. Il n’y a pas lieu de modifier la date de semis pour essayer de réduire la pression de taupins ou de réduire la profondeur de semis pour améliorer l’efficacité des protections insecticides. Ces dernières années ont montré des dynamiques d’attaques très variables et indépendantes de la date de semis. Les taupins sont généralement actifs quand les conditions de températures et d’humidité sont également favorables au maïs, mais la course de vitesse tourne rarement à l’avantage de la culture comme ce fut le cas l’an dernier… Pour assurer une levée homogène et une bonne sélectivité des herbicides de prélevée, la profondeur de semis doit rester entre 4 et 5 cm, dans un lit de semences suffisamment fin, frais et bien rappuyé. La modification de l’itinéraire technique pourrait faire prendre des risques agronomiques dont les conséquences seraient encore plus importantes sur le rendement.
À l’implantation, tout ce qui favorisera une croissance rapide des jeunes plants de maïs sera bénéfique : variété à bonne vigueur, engrais starter localisé au semis. Mais, pour faire face à une attaque de taupins, cela peut s’avérer nettement insuffisant, surtout si la pression est moyenne ou forte. Ces éléments doivent être utilisés en accompagnement de la protection insecticide. Michel Moquet – Éric Masson /Arvalis-institut du végétal[nextpage title= »Diversifier pour durer »]

La palette de solutions efficaces pour désherber le maïs est aujourd’hui relativement large. Cette diversité doit être valorisée pour prévenir l’apparition d’adventices résistantes.

Les produits à action racinaire offrent de la souplesse

En présence de graminées et de véroniques, les stratégies de désherbage maïs utilisant des produits à mode d’action racinaire, en prélevée ou en post-levée très précoce, sont celles qui permettent d’obtenir les meilleurs résultats. Les matières actives de la famille des chloro-acétamides (S-métolachlore, diméthénamid) ont un mode d’action différent de la plupart des autres herbicides, ce qui présente un intérêt dans la prévention des résistances. Dans le contexte régional, les essais montrent qu’une dose modulée de ces produits suivie d’un rattrapage en post-levée, permet d’obtenir un désherbage satisfaisant, pour un coût qui reste maîtrisé. Le rattrapage est très souvent nécessaire en raison du spectre limité de ces produits (insuffisants sur renouées liseron et mercuriale notamment).

La post-levée très précoce, intéressante mais parfois difficile à positionner

Cette stratégie associe des produits agissant selon plusieurs modes d’action : racinaire et foliaire. Par rapport à la prélevée, ces programmes apportent de la persistance d’action et un spectre d’efficacité plus large. Pour obtenir de bons résultats, il est impératif d’intervenir tôt, à 2-3 feuilles du maïs, sur des adventices non levées ou au stade plantule (3 feuilles maximum), avec une bonne hygrométrie et un sol qui reste humide après le traitement. L’investissement est relativement élevé pour ce type de programme, qui peut se suffire à lui-même quand les conditions sont favorables.

Résultats réguliers en double post-levée

La stratégie de double post-levée est surtout adaptée aux flores dicotylédones. Hors pression forte de graminées ou de véronique, ce programme donne régulièrement de bons résultats, dans la mesure où le premier passage est réalisé suffisamment tôt, avant 3-4 feuilles des adventices. En présence de dicotylédones difficiles, notamment renouées, mercuriale, fumeterre, véronique,… Le programme de base doit être complété par un herbicide anti-dicotylédones de complément : bromoxynil (Emblem, Cadeli, …), Biathlon, Peak, …

Quel que soit le stade du premier passage, un rattrapage de post-levée peut être réalisé soit par désherbage chimique, soit par binage(s). Les stratégies « combinées », associant intervention chimique et binage(s), procurent des niveaux d’efficacité et de sélectivité proches des stratégies « tout chimique » dans la mesure où les facteurs de réussite du binage sont réunis. Michel Moquet – Dominique Millet/ Arvalis – institut du végétal


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